Sociétés d’Etat liquidées : Le sit-in permanent des ex-employés
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La pugnacité des victimes des premières séries de privatisations et liquidations des entreprises publiques et parapubliques des années 80-90 en étonne plus d’un.

Ils ont fini par passer inaperçus aux yeux des centaines de personnes pressées qui vont et viennent devant le ministère des Finances à Yaoundé. Les ex-employés des sociétés d’Etat liquidées ou restructurées font en effet désormais partie du décor dans cette rue animée, de ce qui tient lieu de quartier administratif de la capitale. Même la danse funéraire Essani, souvent esquissée par ces manifestants infatigables ne retient plus que l’attention de quelques oisifs.

Mais mardi dernier, 29 septembre, le ton est à nouveau monté dans les rangs. Éreintés par l’indifférence que suscite leur mobilisation, une cinquantaine d’ex-employés des sociétés d’Etat dont la moyenne d’âge est sensiblement de 70 ans a brutalement occupé la voie publique devant le ministère des Finances coupant la circulation pendant environ deux heures sur cette rue très fréquentée de Yaoundé. Un coup de sang qui a progressivement agacé les policiers chargés d’encadrer la manifestation, avant de provoquer de leur part une réaction musclée : coups de pieds et de matraques tout azimut. « Nous avons été tabassé avec des matraques, poursuivi et trois de nos camarades ont été embarqué au commissariat central N°1 », s’est offusqué un manifestant, à peine remis de la frayeur de la brutalité policière.

La cinquantaine d’ex-employés a été brutalement chassée de la route et quelques meneurs menottés avant d’être conduits au commissariat central N°1 de Yaoundé.

Patrimoine

Pour les manifestants, pas question d'abandonner leurs droits sociaux ni leurs primes de reconversion. Depuis de longues années, sous le soleil au zénith ou par temps d’averse, ces vieillards souvent assis à même le sol expriment leur mal être et revendiquent la prise en compte de leurs revendications. On parle d’environ 40 000 ex-employés et 49 sociétés d’Etat liquidées concernés par ce sit-in permanent au ministère des Finances. L’on ne sait pas exactement ce que le patrimoine de ces entreprises liquidées est devenu, mais elles restent redevables notamment vis-à-vis de leurs anciens employés. En décembre 2007, le ministre des Finances, Essimi Menyé, avait installé les membres d’une commission d’audit des entreprises publiques et parapubliques liquidées. Celle-ci devait en identifier les actifs et s’attèler à recouvrer une somme de 90 milliards Fcfa, selon la projection du ministre.

« Il y a des petits malins qui croient qu’ils peuvent jouir impunément de ces biens ; je suis sûr que vous ne trouverez pas ces 90 milliards, mais trouvez le peu que vous pouvez pour satisfaire ces Camerounais ”, exhortait alors Essimi Menye. En fait, les milliers de personnes qui tendent aujourd’hui la main à l’Etat sont les victimes des premières séries de privatisations et liquidations des entreprises publiques et parapubliques entamées par le gouvernement camerounais en application du Plan d'ajustement structurel prescrit par le Fonds monétaire international (Fmi) dès la fin des années 80 et au début des années 90. Une cinquantaine de sociétés d'Etat de divers secteurs d'activités ont été touchée par cette mesure d’austérité qui a mis à la porte, selon les sources, entre 40.000 et 50.000 personnes.

Maîtrise de l’effectif

La maîtrise de cet effectif reste une question débattue. Une nouvelle opération de recensement et d'identification a bien été menée en 2013 par les services de la division des affaires juridiques du ministère des Finances dans l'enceinte du Palais polyvalent des sports à Yaoundé. Mais on entend toujours les ex-employés dénoncer le gonflement des listes. On indexe surtout les liquidateurs d'avoir manipulé et gonflé abusivement les listes en introduisant les noms de travailleurs fictifs.

Le 30 juin 2015 à Yaoundé, lors de la cinquième session de concertation et de suivi du dialogue social en présence du ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Grégoire Owona, le point sur le paiement des droits sociaux aux ex-employés des sociétés d’Etat liquidés ou privatisées fait par le président d’une Confédération syndicale notait « des avancées concernant les ex-employés de l’Etat, en termes de droits légaux. » Et soulignait pour ce qui est de la prime de réinsertion, trois mois payés sur 12.

© Le Jour : Claude Tadjon

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