Le dictateur Idriss Déby, l’intouchable ami de la France
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Dans la vie, soyez du bon côté ! Quand vous êtes du bon côté, vous aurez tout pour plaire, vous mangerez à satiété et vous garderez le monde à vos pieds. C'est ce qu'ont compris les politiciens maliens, passés maîtres dans l'art de nomadiser dès que soufflent les vents porteurs de soupe. C'est aussi ce qu'a compris, à sa façon, le président tchadien, Idriss Déby Itno.

Depuis qu’il a mis ses troupes à la disposition de la puissante France pour traquer les narco-jihadistes d’AQMI, au nord-Mali, et de Boko Haram, au Nigéria, le compère boit du petit lait. Et quand je dis « petit lait », je veux dire « petit lait ».

Voyez-vous, personne ne demande compte à Déby de ses vieilles relations avec Hissein Habré, dont il fut pourtant, aux sombres heures de tyrannie, le chef militaire. La douce France, si prompte à enseigner les vertus de l’alternance à ses anciennes colonies, et qui a bouté du pouvoir Hissein Habré lorsqu’il s’était opposé à l’invitation démocratique lancée à la Baule par Mitterrand, se tient close et coite dès lors qu’il s’agit de Déby. Or, ledit Déby gouverne le Tchad depuis le 4 décembre 1990. Donc, 25 ans sonnés! Comme nul n’ose lui parler d’alternance, le maître du Tchad a toutes les raisons de se croire indispensable. Il y a quelques jours, il déclarait à haute et intelligible voix que s’il restait au pouvoir, c’était par crainte de voir le Tchad sombrer, après lui, dans le chaos. On est tenté de lui demander s’il n’a pas passé un pacte d’éternité avec le bon Dieu…

Idriss Déby ne se contente pas d’exclure toute alternance; il n’admet pas non plus que quelqu’un lui demande des nouvelles de ses opposants. Surtout des opposants disparus. L’un de ces pauvres bougres s’appelle Oumar Mahamat Saleh. Le 3 février 2008, l’intéressé, alors porte-parole de l’opposition et Secrétaire Général du Parti pour les Libertés et le Développement, est enlevé par des militaires tchadiens au lendemain d’une attaque rebelle à Ndjamena. L’enquête ouverte, en catimini, au Tchad aboutit, bien entendu, à un non-lieu. En juin 2013, sur plainte de Mohamed Saleh Ibni Oumar, l’un des fils du disparu, un juge d’instruction français décide d’investiguer sur l’affaire.Détail fort éclairant: le parquet s’oppose à l’enquête et le parquet, comme chacun le sait, prend ses instructions au ministère de la Justice.

Du coup, il faut sortir d’un asile psychiatrique pour croire que le gouvernement français donnera les moyens à un juge français pour élucider les faits qui lui sont soumis. Pas plus que le gouvernement français n’accordera le moindre intérêt à d’éventuels mandats d’arrêt émis par le malheureux juge. Allons, allons, Allons ! Au cas où ce brave magistrat voudrait un nom, qu’il fasse du cinéma ou du théâtre ! Si la France se mettait à inculper Idriss Déby ou ses proches pour les beaux yeux d’un illustre disparu, qui irait donc nettoyer les nids de terroristes du Tighergar ou chercher la peau d’Aboubacar Shekau, l’impitoyable tueur de Boko Haram ? La France est entièrement Charlie, mais pasSaleh! Avis aux opposants encore visibles: tâchez de ne pas disparaître ! En tout cas, le fils de Saleh ne se fait pas d’illusions; au micro de RFI, il murumure d’une voix pathétique : « Nous nous posons beaucoup de questions pour savoir si ce juge aura réellement les moyens de mener ses enquêtes au Tchad. Nous attendions une avancée dans cette affaire, mais nous avons des inquiétudes ».

Déby, du haut de son piédestal militaire, se sait tout permis. Au point qu’il n’hésite plus à évoquer un sujet qui, en 2011, a valu au Guide libyen, Mouammar Khaddafi, d’être pendu par l’OTAN au premier croc de boucher trouvé. En effet, lors de la célébration du 55ème anniversaire de l’indépendance du Tchad, mardi dernier, le président tchadien, après avoir réitéré sa ferme volonté d’anéantir Boko Haram, a demandé auxc Africains de l’Ouest d’abandonner le franc CFA qui, dans son statut actuel, « tire l’économie de l’Afrique vers le bas ». Et Déby de marteler: « On n’a pas besoin de chercher de midi à 14 heures. Nous allons continuer l’amitié avec la France. Mais il faut avoir le courage de dire que le moment est venu de couper un cordon qui empêche l’Afrique de décoller… Pourquoi cette monnaie n’est-elle pas convertible ? Pourquoi tous les échanges passent-ils par la banque centrale de France ? Qu’est-ce que nous gagnons en mettant nos ressources dans des comptes d’opérations ? Quel est le taux d’intérêt que nous gagnons ?Le franc CFA, c’est aujourd’hui du papier. Dans deux ans, ça deviendra du chiffon. On ne pourra même pas l’utiliser».

Qui dit mieux ? Qui d’autre que Déby peut tenir le même discours sans finir ses jours sous les bombes ?

© Source : Maliweb

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