Sondages : 58% de Camerounais dénoncent l’opération Epervier
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Sondages : 58% de Camerounais dénoncent l’opération Epervier :: CAMEROON

L’université de Yaoundé 2 a réalisé une enquête d’opinion sur la corruption et la lutte menée par le gouvernement.

Voici une énième étude sur la corruption au Cameroun. Elle n’est pas réalisée par Transparency International. C’est un travail de l’université de Yaoundé 2, pour le compte de l’organisation Afrobaromètre, qui est panafricaine et a passé la même commande dans 35 pays africains. Pour étude, il s’agit d’un sondage d’opinion auprès des Camerounais des 10 régions, sur la corruption et sur la lutte menée par le gouvernement. On apprend alors que pour 58% des personnes interrogées, l’Opération Epervier est « inefficace », contre 32% qui la trouvent « efficace ». Les 10% restants n’ont pas d’avis.

Cette Opération, a priori destinée à lutter contre la corruption et les détournements de fonds publics, a permis d’arrêter et de condamner plusieurs anciens membres du gouvernements, des directeurs généraux d’entreprises ainsi que divers gestionnaires de la fortune de l’Etat. Pourtant, cette campagne a toujours été soupçonnée de servir à l’épuration politique et d’être un instrument par lequel des adversaires se combattent au sein du régime du président Paul Biya. La question a donc été posée directement aux Camerounais ; et ils sont 35% à penser que « l’Opération Epervier a été utilisée par le gouvernement pour réprimer ses rivaux politiques camer.be », selon les termes du sondage menée entre janvier et février 2015 auprès de 1 200 personnes de 18 ans et plus à travers le Cameroun, dont 50% d’hommes et 50% de femmes.

L’opinion sur l’Opération Epervier épouse celle qui est émise sur la lutte contre la corruption en général au Cameroun. En effet, 57% des Camerounais pensent que la politique de lutte menée par le gouvernement est mauvaise. Ils sont 58% qui trouvent inefficace la politique de lutte menée par les fonctionnaires. Les autorités sont accusées d’entretenir l’impunité. Sur la dénonciation de la corruption, jusqu’à 82% de personnes sondées affirment qu’elles ont subi des représailles. On apprend aussi que 87% des cas dénoncés sont restés impunis.

Non dénonciation

Certes les chiffres sont élevés, mais ils concernent uniquement les rares individus qui ont dénoncé la corruption. En effet, la grande majorité des Camerounais (95%), ayant payé des pots-de-vin pour obtenir un service public, n’ont jamais dénoncé ces cas de corruption auprès des autorités. Dès lors, apparaît quelques paradoxes typiques à la société camerounaise. Si dans leur immense majorité, ses membres ne dénoncent pas la corruption, ils sont pourtant 55% à penser que les 2 stratégies les plus efficaces de lutte sont le refus de payer des pots-de-vin et la dénonciation.

Il est ici question de la responsabilité des citoyens dans la lutte contre la corruption. Sur ce point, le sondage révèle que selon 56% des opinions, les gens ordinaires peuvent faire la différence dans la lutte contre la corruption. Mais s’ils ne le font pas, il y a bien des causes. La peur des conséquences arrivent en tête avec 30%. Ensuite vient l’imputé (13%), à côté de diverses autres raisons. Si les Camerounais désapprouvent la politique gouvernementale de lutte contre la corruption, ils apprécient en revanche le travail des médias. Ils sont 58% pour qui la presse est efficace pour révéler les cas de corruption. Et même que ce travail doit être accentué, car jusqu’à 67% des Camerounais pensent que les médias devraient enquêter et publier sur les erreurs et la corruption des membres du gouvernement.

Voici un autre résultat du sondage qui laisse perplexe. Selon 70% des Camerounais, le Rdpc au pouvoir, est le parti capable de lutter contre la corruption. Pourtant, ils désapprouvent en même temps la politique du gouvernement essentiellement Rdpc. En plus, dans un autre sondage également réalisé par l’université de Yaoundé 2 pour l’organisation Afrobaromètre, il ressort que moins de la moitié des sondés font confiance aux députés et aux sénateurs (42%) ainsi qu’aux conseillers municipaux (39%). Or, le Rdpc est ultradominant au sein du Parlement et des communes qui sont des institutions de gouvernance.

Au finish, il apparaît que Paul Biya est l’homme du Rdpc à qui les Camerounais entendent confier la lutte contre la corruption. En effet, 66% de sondés sont d’avis que Paul Biya a bien exécuté son mandat à la tête de l’Etat en 2014. Voilà une interpellation M. le président.

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