Canton Deido : Frédéric James Essaka Ekwalla Essaka Deido II, le nouveau chef supérieur en visite à Yaoundé
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Sa majesté Frédéric James Essaka Ekwalla Essaka Deido II, intronisé le 28 mars, a été accueilli samedi dernier par les Bon’ébéla de la capitale politique au domicile du ministre d’État Laurent Esso.
 
‘’Essimo… Ebelè ô bosso’’, le cri de reconnaissance des fils et filles Deido est repris plusieurs fois et en chœur, en cette mi-journée du samedi 22 août, dans un boukarou bien aménagé à la résidence du ministre d’Etat, ministre de la Justice, garde des Sceaux, sise au quartier Mvan. Les hommes, vêtus d’une chemise blanche et d’un pagne en tissus velours de couleur verte, les femmes toutes en Kaba-Ngondo, acclament le nouveau King-Deido dans l’allégresse. Sa majesté Frédéric James Essaka Ekwalla Essaka Deido II, 38 ans,  et son épouse de nationalité française, Marie-Liesse Duchon, 32 ans, affichent clairement leur joie d’être au milieu de la communauté Deido de Yaoundé. Laurent et Catherine Esso les tiennent par la main. Le chef supérieur des Batanga Lohove de Kribi, sa majesté Michel Mahouvé, est également présent. Le tout gratin politico-administratif et économique Deido de la capitale  se lève pour rendre un vibrant hommage au nouveau souverain. Dans la salle, on peut apercevoir Camille Ekindi, Nicole Claire Ndoko… Le tout se passe sous l’animation du groupe de danse traditionnelle Mulema m’Ebelè.

Avant de prendre la parole au milieu de cette assistance, Laurent Esso va au préalable esquisser quelques pas de danse sur le podium, au côté du groupe Mulema m’Ebelè. Le ministre d’Etat, ministre de la Justice garde des Sceaux indique que le plus dur commence pour le nouveau chef supérieur, appelé à diriger le peuple Bon’ébéla avec sagesse, en harmonie avec les lois de la République. Ce sera l’occasion pour l’ancien ministre d’État, ministre secrétaire général de la présidence de la République de rappeler l’importance que le chef de l’État accorde à l’autorité traditionnelle. Et M. Esso de renchérir : «Je rêve que votre magistère rayonne plus que celui de votre père… Nous nourrissons l’espoir que vous parviendrez à placer le canton Deido au premier rang de tous les cantons de la République… Vous avez pris l’option de la réflexion, nous allons patienter». L’ancien ministre d’État, ministre des Relations extérieures va enfin exhorter l’assistance à mettre un point d’honneur à l’apprentissage de la culture Duala et à l’usage des langues maternelles et paternelles, en occurrence. D’ailleurs, il va offrir deux CD sur l’apprentissage de la langue Duala à Frédéric James Essaka Ekwalla Essaka Deido II et son épouse.
 
La renaissance

La cérémonie d’accueil du nouveau roi commence avec une courte prière dite par Monseigneur Ewolo Bodo, curée de la paroisse Sawa St-André d’Elig-Effa, à Yaoundé. Le président de l’association des Deido de Yaoundé, Mbia Mw’Ebele ô Yaoundè, prendra la parole par la suite. Pour lui, avec le sacre de Frédéric James Essaka Ekwalla Essaka Deido II, c’est une ère nouvelle qui s’ouvre pour le canton. Il va émettre quelques souhaits formulés par la communauté. Notamment, le retour des restes de l’ancêtre Ebélè à Deido. Celles-ci séjournent depuis toujours à Bonalipè (Douala). Il est aussi question de réhabiliter la mémoire d’Eyoum Ebelè qui fut roi dans les années 1800. Il avait deux fils, bagarreurs comme savent l’être les Deido. Au cours d’une dispute, l’un d’eux trouva la mort. Le Ngondo, qui était alors l’instance traditionnelle la plus haute de l’époque, demanda au roi de lui livrer le fils meurtrier pour que lui soit administré le Dibombè, la loi du talion. Le King Deido, Eyoum Ebélè, surpris de cette injonction, refusa. Ce refus fut considéré comme une déclaration de guerre. Le Ngondo, dans son ensemble, se sentit offusqué, et une guerre éclata entre les Bon’ébéla et les autres tribus sawa. C’est à cette occasion que le roi Eyoum Ebélè fut banni.

L’association Mbia Mw’Ebele ô Yaoundè propose également au nouveau king de promouvoir un système de rite de nature à préserver la dignité des veuves. Il est également question de poursuivre l’assainissement urbain du canton, de mener une véritable politique d’éducation et de relancer certaines activités sportives et culturelles dont le Léopard est l’emblème et la lutte traditionnelle. Enfin, les Bon’ébéla de Yaoundé souhaite que le 7 décembre soit adopté comme journée culturelle du canton Deido. A la fin de ce discours fort applaudi, la communauté Deido de Yaoundé va remettre plusieurs présents au nouveau chef supérieur et à son épouse (qui recevra de somptueux ‘’Kaba Ngondo’’)

Puis, ce sera au tour de sa majesté Frédéric James Essaka Ekwalla Essaka Deïdo II de prendre la parole. Le nouveau roi va commencer par remercier le ministre d’Etat Laurent Esso, pour sa disponibilité, malgré ses lourdes responsabilités au sommet de l’Etat, et son implication lors de la cérémonie d’intronisation dont l’éclatant succès reste gravé dans la mémoire de bien des Camerounais. Un mot de gratitude sera également lancé à tout le comité d’organisation des festivités du 28 mars dernier. Le King-Deido estime que, au regard des doléances du président de Mbia Mw’Ebele ô Yaoundè, cela va de soi que le canton a traversé une période d’errance. Mais, d’après lui, ces propositions font actuellement l’objet d’une réflexion à son palais. Pour conclure son propos, le king-Deido affirmera l’attachement de son canton à la politique des Grandes réalisations si chères au chef de l’État, Paul Biya.  
La cérémonie va s’achever autour du buffet offert par le couple Esso, dans la convivialité. Essimo, Essimo, Essimo… Ebelè ô bosso.
 
Deido en bref

Bon’ebela, Deido, d’appellation anglaise, est depuis 1870, constitué de six villages : Bonantonè, Bonatenè, Bonamuti, Bonamuduru, Bonanjinjè, Bonatéki. Parmi ses illustres fils, on peut citer, Laurent Esso, ministre d’Etat, ministre de la Justice garde des Sceaux qui est Bonantonè. Le sénateur Thomas Tobbo Eyoum est de Bonatenè. Ben Decca est l’une des figures de proue de ce village. Le canton regorge quelques places mythiques telles que le mausolée Ekwalla Essaka, le grand fromager à Banajinjè Deido-plage, le grand baobab Wasabuma Bonamuti, le collège Alfred Saker, le marché du même nom et Deido-plage, sur les berges du Wouri où Alfred Saker débarqua en 1845, à Bonangando précisément.

En dehors de ces lieux anciens, Deido s’est mué en un grand quartier de ville. Une certaine opinion estime que Deido s’est imposée de manière progressive et spontanée comme troisième quartier de la ville. Il est le symbole même de la joie de vivre des Sawa. Ses rues sont célèbres et bruyantes : les fameuses «rues de la joie» où on trouve du bon poisson braisé, des discothèques parmi les mieux animées de la ville, des Béninoises spécialistes de beignets et de haricot, un rond-point devenu célèbre à cause de ses inondations permanentes, des églises.

Frédéric James Ekwalla Essaka Ekwalla est donc le nouveau chef supérieur de ce canton. Il est le 9e chef de la dynastie. Après une rude bataille avec l’un de ses oncles, il succède à son père, Claude Gaston Essaka Ekwalla Essaka, décédé le 25 septembre 2013 à l’âge de 73 ans. Celui-ci aura passé 36 ans à la tête du canton Deido, soit deux ans de moins que son tout juste père, Frédéric Henri Eitel Ekuala Esaka (1939 à 1977). En effet, au lendemain de la disparition de ce dernier, Daniel Ekwalla Essaka, un des frères du défunt chef qui réside depuis près de quarante ans en France, ne cachait pas son intention de ravir le siège à James Essaka Ekwalla, le «successeur légal» installé lui aussi en Hexagone. Selon des sources proches de cette famille, vendredi 03 janvier 2014, Daniel Essaka Ekwalla a fait irruption chez Ekedi Bwemba, épouse Ekwalla Essaka, la veuve du défunt chef, et a tenté d’expulser cette dernière de la chefferie. Daniel Ekwalla Essaka prétend que la chefferie est la maison de son père et qu’il devrait donc succéder au chef. Or, dans la tradition, le frère du défunt ne lui succède pas. C’est plutôt à son fils que doit revenir le trône. La cérémonie de samedi dernier aura été l’occasion pour Laurent Esso de dire au jeune chef  qu’il est désormais le roi de tous  les Deido et qu’il faut plus que jamais tourner la page». Voila qui est bien dit !

© La Météo : Jean Calvin Ovono

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