ALI BONGO-SASSOU NGUESSO : La guerre franche et maçonne
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Les dirigeants du Gabon et du Congo se livrent à une âpre quête de leadership sous régional.

Il y a quelques années, c’était un sujet tabou. Une part de mystère dans leur «CV» de président de la République. Leurs nombreuses biographies ne lʹévoquaient pas. Idem pour les portraits diffusés à la télévision. Pas un mot, aucune allusion, rien, comme sʹil y avait là un secret inavouable. Le fait que Ali Bongo Ondimba, Idriss Deby ou Sassou Nguesso appartiennent chacun (depuis longtemps) à une loge maçonnique était soigneusement effacé.

Gros bonnets

Et pourtant, en Afrique centrale, le mouvement maçonnique est vivant. Et même si tout semble se confiner au domaine de la spéculation ou de l’extrapolation, reste que deux présidents de la République font figure de gros bonnets. Il s’agit de Denis Sassou Nguesso du Congo et de Ali Bongo Ondimba du Gabon. Médiapart qui, il y a deux ans, s’est intéressé aux dynamiques de luttes entre ces deux chefs d’Etat, s’est appuyé en gros sur la bataille de leadership régional entre les deux personnalités. Médiapart écrit: «toute observation un peu soutenue rend palpable une énergie et un combat qui se manifestent de mille manières, aussi bien en négatif qu’en positif entre ces «frères». Plus loin, l’on lit: «leur activité au sein de leurs loges respectives est dʹune richesse telle quʹelle a contribué à façonner les hommes politiques quʹils sont devenus.

Des années durant, leur conscience politique sʹest forgée au feu des débats en loges, au plus près des « frères », témoins discrets mais attentifs de leur ascension». Après avoir été initié par le Sénégalais Armand Agbogba dans les années 1980, l’actuel dirigeant congolais est aujourd’hui le «Grand maître» de la Grande loge du Congo (GLC), qui est par ailleurs reconnue comme un pendant de la Grande loge nationale de France (GLNF). De par cette posture, il a entraîné d’autres grands noms de l’échiquier politique sous régional: Idriss Deby Itno (président de la République tchadienne et premier député Grand maître de la GLC), François Bozizé (ex-chef de l’Etat centrafricain et premier député grand maître de la GLC) et Anicet-Georges Dologuélé (ancien premier ministre centrafricain, actuellement en course vers la présidence de la République).

De son côté, Ali Bongo Ondimba, actuel chef de l’Etat gabonais et grand maître de la Grande loge du Gabon (GLG), n’est pas «endormi ». Pour affirmer sa «vitalité maçonnique », il s’est rapproché des loges françaises après son initiation par son père Omar Bongo. A en croire le Point n° 3487 du 24 juillet 2011, le fait que le président gabonais ait sollicité les services de Anne Hommel (la patronne de l’agence de communication «Majorelle PR & Events») pour la promotion de son image en France il y a quelques temps, met en cohérence sa volonté d’être plus proche du Grand Orient de France (GODF), une obédience étiquetée à gauche et à laquelle avait adhéré un certain Manuels Valls en 1980. En même temps, toujours selon le journal français, Anne Hommel a permis à Ali Bongo de flirter aussi avec la GLNF (droite).

Faits que confirme Médiapart: «Majorelle PR & Events avait donné à Ali Bongo la possibilité de nouer des contacts avec les «majors» de la presse française. Il avait ainsi pu rencontrer, en quelques mois, les patrons des grands groupes de presse écrite et audiovisuelle parisiens, notamment les responsables de France Média Monde (RFI, France 24), Europe 1 et Le Figaro (journal proche de la droite). Et il avait été convenu qu’à chaque séjour à Paris du chef de l’Etat gabonais, les micros de ces radios et télévisions lui seraient ouverts. Ce qui fut fait, dans une certaine mesure». Pour Médiapart, «c’était une étape assez logique pour un esprit soucieux de parfaire son intégration dans la machine du pouvoir où excellait déjà son beau-frère». En clair, le «beau-frère» ici c’est Denis Sassou Nguesso. Comme l’a montré Françoise Dubet dans la revue Futuribles d’avril 2013, «entre ces maçons ténors d’Afrique centrale, la guerre est sans visage mais a un principe, celui d’écraser l’autre». Lever le voile sur cette guerre oblige dʹabord à en chercher les faits aiguilleurs, ceux qui servent d’indices.

Le 14 Novembre 2015, profitant d’une assemblée générale sous un chapiteau à Angondjié (Libreville), Ali Bongo Ondimba a installé une nouvelle direction pour mieux contrôler ses réseaux. Bien plus, il ne sʹen tient pas à une savoureuse allusion à la défiance. Le texte lu ce jour-là par le chef de l’Etat gabonais, affiné durant des mois au fil dʹâpres discussions avec des membres de la GLG, stigmatise lʹillusion sur les pouvoirs libérateurs, lʹautorité qui ne saurait être «fille de lʹégalité»... il a affirmé à cette occasion que «ceux qui contestent mon autorité quittent à jamais nos colonnes». Selon un article publié en janvier 2013 par l’hebdomadaire français le Nouvel Observateur, Denis Sassou Nguesso a fait construire à Brazzaville un temple, la «Maison des Maçons», évalué à 04 milliards de francs CFA.

Depuis 2013, les rapports entre les deux dirigeants ont vu s’échanger des paroles marquées du label «leader» avec toute forme de marketing et de lobbying que cela suppose. Dans cette dynamique, les trouble-fêtes ne manquent pas. Le 10 octobre 2015, Joseph Badila, commandeur du Grand Orient du Congo-Brazzaville (GOCB) n’a-t-il pas rédigé une lettre ouverte à Denis Sassou Nguesso contre son projet de référendum constitutionnel. Au Gabon aussi, les «maçons», nouveaux prétendants à des fonctions électives dénoncent les injustices.

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