Discorde  : Grogne au Sénat
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Les émoluments des sénateurs ont été revus à la baisse pour, dit-on, s’aligner à ceux des députés. La colère est perceptible.

Une ambiance délétère règne au Sénat depuis l’ouverture de la session de juin en cours. A l’origine de ce climat, l’argent. Le problème remonte à fin avril 2015. A la surprise générale, les sénateurs constatent que leurs émoluments ont connu une coupe drastique. Les plus pudiques se taisent. Les autres grognent, mais en sourdine. La session commence le 10 juin. Mais entre-temps, les salaires du mois de mai sont payés. La baisse est maintenue. Au lieu de percevoir les 1 300. 000 FCfa, ils reçoivent 800. 000 Fcfa. La colère monte.

Curieusement, c’est le Rdpc qui porte la bataille. Des pétitions seraient mêmes signées selon certaines sources. Les sénateurs ont voulu rencontrer le président Marcel Niat Njifenji pour qu’il leur dise pourquoi on en est arrivé là. Le président a simplement décliné cette possibilité. Il est donc boudé. Ses discours ne sont plus applaudis. « A la sortie d’une plénière, il s’est arrêté pour saluer tout le monde. Nous sommes restés dans la salle. Fatigué, il est parti », explique un sénateur. Mieux, les buffets sont aussi boudés. Lors d’une plénière de dépôt de projets de loi la semaine passée, le buffet apprêté à la fin a été simplement évité par les sénateurs.

Ces plénières ne sont plus courues d’ailleurs ; d’où les multiples procurations. Certains sénateurs ont même regagné leur circonscription. Mais dans les couloirs du Sénat, l’on a une explication à cette situation. Selon plusieurs sources, cette décision de couper les « salaires » des sénateurs est prise à la présidence de la République. « La présidence de la République a demandé que les sénateurs s’alignent aux émoluments des députés », glisse un sénateur bien introduit au secrétariat général du Sénat. Mais pour l’instant, aucune explication officielle n’est donnée.

Et tous les frondeurs ont une cible commune : le secrétaire général du Sénat, Michel Meva’a M’Eboutou. C’est lui le problème identifié pour l’instant. Il a sans consentement fixé les « émoluments » des sénateurs en 2013. C’est lui en fait le principal gestionnaire de fonds du Sénat. Il n’a pas bonne presse dans cette maison. Des propos qui frôlent souvent l’injure sont proférés par certains sénateurs à son endroit. Peter Manfany Musonge, le président du groupe parlementaire Rdpc, a organisé une réunion de crise. Rien n’a pour l’instant filtré. Pendant ce temps, d’autres déclenchent un débat juridique. Selon leur thèse, le Sénat est une institution indépendante qui doit fixer les émoluments de ses membres en toute indépendance. Pour eux, il s’agit d’une inadmissible immixtion de l’exécutif dans le législatif.

D’autres s’indignent de l’incohérence de la démarche. « Comment se fait-il  qu’on demande à couper les émoluments alors que le budget du Sénat reste le même, soit 15 milliards 200 millions ? », s’interroge un sénateur SDF. D’autres sources accusent l’Assemblée nationale d’avoir fourni au Sénat une vieille grille salariale. Mais les problèmes entre le Sénat et l’Assemblée nationale sont en fait profonds. En rappel, lorsqu’on parle des émoluments, l’on fait référence au salaire, au carburant et aux frais de communication. C’est cet ensemble qui est reversé sous forme de salaire à ces sénateurs et c’est cette rubrique qui fait problème. Les autres rubriques telles que les indemnités législatives de base, les allocations familiales, les frais de mandat ne sont pas concernées. Selon les sénateurs, ils ne doivent normalement pas avoir les mêmes droits que les députés parce qu’ils sont moins nombreux : 100 contre 180 députés. Mais ces plaintes sont récurrentes dans cette institution depuis qu’elle a été créée en 2013.

© Le Jour : Younoussa Ben Moussa

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