L’Union africaine renonce pour le moment à envoyer ses soldats au Burundi
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L’Union africaine renonce pour le moment à envoyer ses soldats au Burundi

Face à la réticence de plusieurs chefs d’Etat africains et à l’opposition frontale de Bujumbura, l’Union africaine (UA) a renoncé dimanche 31 janvier à envoyer une force de maintien de la paix au Burundi. Du moins dans l’immédiat.

Le principe de l’envoi d’une « mission de stabilisation » de 5 000 hommes au Burundi, la Maprobu, avait pourtant été acté mi-décembre par l’UA. Cette force devait permettre d’enrayer le cycle des violences qui fait craindre des massacres à grande échelle, voire un génocide, dans ce petit pays d’Afrique des Grands Lacs marqué par une guerre civile meurtrière (300 000 morts) entre 1993 et 2006.

« Nous avons donné une chance au Burundi et au président Pierre Nkurunziza de résoudre cette crise. Nous souhaiterions que cela soit réglé par un dialogue avec une initiative du président burundais. Mais nous surveillons de très près. Nous ne pourrons pas accepter que la situation dégénère. Auquel cas, l’Union africaine interviendra militairement », a confié au magazine Jeune Afrique, le président tchadien Idriss Déby, qui vient de prendre pour un an la présidence tournante de l’Union africaine

« Ni occuper ni agresser »

Les chefs d’Etat africains, soucieux pour certains de ne pas créer un précédent en envoyant une force militaire dans un pays sans son aval, ont convenu de dépêcher une « délégation de très haut niveau » à Bujumbura pour discuter d’un éventuel déploiement avec le gouvernement burundais. On ignore la composition de cette délégation.

« Si le Burundi l’accepte, ce sera une force pour le désarmement des milices, la protection des civils en coopération avec les forces de police locales, la facilitation du travail des observateurs des droits de l’homme », a plaidé le commissaire de l’UA à la paix et la sécurité Smaïl Chergui. « Il n’y a pas de volonté ni d’occuper ni d’agresser », a-t-il ajouté, précisant que la mission de l’UA visait à « donner un peu de quiétude à tout le monde ».

Le président Nkurunziza, absent au sommet, avait promis de « combattre » la mission africaine de maintien de la paix comme « une force d’invasion et d’occupation ». « Je n’ai pas l’impression que les chefs d’État et de gouvernement feront le déplacement jusqu’à Bujumbura, juste pour avoir un avis sur une question. Tout le monde est au courant de la position du Burundi », a réagi dimanche le ministre des affaires étrangères du Burundi, Alain Aimé Nyamitwe, se disant satisfait de la décision de l’UA.

Une crise qui prend de l’ampleur

Plusieurs centaines de personnes ont été tuées depuis le début de la crise provoquée par la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat. Environ 230 000 personnes ont été poussées à l’exil et la capitale est le théâtre de fréquentes exécutions extrajudiciaires.

La montée en puissance des violences, l’apparition d’embryons de mouvements rebelles et la crainte des répercussions de la crise dans une région des Grands Lacs déjà très instable avaient conduit l’UA, et notamment la présidente de la commission Nkosazana Dlamini-Zuma, à envisager des mesures plus fermes. En vain pour le moment, en dépit du soutien du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.

Le prochain sommet de l’UA se tiendra mi-2016 au Rwanda, dont les relations avec le voisin burundais sont actuellement délétères. Bujumbura accuse Kigali d’entraîner militairement des réfugiés burundais sur son sol.

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