Quand les files d’attente s’étirent
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Les longs rangs devant les établissements aussi bien publiques que privées sont devenus récurrents, la faute parfois à une mauvaise gestion de ces mouvements de foule.

La fin de mois au Cameroun est une période de soulagement et d’euphorie pour les agents de l’Etat qui peuvent entrer en possession de leurs salaires dans institutions bancaires. Seulement, la joie de venir décaisser son due se transforme bien souvent en un véritable chemin de croix.La faute aux longues files d’attentes devant les guichets. « Je vous assure que quand la date du 25 approche je suis mal. Certes, je vais toucher mais rester debout indéfiniment c’est un vrai calvaire. De plus, tout le monde veut être vite servi et c’est le désordre totale » nous confesse Lucien Atem, un fonctionnaire devant une banque située au quartier Omnisports.

Là-bas, une longue file d’attente est visible à cette période (les fins de mois) à distance et décourage les derniers arrivants à rejoindre le peloton. Certains sont là depuis l’aurore et patientent comme ils peuvent pour faire passer le temps.Dans les files d’attentes, l’attente est le mot d’ordre que tout le monde ne semble pourtant pas partager. En observant ces scènes devenues banales dans la société camerounaise, le reporteur de Le Jour est le témoin de situations parfois hilarantes, d’autres moins, fessant parfois laisser penser que les files d’attentes sont des reproductions en miniature de la société camerounaises.

Des personnes monnayant leurs places dans les rangs au plus offrant, de l’homme en tenue ou le pseudo haut responsable d’administration refusant carrément de se fondre dans la masse pour patienter arguant que « mon titre ne me permet pas d’attendre, laissez-moi passer » sous le regard tolérant des agents de sécurité chargé de faire veiller une certaine discipline . « Ce n’est pas facile de gérer les gens qui viennent toucher .Tout le monde est sur les nerfs et à la moindre tentative de rappel à l’ordre que nous fessons, c’est plutôt nous qui sommes rabroués » nous chuchote Hans, un vigile de banque. Les explications de ce garant de l’ordre que ne semblent pas partager Monique Essengue, une retraitée « Nous sommes traités comme du bétail .

C’est une honte, rien n’est mis en oeuvre pour les vieux comme moi .Il n’y a plus aucun respect pour nous et personne ne songe à nous céder la place » tranche-t-elle, un rictus d’exaspération sur le visage. Dans les files d’attentes, faire preuve de galanterie, laisser une personne âgée ou une femme enceinte passer devant soit deviennent des gestes rares. Pour certains, l’attente est un fardeau que tout le monde doit porter sans distinction. Humaniser les files d’attentes « Je pense que nos mentalités sont façonnées de t’elle façon que toute chose dans notre société est soumise à une sorte de frustration .Partout, il faut s’aligner pour payer les factures, prendre son propre argent à la banquemême à la l’hôpital .Il faut rendre ces instants les plus brefs possibles et redonner la dignité aux gens .

On doit bannir cette culture du rang et réfléchir à d’autres moyens. Voir des papas attendre comme des bambins ça fait pitié.C’est dans des petites choses comme cela que l’on juge une société » croit savoir Ulrich Essex, un étudiant en gestion des Ressources Humaines. Pourtant, des solutions semblent exister pour une meilleure gestion des files d’attente. Plusieurs entreprises de Yaoundé ont optés pour des alternatives visant à rendre l’attente moins pénible. L’une des techniques les plus utilisées actuellement est la gestion informatique de l’ordre de passage avec un numéro donné à chaque usager qui est prié de s’asseoir dans un espace réservé où il pourra patienter.

Ainsi, il ne se lèvera que pour aller droit vers le service qu’il est venu solliciter. C’est la règle du premier arrivé –premier servie qui est encore en vigueur. Au-delà de ces dispositions pratiques, une bonne dose de civisme devrait aussi êtreinculquéeaussi bien aux usagers qu’aux responsables des services pris d’assaut par les files d’attentes. Aux usagers, respecter les mesuresprises par les institutions et ne pas tomber dans la facilité de l’abus d’autorité pour gagner des places et, pour les structures d’accueil, ne pas oublier que la personne venant demander une prestation doit jouir de tous les égards et ne pas être froissé. « Peut-être qu’il faudrait aussi mettre l’équilibre régionale dans les files d’attentes pour que les gens ne soient plus frustrés d’attendre, vu que tout est compliqué dans ce pays » ironise notre étudiant Ulrich Essex.

© Le Jour : William Oyono

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