Vox Pop : Quel est l’impact de la Conac dans la lutte contre la corruption au Cameroun ?
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Vox Pop : Quel Est L’impact De La Conac Dans La Lutte Contre La Corruption Au Cameroun ? :: Cameroon

« Remettre en cause son efficacité » : Théophile YimgaingMoyo, homme politique
Nous avons appris la publication d’un énième rapport sur l’état de la corruption en 2013 au Cameroun, il faut remarquer que nous sommes déjà en novembre  2015, depuis la création de la Conac et particulièrement depuis 2013, les Camerounais  ont constaté que la corruption continue de gangrener notre société. Certains de nos compatriotes  continuent de défier cette institution et il devient urgent de se poser la question de son efficacité, mais déjà de son destin qu’il importe de questionner.

Un éléphant blanc du régime » : Jean Takougang, homme politique
Un éléphant blanc se définit comme une réalisation prestigieuse et d’envergure, souvent d’initiative publique, mais qui s’avère plus coûteuse que bénéfique, et dont l’exploitation ou l’entretien devient un fardeau financier. La Conac n’a pas de réel impact sur la lutte contre la corruption au Cameroun, car la meilleure façon de ne rien faire est de créer beaucoup d’institutions sans réel pouvoir pour faire la mêmechose, sans donner une véritable responsabilité à aucune d’elles. Il ya la Conac, l’Anif, la Chambre des comptes, les cellules dans les ministères, etc, mais aucune parmi ces institutionsn’a le pouvoir de traîner les suspects devant la justice. Toutes ces institutions, après les dénonciations des citoyens doivent adresser leurs rapports au président de la république qui jugera de l’opportunité de poursuivre les suspects. Je me rappelle un scandale que Bernard Njonga avait porté à la connaissance des Camerounais et qui lui avait coûté quelques jours de brimades. La Conac s’en était saisi, avait enquêté et remis ses résultats au président de la République. Aucun des suspects, à ce jour, n’a jamais été inquiété. Beaucoup ont même eu des promotions et le reste est même allé à la retraite avec la satisfaction du travail bien accompli.

« Une pratique de survie » : Robert Bapooh Lipot, sg de l’Upc
Il ne suffit pas tout simplement de faire un état des lieux. Il fait aujourd’hui interroger les fondements, percer l’abcès pour soulager le corps social. En d’autres termes tant que les Camerounais auront les salaires des clochards, la corruption ne sera qu’une distraction administrative. C’est le fascisme économique véhiculé par la soumission de l’Etat du Cameroun à l’insouciance des politiques de la banque mondiale portant sur la gestion du patrimoine humain camerounais qui a toujours idéologiquement structuré le recours à la corruption comme pratique de survie. Il faut partir de ce constat pour soigner notre société instaurée par la Banque mondiale depuis 1990 dans notre pays. Augmenter les salaires ne serait-ce qu’au niveau des années 1990, est la solution pour lutter contre la corruption et booster la croissance. La Conac n’a pas les outils nécessaires pour lutter contre ce fléau. Le chemin que parcourt le rapport de la Commission nationale anti-corruption (Conac) depuis l’émission du Bon à tirer (Bat) jusqu’à sa présentation au grand public, regorge bien des curiosités. A ce sujet, l’article 24 alinéa 3 du décret n°2006/088 du 11 mars 2006 portant création, organisation et fonctionnement de cet organisme public est fort édifiant : « La Commission élabore à la Haute attention du président de la République, un rapport annuel sur l’état de la lutte contre la corruption. Ce rapport est rendu public ».

En français facile, on comprend que le rapport est d’abord produit pour un homme, le président de la République. Le décret de 2006 ne le dit pas explicitement, mais ce « juge suprême », « chef de la magistrature suprême », peut ordonner la modification d’un détail, voire son élagage. Il est donc le maître muni de son stylo à bille rouge. Il peut juger de l’opportunité ou non de la mise en mouvement de l’action publique contre telle personnalité épinglée, de la mise en sursis de tel autre, entre autres éventualité. Peut-être est-ce là la clé de compréhension des blocages dont ont souvent fait l’objet certains rapports. Le dernier cas fort illustratif est le rapport sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun en 2013. Dans une de ses éditions de décembre 2014, Le Jour se demandait où était passé ledit document ? Au moment où nous nous interrogions, nos informations indiquaient que les deux versions du document, français et anglais, avaient bel et bien été livrées par Sopecam, l’imprimeur. Nous apprenions par ailleurs que dans la foulée, quelques heures seulement avant l’annonce du report de la présentation (initialement prévue le 18 décembre 2014) par le président de la Conac, Dieudonné Massi Gams, ce dernier avait été reçu à la présidence de la République. Avait-il été enjoint à surseoir momentanément à son projet ? Cette hypothèse n’est pas impossible, même si le concerné parle alors de campagne visant la déstabilisation de l’institution qu’il préside. Douze mois se sont écoulés depuis lors. Hier, les journalistes n’ont pas loupé l’occasion de le rappeler aux dirigeants de la Conac. Orateur avisé et circonspect comme à son habitude, Dieudonné Massi Gams a eu la réponse suivante : « La Conac n’est pas l’unique structure impliquée dans la lutte contre la corruption, elle travaille avec plusieurs autres structures. Toutes ces composantes contribuent à la lutte. Nous recevons leurs rapports et tant qu’elles ne les ont pas envoyés, on ne peut pas présenter le rapport final. Mais, au bout d’un certain temps d’attente, nous sommes obligés de le présenter ». Il promet de rattraper ce désagrément lié au décalage du calendrier. Il annonce la présentation du rapport 2014 en avril 2016 et le rapport 2015 en novembre 2016. T. T Un éléphant blanc du régime » Jean Takougang, homme politique

© Le Jour : Propos recueillis par P.N.

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