Proner le libéralisme économique au Cameroun est aussi anachronique qu'il peut paraitre déconcertant! Le temps des modèles économiques rigides est aujourd'hui revolu: autant la Chine naguere collectiviste, est à ce jour la puissance au capitalisme le plus expansionniste; autant aux Etats-Unis -porte étandard du capitalisme traditionnel- on assiste au retour à certaines formes de l'Etat providence, ainsi qu'a celui de la puissance publique dans des secteurs et filières abandonnées à la concurrence depuis plusieurs decennies.

L'heure est donc plutot au plus grand pragmatisme, impliquant la recherche de solutions originales et novatrices, inspirées par le seul souci d'apporter une reponse satisfaisante aux attentes des populations et autres contribuables . Ainsi, parler de libéralisme apparait comme une solution de paresse, de facilite, venant de personnes qui ne peuvent plus, ou n'ont plus envie de reflechir!...

De plus, Liberalisme est synonyme de desetatisation, de retrait de la puissance publique, au profit du secteur prive et de la concurrence. Or nous sommes dans un contexte particulier, ou deux décennies de Plan d'Ajustement Structurel (PAS) ont eu un effet particulierement dévastateur sur les tissus tant économique que social, avec au passage la quasi disparition de la classe moyenne alors en gestation. C'est donc en termes de reconstruction qu'il faudrait se projeter, pour les deux ou trois décennies a venir. En effet, de meme qu'après les deux grands conflits mondiaux les pays touches ont eu besoin de reconstruction, nous avons besoin de reconstruire notre économie, ainsi que notre tissus social. Partout ou besoin etait à l'époque et dans des circonstances similaires aujourd'hui,la reponse s'exprime non pas en termes de moins d'Etat, mais de plus d'Etat! C'est en cela que le President Biya a été induit en erreur par les personnes chargées d'assurer son conseil, lorsqu'il se prononcait en faveur de l'option libérale pour notre economie.

Une présence plus forte de l'Etat en effet lui permet de mieux jouer son rôle nécessaire de réducteur des inegalités; celles-ci ayant ete agravées par l'effet conjugue de la crise, et du PAS. L'encouragement de l'initiative privee est indispensable. Mais l'Etat gardera toujours dans un capitalisme d'Etat intelligent, avisé et plus réaliste un levier important pour jouer son rôle de régulation de manière plus dynamique que dirigiste.

La politique economique ne peut pas s'inspirer de la seule recherche de croissance, meme au taux le plus élevé. Elle doit davantage s'articuler autour de la recherche d'un meilleur etre des populations, via la satisfaction premiere de leurs besoins les plus élémentaires.

Qualifier de criminel tout projet libéral dans un tel contexte de précarité ne serait en rien exagéré. Car celui-ci pourrait se révèler impitoyable pour des masses déjà gravement fragilisées.

Il est difficile de ne pas voir dans de tels choix l'expression de l'individualisme ambiant tant decrié par le Président Biya, lorsqu'on réalise que les plus ardents défenseurs de cette option libérale, aujourd'hui heureux fortunes à l'ombre du pouvoir et de l'Administration, n'avaient pas un seul kopeck il ya juste 34 ans! Hummm...

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