FRANCE-CAMEROUN : Les enjeux d’une visite au sommet
CAMEROUN :: POLITIQUE

France-Cameroun : Les Enjeux D’une Visite Au Sommet :: Cameroon

Ancrée dans une volonté de dégel, la visite de François Hollande au Cameroun ne saurait pourtant s’y confiner, tant en filigrane il est question de diluer le sentiment anti-français, au travers d’actes de premier ordre.

A ce propos, ceux qui de quelque manière voudraient lier l’intensité des relations diplomatiques entre deux états, en l’occurrence le Cameroun et la France à la fréquence des visites au sommet de leurs chefs d’Etats respectifs, seront indubitablement desservis. Une assertion fondée en ce que, pour le cas d’espèce, on se démarque des schémas traditionnels régissant ce type de visite. En effet, autant François Hollande se sera davantage positionné en rupture de ce qu’était jusqu’alors les rapports entre le France et le Cameroun, autant cela se traduit par son intérêt plutôt dilué pour notre pays. Et c’est à juste titre que sa première visite s’en tient au strict minimum, quand bien même il y aurait des enjeux sous jacents tenant notamment du renforcement de la coopération militaire entre les deux états, au plus fort de la menace terroriste que représente la secte islamiste Boko Haram. Certes, l’opération Barkane domiciliée en le Tchad proche, en constitue la clé de voûte, mais analyse faite le tête-àtête prévu dans le cadre de la visite éclair de François Hollande devrait aller bien audelà de cette réalité.

Ce d’autant plus que le sentiment anti-français se sera forgé sur les supputations d’une collusion socioéconomique de la France avec la secte islamiste Boko Haram. Suffisant dès lors pour comprendre que l’aspect sécuritaire des entretiens entre Paul Biya et François Hollande consacrent la primauté de ce sujet, quand bien même il ne serait pas superflu d’y adjoindre une connotation commerciale. Ce d’autant plus qu’au plan strictement diplomatique en ce qui concerne les deux états, c'est d'avantage l'ensemble des éléments objectifs en termes économiques, commerciaux, conventionnels et humains qui meublent en permanence leurs relations. Car, quand bien même la perception des relations entre les deux pays a, sous la présidence Sarkozy, connu une tendance très négative que même quelques déclarations rassurantes de part et d'autres, n'ont pu dissiper ni atténuer, il est désormais évident que les mutations de la géopolitique mondiale fait de la visite de Hollande, un événement non plus de routine, mais plutôt un impératif pour restaurer l’aura ternie de la France au Cameroun.

Ce d’autant plus que depuis quelques années, il est indéniable que la froideur caractérise les relations bilatérales entre les deux états. Toutes choses justifiées autant par quelques troubles qui agitent depuis longtemps les Camerounais de l'intérieur comme ceux de l'extérieur. Dès lors, qu'il existe un contentieux franco-camerounais n'est pas exclu, même si cela pourrait participer des quiproquos pouvant exister dans tous les couples diplomatiques. Et sur ce plan, il en est ainsi notamment de la longévité du pouvoir de Yaoundé comme un handicap, un frein et une gêne. Toutes choses que devront nécessairement aplanir Hollande et Biya, afin d’engager une approche différenciée des relations diplomatiques entre leurs états. Ce d’autant plus que Yaoundé est forcément le pôle central de toutes les grandes manoeuvres et de toutes les planifications à court comme à long terme, pour le redéploiement de la France dans la sous région.

Offensive commerciale

En dépite de l’indépendance de Paul Biya dictée par une détermination à asseoir l’émergence sur la diversification partenariale, il n’en demeure pas moins vrai que ce faisant, il ne saurait ignorer la préséance de fait de la France. Celle-là même qui aura, au travers du C2D, restauré la crédibilité de notre pays. Aussi en retour celui-ci devrat- il, à l’occasion de la visite de François Hollande, lui concéder quelques privilèges, notamment en ce qui concerne la mise en branle de bon nombre de projets structurants. Si en ligne de mire l’opinion camerounaise a jeté son dévolu sur le port en eau profonde de Kribi pour ce qui concerne l’attribution du marché de concession de son terminal polyvalent, cela ne saurait constituer le seul point de discussion au plan commercial des deux chefs d’Etats. Car, si l’importance dudit port n’est plus à démontrer, il est bien de secteurs davantage porteurs. Il en est ainsi notamment du secteur énergétique littéralement abandonné à la Chine.

Fort heureusement, la France sait pouvoir altérer cette offensive commerciale chinoise en se redéploiement sur des secteurs que le Cameroun semblait avoir délaissés, notamment l’agro-industrie à la faveur de l’adoption des préceptes instaurant une agriculture de seconde génération articulée autant sur la culture extensible que sa mécanisation conséquente. A côté, on ne saurait omettre le secteur de la logistique multimodale, au su de la relance de nos échanges commerciaux, secteur dans lequel trône incontestablement le group français Bolloré, également présent dans les palmeraies à travers la Socapalm. Une déclinaison plurielle en somme des enjeux de cette visite, dont on saura inéluctablement les tenants et les aboutissants à son terme.

© Source : Le Détective

Lire aussi dans la rubrique POLITIQUE

Les + récents

partenaire

canal de vie

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo