Tournée de Hollande : la Françafrique, c’est maintenant !
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Tournée de Hollande : la Françafrique, c’est maintenant ! :: AFRICA

Malgré sa promesse électorale d'en finir avec "la Françafrique", François Hollande s'est vite fait rattraper par les vieilles recettes. Les destinations choisies pour sa dernière tournée africaine, au Bénin, en Angola et au Cameroun, en témoignent.

L’Elysée pensait pouvoir anticiper les critiques en faisant du Bénin la première étape de la tournée que le président français François Hollande entame ce mercredi en Afrique. Mais l’empreinte de la Françafrique sur ce périple de trois jours n’aura échappé à personne.

On peut certes saluer l’étape du Bénin où aucun chef d’Etat français ne s’est rendu depuis 1983, mais où surtout la démocratie a pris véritablement ancrage. A contre courant de ses homologues congolais, burundais voire rwandais en 2017, le président béninois Thomas Boni Yayi a décidé de ne pas forcer le destin pour modifier la Constitution et se représenter. Il est juste de lui en savoir gré. Mais même au Bénin,  la Françafrique, ce système opaque des relations entre la France et ses anciennes colonies africaines, n’est pas loin. La présidence française a beau écarter tout lien entre les deux événements, le fait est que Hollande arrive à Cotonou deux semaines seulement après la nomination au poste de Premier ministre de Lionel Zinsou, proche de Laurent Fabius et ancien membre de plusieurs cabinets ministériels en France. Après Cotonou, Hollande se rend jeudi à Luanda en Angola puis vendredi à Yaoundé au Cameroun. On ne peut trouver mieux que l’Angolais José Eduardo Dos Santos et le Camerounais Paul Biya pour incarner les symboles que Hollande, candidat, avait promis de combattre.

Deux symboles de la vieille Afrique

Dans la capitale angolaise, Hollande sera l’hôte d’un chef d’Etat au pouvoir depuis 35 ans dont la fille Isabelle Dos Santos est la femme la plus riche d’Afrique principalement grâce à l’argent public. Mais surtout un président à la tête d’un pays qui bafoue les droits de l’opposition et la liberté de presse. Sur l’autel du business, le président français va donc feindre d’ignorer ces réalités et assister à la signature de nombreux contrats entre l’Angola, qui dispose d’énormes revenus pétroliers, et des entreprises françaises telles que Total, BTP Eiffage, Colas, Air France… Que pèsent  donc les droits de l’homme et la démocratie face à des contrats d’au moins un milliard de dollars pour une France en déficit budgétaire ?

Même si aucune moisson de cette importance n’est attendue à la dernière étape de ce périple africain, il n’en demeure pas moins que Paul Biya, 82 ans, est un des derniers « dinosaures » de la Françafrique. Après 32 ans au pouvoir, il a transformé le Cameroun en pays de l’arbitraire judiciaire où des personnalités politiques et des figures de la société civile peuvent être jetées derrière les barreaux puis condamnées à de lourdes peines de prison. On peut citer parmi elles l’ancien Secrétaire général de la présidence Hamidou Marafa et l’avocate Me Lydienne Yen Eyoum, condamés tous deux à 25 ans de prison pour « détournements de fonds publics ».

Le président, qui recevra Hollande, a essoré son opposition et muselé totalement la presse. Ce n’est pas la rencontre prévue vendredi dans la soirée entre le président français et les présidents d’ONG des droits de l’homme qui compensera la prime d’honorabilité qu’il accorde à Biya en venant à Yaoundé. Il n’y a certes plus de réseaux « françafricains » comme ceux animés en son temps par Robert Bourgi, Patrick Balkany et bien d’autres. Mais le renoncement a défendre les droits de l’homme et la démocratie en Afrique au nom des intérêts et des amitiés est aussi une forme de Françafrique. C’est celle-là que Hollande a visiblement choisi.

© mondafrique.com : Francis Sahel

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