Cameroun,Téléphonie mobile: Deux présumés fraudeurs arrêtés à Douala
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Ils ont été interpellés vendredi 28 août 2015 par les éléments de la division régionale de la police judiciaire pour le Littoral. La population qui a joué un grand rôle dans cette interpellation avait cru au départ à une attaque terroriste.

Fonkou Fosso et Tchioffo Taziotio séjournent depuis vendredi 28 août 2015 dans les cellules de la division régionale de la Police judiciaire pour le Littoral, située à Douala. De forts soupçons de pratique de cybercriminalité et de cyber sécurité pèsent sur eux. 

En fait, dans la journée du 28 août dernier, les deux hommes roulaient dans la ville de Douala à bord d’une voiture de couleur blanche. Ayant constaté que des fils électriques pendaient à l’extérieur du véhicule, les populations paniquent. Avec le climat sécuritaire tumultueux causé par les exactions de Boko Haram, des passants bloquent la circulation au véhicule. Et exigent une fouille de la malle arrière. Ils vont découvrir des machines connectées par des fils électriques. Sur le coup, les uns et les autres pensent à une bombe. Alertés, les éléments de la division de la police judiciaire pour le Littoral arrivent sur les lieux, contrôlent les propriétaires du véhicule. Qui martèlent ne pas transporter de bombes. Chose vraie. Sauf que, après les enquêtes, la Police se rend compte que ces machines sont des équipements de télécommunication suspects.

Selon nos sources, il s’agit d’un dispositif de détournement des appels téléphoniques. Son nom, la Simbox. C’est le terme approprié dans le jargon de la télécommunication. Un expert des télécoms explique que le réseau est très vaste, avec des tentacules insoupçonnables. «Techniquement la Simbox est un boîtier équipé de cartes Sim et connecté à Internet haut-débit. 

Pour le cas des suspects aux arrêts, ils faisaient usage de la Wibox vendue par l’opérateur Mtn Cameroon. Avec cet équipement, l’opérateur de la Simbox peut modifier l’identification de la source de l’appel.» Concrètement, «quelqu’un depuis l’Allemagne -par exemple- appelle une personne au Cameroun. Sur l’écran du téléphone du résidant au Cameroun, c’est le numéro d’un opérateur téléphonique local qui s’affiche. Parce qu’il assure la terminaison de l’appel international, l’exploitant de Simbox est payé par le transporteur international. 

Le problème est que ce dernier transforme la communication en appel local à l’aide de son dispositif et fait perdre de l’argent aux opérateurs agréés», explique la source. La pratique est fortement réprimandée par la loi camerounaise. L’article 65 de la loi du 21 décembre 2010 sur la cybercriminalité et la cyber sécurité dispose : «Est puni de peine tout accès non autorisé à l’ensemble ou à une partie de réseau de communication électronique, d’un système d’information ou d’un équipement terminal». Les peines vont de 5 à 10 ans pour qui est reconnu coupable de ladite fraude, assortie d’une amende allant de 5 à 10 millions Fcfa. 

13 milliards de perte

Le fait est que l’usage d’équipements terminaux non homologués coûte cher, non seulement aux opérateurs de téléphonies, à l’économie camerounaise mais aussi à la sécurité de l’Etat. Selon un rapport publié en 2013 par Communications fraud control association, l’activité des Simbox fait perdre plus de 3 milliards de dollars aux opérateurs chaque année. «Au Cameroun, indique un expert en télécoms, près de 60 millions de minutes d’appels entrants ont été détournés en 2014. La situation sera pire en 2015 car entre janvier et août 2015, 65 millions de minutes ont déjà été détournés par les opérateurs de Simbox. En convertissant ces minutes, on compte 13 milliards de Fcfa perdus par les opérateurs pendant cette période.» Pour l’économie camerounaise en générale, la perte de revenu par les opérateurs entraîne par ricochet une diminution drastique des recettes du fisc, la taxe des appels entrants ne pouvant être appliquée. «Pour le cas du Cameroun, 13 milliards Fcfa de pertes observés chez les opérateurs entraînent un trou d’au moins 3 milliards Fcfa du niveau des recettes fiscales.» La sécurité est aussi à mal. L’appel émis via une Simbox a de fortes chances de ne pas pouvoir être traçé. Des personnes malintentionnées peuvent s’en servir pour commettre ou commanditer des actes criminels. Le fait est suffisamment grave. Pour l’heure, les deux suspects sont encore sous exploitation à la Pj. 

© Le Messager : Valgadine TONGA

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