Côte d'Ivoire: Avec le procès de Gbagbo, les Africains seraient-ils les cibles privilégiées de la CPI ?
CÔTE D'IVOIRE :: POINT DE VUE

CÔTE D'IVOIRE :: Côte d'Ivoire: Avec le procès de Gbagbo, les Africains seraient-ils les cibles privilégiées de la CPI ? :: COTE D'IVOIRE

Le Christ de Mama et le Général de la rue se sont vus demander ce jour devant la Cour Pénale Internationale s’ils plaident coupables ou non. Comme il fallait s'y attendre, ils ont adopté la posture du non coupable.  

Avec le procès de Gbagbo et de Blé Goudé à la Haye, deux thèses se font face sans la moindre concession. 

La  première soutient l’idée d’une instrumentalisation de la Cour pénale internationale (CPI) pour solder les comptes d’un "panafricaniste" pur teint.

 Ce à quoi rétorquent les tenants de la deuxième thèse qui pointent du doigt la responsabilité politique de Laurent Gbagbo dans les massacres liés à la crise post-électorale, avec à l’appui des chiffres qui font frémir : 3000 morts, des femmes violées et des enfants traumatisés. 

Mais la grande question est de savoir qui en est responsable. Pour sûr, c’est bel et bien des Ivoiriens.

Il apparaît donc claire pour les Ivoiriens de dépassionner leur position pour reconnaître leur responsabilité dans le drame qui a frappé leur pays en 2011. Cela dit, aujourd’hui plus que jamais, la défense de Laurent Gbagbo pourra trouver des arguments tendant à prouver que leur client ne devrait pas être là où il se trouve aujourd’hui.

Et dans cette hypothèse, il ne serait pas surprenant de voir des personnalités et pas des moindres, qui sont aujourd’hui aux commandes de la Côte d’Ivoire aux côtés d’ADO, rejoindre tôt ou tard la Haye où on leur signifierait les mêmes charges que celles qui ont été retenues contre Laurent Gbagbo. 

Il revient également à la CPI d’apporter la preuve, à l’occasion du procès de Gbagbo, qu’elle ne roule pour aucun camp. De ce point de vue, l’on peut s’attendre à ce que ce procès appelle d’autres procès. 

La CPI partisane?

Depuis le 20 octobre 2011, la Cour pénale internationale, ne s'est pas prononcée sur l’assassinat par les forces rebelles du CNT du guide libyen Mouammar Kadhafi, ses enfants et ses proches. Une manière de dire que les assassins de la famille Kadhafi et ses proches jouissent d'immunité face à leur crimes ?

A ce jour, la CPI a ouvert une procédure d’enquête toute en Afrique: l’Ouganda, la République Démocratique du Congo, le République de Centrafrique, le Darfour (Soudan), la République du Kenya, la Côte d’Ivoire. Curieusement, cette cour habituée aux frasques de certains dirigeants africains, a fermé les yeux en Libye après la disparition des Kadhafi

Nous savons tous que la Cour pénale internationale est une juridiction permanente chargée de juger les personnes accusées de génocide, de crime contre l’humanité et de crime de guerre

Génocide, il y en a eu en Libye. Crimes contre l'humanité et crimes de guerre, il y en a eu .

Si l'on s'en tient au fonctionnement de la CPI, les crimes doivent avoir été commis après l'entrée en vigueur de son statut (1er juillet 2002). Sa compétence matérielle concerne ainsi les crimes de guerre, crimes contre l'humanité, crimes de génocide et crimes d'agression (art. 5 du statut) : 
Crimes de guerre : infractions graves aux Conventions de Genève de 1949 et aux Protocoles de 1977, commises en période de conflit armé (art. 8 du Statut).
Crimes contre l'humanité : actes graves commis contre une population civile dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique pour des motifs d'ordre politique, racial, national, ethnique ou religieux. (art. 7)
Crime de génocide : il est une forme particulière du crime contre l'humanité et s'en distingue par l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique ou religieux, comme tel (art.6).

Et  l'Afrique dans tout ça?

En dehors des accusés du Tribunal pénal international pour l’ex Yougoslavie, la majorité des détenus de la Haye sont tous des africains (Laurent Gbagbo, Jean-Pierre Bemba,Thomas Lubanga, Germain Katanga, Mathieu Ngudjolo, Callixthe Mbarushimana, Charles Taylor…). 

Les poursuites judiciaires ciblent à chaque fois les africains taxés de génocidaires ou criminels de guerre. Les pays occidentaux tels la France, la Grande Bretagne et les Etats Unis d’Amérique ne sont pas prêts à reconnaître l’autorité juridictionnelle de la CPI pour leurs ressortissants. 

Force est de reconnaître que le continent noir est réputé pour sa mauvaise gouvernance, ses conflits intercommunautaires violents et ses crises postélectorales sanglantes. 

Au regard de ces réalités, on peut comprendre que beaucoup d’Africains soient actuellement au nombre des prévenus ou des pensionnaires potentiels de La Haye. La CPI se doit d'être impartiale car, toute fragilisation de la CPI serait dommageable pour les droits de l’Homme, et surtout pour les peuples africains.

Lire aussi dans la rubrique POINT DE VUE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo