Macky Sall : "Nous ne saurions accepter qu'on vienne nous imposer une autre forme de religion"
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Au Forum Paix et Sécurité de Dakar, le président sénégalais a tenu un discours ferme pour un "islam tolérant" et une coopération accrue contre les jihadistes.

Mission réussie pour le Forum Paix et sécurité de Dakar dont l'un des principaux objectifs a aussi été de libérer la parole. C'est la seconde édition de ces rencontres qui réunissent au Sénégal chercheurs, militaires, diplomates et classe politique. Et l'hôte qui reçoit n'est autre que le président sénégalais Macky Sall. En ouvrant le second débat lundi il a provoqué un véritable électrochoc chez les participants et bien entendu dans les médias. Connu pour ses prises de position en faveur d'une pratique tolérante de la religion, le chef de l'État sénégalais a interpellé directement ses pairs.

Plaidoyer ferme pour un "islam tolérant"

C'est une affaire datant de quelques jours à peine qui vient illustrer les propos de Macky Sall. Un coup de filet a été opéré dans des milieux soupçonnés d'être liés à des organisations terroristes dans plusieurs villes du Sénégal. L'affaire a été révélée par les médias sénégalais, selon lesquels cinq personnes, dont deux femmes, ont été inculpées la semaine dernière et placées sous mandat de dépôt. Si le gouvernement n'a pas officiellement communiqué sur cette traque de plusieurs mois, c'est parce que Macky Sall veut se montrer exemplaire. "Nous venons d'arrêter des imams au Sénégal, quelques-uns" a t-il souligné, mettant en garde contre toute exploitation politique de cette affaire. "Nous ne saurions accepter qu'on vienne nous imposer une autre forme de religion", avec des pratiques qui "ne correspondent ni à nos traditions, ni à notre conception de l'islam", a-t-il ajouté, en citant notamment en exemple le port du voile intégral. "Nous ne pouvons accepter que des modèles qui viennent de je ne sais où soient imposés en Afrique simplement parce que les Africains sont pauvres, qu'il faut financer des mosquées, des écoles", a martelé le président sénégalais.

S'organiser sur le plan des médias et du renseignement

Co-organisateur du forum de Dakar, la France était représentée par Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense. Il a aussi plaidé pour une promotion de l'islam modéré, en riposte à la propagande jihadiste sur les réseaux sociaux. "Il va falloir que les acteurs se concertent pour mettre en œuvre une vraie synergie de médiatisation théologique de l'islam modéré et pour répondre à l'offensive caricaturale mais hautement technologique utilisée par les groupes terroristes", a-t-il souligné. En écho, le président sénégalais a insisté sur la nécessité d'échanger plus de renseignement entre les pays du Sahel alors que les groupes armés islamistes ne connaissent pas de frontières. "Il faut renforcer la coopération de nos services en matière de renseignement, l'échange d'informations (...) de données de surveillance des réseaux de la criminalité transnationale", a assuré le président sénégalais en invitant à examiner cette question au prochain sommet de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), dont il est le président en exercice.

À l'instar de Macky Sall, le général Mohammed Babagana Monguno, conseiller pour la Sécurité nationale du Nigeria, a insisté sur l'importance de l'Etat de droit dans la lutte contre le terrorisme et réclamé "une approche coordonnée" en vue d'une meilleure "gouvernance" et d'un "renforcement des institutions. "Une telle approche devrait accorder la priorité à l'instauration d'Etats démocratiques" et des "droits de la personne", a-t-il dit.

© afrique.lepoint.fr : Joséphine Johnson

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