Les délestages aux sources des incendies
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Plusieurs pertes en vies humaines et des dégâts matériels dus aux perturbations récurrentes dans la fourniture de l’énergie électrique.

Difficile de consoler la vieille dame en pleurs qui vient de s’affaler au sol au quartier Bépanda à Douala, capitale économique du Cameroun. La quinquagénaire a les yeux remplis de larmes. Elle lève les mains vers le ciel, comme pour demander des explications au seigneur. Ses cris retiennent l’attention des riverains massés en nombre dans la grande cour de ce qui reste du domicile ravagé par les flammes aux premières heures de ce lundi 1er juin 2015. La tristesse se lit sur tous les visages. Le bilan de l’incendie laisse un froid dans le  dos : trois morts !

Le père de famille, Emmanuel Daniel Mbankolo, 56 ans, son épouse, Régine Mbankolo et sa belle soeur, Marceline Amatama qui se trouvaient à l’intérieur de la maison lors de l’incendie ont tous péri. Les habitants du quartier indiquent que le feu serait parti d’un court-circuit, à la suite d’un grondement de tonnerre, vers 4h du matin. Ils relèvent que des perturbations ont été enregistrées sur le réseau électrique à Bépanda, la veille, tout au long de la journée. C’est d’ailleurs devenu presqu’une tradition. A chaque départ de feu dans des domiciles ou lieux de commerce au Cameroun, les délestages et autres perturbations du réseau électrique sont cités comme  causes principales des incendies.

Le tableau est plus sombre avec des pertes en vies humaines enregistrées. On garde encore en mémoire cet autre incendie déclaré au premier étage d’un immeuble situé au lieu-dit quartier Bangangté à New-Bell, dans l’arrondissement de Douala 2ème le 09 mai 2015. Assan, un expatrié nigérian, sa femme et ses deux enfants âgés respectivement de trois ans et une semaine sont morts calcinés. « La rampe d’escalier et les fenêtres en métal du domicile étaient sous tension », affirment les habitants, en pointant un doigt accusateur vers Eneo, l’entreprise nationale de fourniture de l’énergie électrique au Cameroun.

Eneo, ou Aes-Sonel à l’époque, placée sur le « banc des accusés » par les populations victimes des incendies n’a jusqu’ici pas initié une communication autour de la question. Et il arrive souvent que la colère qui anime les habitants se transforme en revendication populaire. En rappel, cette manifestation des habitants de Makèpè à Douala, le mardi 12 février 2013 devant l’agence régionale d’Aes-Sonel de Ndokoti. Les populations exprimaient ainsi leur ras-le-bol à la suite du décès de quatre enfants lors d’un incendie survenu pendant une coupure d’électricité. Laurelle Ndjiki âgée de 10 ans, Kévine Mbango, 8 ans, Candine France Nyamsi 6 ans, et Tchami 2 ans étaient coincé dans leurs chambres au moment du sinistre.

Selon le voisinage, le feu s’est déclenché autour de 23 heures, alors que le quartier baignait dans le noir, suite à un délestage de l’énergie électrique. Des témoins affirment que le feu serait parti d’un court-circuit, après un retour brusque du courant électrique. Ceux-ci soutiennent que le réseau électrique du quartier a enregistré au moins six interruptions durant la journée de lundi.

Ras-le-bol

« Trop c’est trop ! », « On a en a marre ! », scandaient des manifestants pendant le mouvement de protestation. Ils ont brandi des pancartes sur lesquelles étaient inscrits des messages hostiles à l’entreprise nationale de fourniture de l’énergie électrique. La police a été déployée sur le terrain pour encadrer la manifestation. Le maire de Douala 5ème, le sous-préfet de Douala 5ème et le premier adjoint préfectoral du Wouri se sont rendus au domicile familial des quatre enfants décédés pour constater les dégâts causés par les flammes. La manifestation s’est achevée autour de 13h.

Lucas Fotso, le directeur régional d’Aes-Sonel pour le Littoral, dans une interview de circonstance avait annoncé pour bientôt la fin des coupures d’électricité. Mais l’histoire est loin de lui avoir donné raison. Le scénario dans les espaces marchands n’est pas pour le moins reluisant. Proche de nous, cet incendie qui a ravagé 15 boutiques et magasins au marché de Mvog-Mbi mardi 09 juin. Les dégâts sont évalués à plusieurs centaines de millions de F. Cfa. Une fois de plus, des victimes penchent pour la thèse d’un court-circuit. La  même thèse a été avancée à maintes reprises par les commerçants du marché Congo à Douala, victimes de plusieurs incendies, dont le plus célèbre a ravagé 600 boutiques en juillet 2012 dans les rayons mercerie, bijouterie, maroquinerie et horlogerie.

La reconstruction de l’espace marchand piétine, tout comme celle du marché de Bonamoussadi. L’espace marchand situé dans l’arrondissement de Douala 5ème a aussi connu plusieurs départs de feu. Les fluctuations dans la fourniture de l’énergie électrique toujours évoquées comme cause du sinistre.

© Le Jour : Mathias Mouendé Ngamo

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