Affrontement sanglant à Ngaoundéré
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Un litige foncier à l’origine des scènes de violence qui ont fait une dizaine de blessés.

Près d’une dizaine de blessés déjà enregistrés pour un lopin de terre dans la localité Souangor, située à 30Km, sur la pénétrante est de la ville de Ngaoundéré, traverse depuis cinq années la période la plus sombre de son histoire. Des scènes dignes d’un film hollywoodien sont enregistrées ces derniers temps au sein des  populations. A l’origine, une superficie de 12 ha dont deux parties se disputent l’appartenance. D’un côté  Djaoro Issa Maigari, neveu de l’actuel lamido de Ngaoundéré et de l’autre  une population bororo dirigée par un certain Me Youssoufa Ibrahim.

Les faits remontent au 16 août 2011, lorsque le chef Issa Bakari réclame ses titres fonciers no 6021 et 6022 signés par  Taukop Claude, conservateur foncier de la Vina le 30 mars 2011. Après plusieurs  tentatives  visant à déguerpir les occupants de cet espace, qu’il qualifie d’occupants illégaux, Issa Bakari a opté de faire appel à ses hommes de main et à une équipe composée du sous-préfet et du commandant de brigade de Nyamba’ka, dans le but de faire valoir la réglementation en vigueur  aux populations et  de borner son terrain.                          

Celles-ci  n’entendant pas rester de marbre, arguent qu’elles ont longtemps supporté ses mises en scènes.  C’est alors que s’en est suivie une bagarre sans précédent. Lors de cet affrontement mettant à contribution machettes, gourdins, pioches  et couteaux, on a dénombré d’importants dégâts physiques. Sept blessés avaient longuement séjourné pour traumatisme corporel à l’hôpital régional de Ngaoundéré.

Éternel recommencement

Alors que le calme semblait revenir dans le village Souangor, au début du mois de juillet 2015, le chef Issa Maigari accompagné de ses éléments a décidé de faire un tour sur le site. Une descente qui va une fois de plus provoquer le courroux des occupants, avec à la clé des blessés notifiés au terme d’un autre affrontement. « Nous ne pouvons pas fermer l’œil la nuit, car on a peur d’être surpris par l’assaut du chef Issa Bakari et ses éléments “les doungourous’’. Même paître nos bœufs n’est pas évident, on a peur de rencontrer ces fou furieux »  confie Alhadji Saidou. Intervenant au nom des populations, Youssouf Ibrahim s’estime légitime propriétaire du terrain litigieux. Il fonde son assertion sur le fait qu’il y a passé près de 40 ans, son occupation effective se matérialisant par des plants fruitiers, ses bergers et un point d’eau aménagé.

Selon lui, les documents présentés par Issa Maïgari seraient d’origine douteuse, ils ne sauraient être valables, car  les domaines n’étaient pas délimités par des bornes.  Il s’étonne également du fait que, la demande des titres ait été établie par le sous-préfet de Ngaoundéré 3e, alors que cette localité se trouve dans l’arrondissement de Nyamba’ka. Cela s’ajoute au fait que, le document met en avant la construction d’un immeuble et de la plantation des arbres fruitiers, alors qu’aucune réalisation n’est palpable. Le 22 juin 2015, Youssoufa Ibrahim a saisi le ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières afin d’intervenir dans  cette affaire. De l’autre coté, le neveu du lamido de Ngaoundéré, estime qu’il est impossible que des  individus vivent pendant 40 ans et se réclament  légitimes propriétaires de cette parcelle, alors que depuis plus de trois siècles ses parents en sont  les héritiers.

Et un peu plus loin, il ajoute que le fait de les avoir laissés pratiquer l’élevage des vaches ne les transforme pas en légitimes propriétaires, même si aujourd’hui on parle de démocratie. Pour l’heure, les dossiers se trouvent entre les mains des juges et le verdict final reste attendu. 

© Mutations : ESAIE MEIDOGO SHAKUR

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