Scènes : Fille de Dieu ou femme du peuple, le cœur de K-Tino balance
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Alors qu’elle a juré avoir remis sa vie au Christ, la reine du Bikutsi dont la reconversion continue de faire des vagues dans les rangs de ses fans, peine à se libérer de la tentation de l’obscénité et des mondanités qui ont bâti ses 30 années de carrière musicale. La preuve par 9 lors du concert 3G le 29 janvier 2016 à Yaoundé.

Il est un peu plus de 2h au Palais des Sports ce vendredi 2016. Lady Ponce sur scène depuis une quarantaine de minutes, continue de faire danser le public sur des chansons à succès de son riche répertoire. Si beaucoup se laissent emporter par cette frénésie musicale, d’autres souhaitent que l’auteure de « O bale ma » termine vite sa séquence pour céder enfin le podium à celle pour qui la plupart des 2000 spectateurs présents ont fait le déplacement.

Lorsque Serge Tamba annonce quelques dix minutes plus tard, l’arrivée de K-Tino, c’est l’hystérie totale. Debout, le public applaudit à tout rompre. Entre youyous, vivats et cris de joie, les regards sont tournés vers le podium où, en attendant que celle qu’on surnomme «la femme du peuple» fasse son apparition, les musiciens règlent guitares, claviers et percussions. Sans laisser durer le suspense, K-Tino qu’accompagne une dizaine d’animateurs radio, débarque sur la scène tel un bulldozer. Accolades chaleureuses à Lady Ponce sous les flashes des appareils photos immortalisant ce moment. La fille spirituelle du Dr Tsala Essomba flotte dans une longue robe noire qui couvre presque ses pieds nus. Cheveux en bataille, la mère d’ « Ekargator » s’est visiblement privée de make-up.

Sermons et de prophéties

« Hum ! Elle a vraiment changé », s’exclame un fan dans la foule. Ce n’est qu’un avant-goût puisque la première parole qui franchit le seuil de ses lèvres est une prière. « Soyez bénis au nom du christ, le Dieu que je sers», lâche-t-elle avant d’enchaîner directement avec une série de sermons et de prophéties en guise de mise en bouche. « Je bénis l’Eternel d’amour et de courage qui vous a permis d’être parmi nous ce soir. Papa, tu es l’Alpha et l’Oméga, le début et la fin de toutes choses. Je te confie ton peuple ici présent ; je te loue, je te célèbre : je te bénis parce que tu es amour et réconfort». C’est une véritable eucharistie que K-Tino offre à ses fans, curieux de savoir ce que réserve la suite du spectacle. Après 15 minutes de mise en condition, elle va entonner un cantique divin ponctué de la distribution de la Bible.

«Le Christ n’a pas changé» ; ainsi s’intitule la chanson qui est une espèce de reprises de certains couplets bien connus des églises de réveil. « Laisse Christ entrer dans ta vie», argue-t-elle aux centaines de spectateurs qui foncent vers le podium recevoir la Bonne nouvelle. Choqué et visiblement très déçu, le public va commencer à libérer le plancher de Warda non sans maudire la fameuse reconversion de la créatrice de la «danse bancalisée». Pour eux, cette première envolée spirituelle de K-Tino située aux antipodes de ses antérieures prestations populaires frisant l'érotisme et la pornographie, est une insulte à leur endroit.

Artiste katakata

Ils s'attendaient à un remake de K-Tino des années 90 dans ses tenues provocatrices et ses textes qui louent le pouvoir et les merveilles des dessous de ceinture. Un registre que les mélomanes dégustaient sans aucune retenue. Pour marquer leur désapprobation, la salle se vide progressivement malgré les multiples suppliques de Serge Tamba qui n’a de cesse de crier : « ne partez pas ! Ce n’est que le début du show. Elle va chanter Ekargator, bancalisé et tout le reste». Ce qui n’est pas faux puisque à peine quinze minutes de louange et d’adoration, K-Tino va retrouver ses attributs de « femme katakata».

Comme par transfiguration, la lumière divine qui a illuminé la première partie, va passer le relais au voile ténébreux de ses oripeaux de femme populaire. Les musiciens « balancent la sauce» et replongent le public dans les années de gloire de « mama Cathy». Pour montrer qu’elle n’a rien perdu de ses réflexes, la « fille de Dieu» muée en femme du peuple sous les clameurs du public ahuri et subjugué par la rupture soudaine, va remonter sa robe pour laisser admirer l’éclat de ses cuisses charnues mais surtout, la magie de son large bassin qu’elle tourne à merveille. La cagne sent toujours le hareng, dit le proverbe. C’est parti pour 1h de délire non-stop avec ses danseuses. C’est donc vrai que les vieilles habitudes ont la peau dure. K-Tino a donc menti à ses fans ? Allez-y savoir.

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