Démonstration de force du 9 septembre dernier au Cameroun: Les militaires ont-ils imposé leur loi à Paul Biya?
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Les anciens de la Minusca ont tenu toutes les autorités de la capitale politique camerounaise en laisse le 9 septembre dernier. Jusqu’au président de la République qui a ordonné illico presto que leurs revendications soient satisfaites. Immédiatement.

Les fantassins en fin de séjour en République Centrafricaine depuis bientôt un mois en ont ras-le-bol et sont montés au créneau pour exiger le paiement par les autorités camerounaises de leurs primes et émoluments divers dus à leur mission internationale.Ils ont pu investir des hauts lieux de la République, comme les services du premier ministre, le palais de l’Assemblée nationale, avant de s’établir chez eux, au quartier général. On a vu leurs camarades d’armes, qui n’ont pas eu la chance de faire partie de leur mission, descendre dans la rue, comme pour les contrer. Mais ils ont créé plus d’obstruction aux paisibles usagers qu’aux manifestants eux-mêmes.

Et quelques heures après, au cours d’un point de presse, le ministre de la communication, Issa Tchiroma Bakary, va annoncer que le chef de l’Etat, Paul Biya, a demandé de débloquer, dans l’urgence, la somme de 6 milliards Fcfa correspondant au montant des primes et émoluments réclamés.

Comment des manifestants clairement identifiés, fussent-ils des militaires revenus d’une mission internationale des Nations unies, peuvent prendre d’assaut les rues de la capitale politique camerounaise, pendant plusieurs heures, marchert vers des objectifs sensibles, sans être inquiétés le moins dans un pays où l'on a l'habitude de réprimer à sang tout soulèvement populaire?

Une revendication, même justifiée, n’auraient jamais été tolérée par Yaoundé si elle avait pour organisateurs des hommes politiques, de la société civile et des hommes issus des corporations diverses. 

Toute manifestation organisée par des citoyens sans tenue et sans fusils aurait provoqué une réponse violente du régime de Yaoundé.

Pour préserver le pouvoir, le Palais d’Etoudi, l’Immeuble Étoile, le Palais de verre et le Trésor national ont tout fait pour que le Porte-Parole Issa Tchiroma puisse annoncer la fin de la rébellion ouverte au régime de Yaoundé. Aucune personnalité politique au pouvoir n’a  parlé de grève illégale, sauvage, ou injustifiée, comme elles en ont l'habitude quand il s'agit des simples manifestations organisées par la société civile ou les hommes politiques.

Combien de fois le Mincom a-t-il fait une sortie pour les retraités comme c’était le cas aujourd’hui pour les soldats ? Il y a justement plusieurs catégories socioprofessionnelles qui réclament à l’État des sommes impayées. Il y a le cas de nos grands-parents et parents retraités et déflatés des sociétés d’État qui exigent, depuis des années, le payement de leur pension et de leur dû. Mais ils sont très souvent molestés par ces mêmes éléments de la police et de l’armée qui, aujourd’hui, ont aussi revendiqué leurs droits. 

Devait-on attendre la marche pacifique à pas de géant de 200 militaires camerounais de la Minusca pour payer, ipso facto, leurs émoluments ? Comme le dit le Mincom lui-même, ils ont été payés sur « très haute instruction du chef de l’État ». C’est un mode de fonctionnement qui sied bien au leader central à qui il semble plaire de ramener justement tout à lui.(1)

On affame sciemment jusqu’à l’agonie et ensuite on se sert de la grogne et des revendications pour jouer les bons samaritains « sous haute instruction… ». Cette façon de gouverner est caractéristique du haut degré de décadence psychopathologique institutionnelle. C’est-à-dire que même les besoins les plus fondamentaux sont instrumentalisés pour des motifs liés à la glorification du pouvoir central. Tel route est construite, tel hôpital est érigé, tel prime est payé…, c’est grâce à la « magnanimité » du prince, du roi, du Nkunkuma, du Nnom Ngui, pardon, du Président de la république ou de sa femme, c’est selon. Nos impôts et nos taxes, et même l’État, tout ça n’existe pas ou plus. Seul, un suprême bienfaiteur s’occupe de ses enfants. C’est un phénomène politique assez pernicieux. Il s’agit de la personnification, de la sublimation de l’hyper puissance du Nnom Ngui qui, à tout moment, est glorifié et déifié par ses créatures, mieux par ses courtisans. « Sur hautes instructions » est, d’ores et déjà, la formule du gouvernement de « l’État spectacle » qui étale, au vu et au su de tous, son incurie, son inertie et ses scories structurelle, fonctionnelle et conjoncturelle.(2)

Avec cette démonstration de force du 9 septembre dernier au Cameroun,les militaires ont-ils imposé leur loi à Paul Biya? Telle est la question de la semaine

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(1),(2)Tchakounté Kemayou in matango.mondoblog.org

© Camer.be : Evarist Mohbeu

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