Eneo : Des délestages sans fin, de Aes à Actis
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Au plus fort des coupures d’électricité ayant paralysé le Cameroun au premier semestre 2014, Jérémie Bitanga, le directeur technique de la Kribi Power Developement Corporation (Kpdc), s’exprimant dans les colonnes de nos confrères du Quotidien de l’économie, avait fait une annonce forte, en prélude à l’inauguration de la centrale à gaz de Kribi : «la mise en service de la nouvelle centrale va permettre de résorber le déficit énergétique pour les deux prochaines années. Néanmoins, avec le taux de croissance de la demande en électricité de 8 à 10 % par an observé ces dernières années, il est probable qu’un déficit de production apparaisse à nouveau en 2015.

C’est la raison pour laquelle le gouvernement a demandé à Kpdc d’engager l’extension de la centrale de Kribi pour 114 Mw supplémentaires à mettre en service en début 2015, afin de porter la puissance totale à 330 Mw». Au 31 mai 2015, le niveau des délestages à travers tout le pays a atteint le niveau de 2001, l’année de la mise en concession de la défunte Société nationale d’électricité (Sonel). Un ex cadre de la Sonel, aujourd’hui en poste à Eneo Koumassi se souvient de ce que « la privatisation avait été décidée à l’époque, malgré l’opposition des nationaux, parce que, disait-on, Aes apporterait des fonds et l’expertise américaine ». 14 ans après, le patrimoine acquis au prix modique de 19 milliards a été vendu cinq fois plus cher, au moment même où le réseau était complètement tombé.

Courant 2014, les fonctionnaires du ministère de l’Energie, ayant très probablement des intérêts financiers dans l’offre de rachat du fonds d’investissement Actis, assuraient que l’opérateur britannique mettra un terme aux délestages. En même temps, la communication de Aes-Sonel, sous les feux des déboires d’Actis en Ouganda, avait commis une équipe de propagande sur les médias. Avec un seul et unique message, à savoir que l’entrée d’Actis au Cameroun ferait des coupures d’électricité, une affaire du passé.

Promesses non tenues

Les délestages en cours au Cameroun sont le témoignage d’une série de mensonges orchestrés pour le seul but de spolier l’Etat et les consommateurs. Pour pousser l’Etat dans le cycle infernal des investissements fictifs, Aes a annoncé d’importants travaux dans l’énergie thermique, alors qu’il n’en était pas question dans le contrat de concession. Tour à tour, des éléphants géants sont annoncés : les centrales de Limbe, Yassa, Dibamba, Kribi sont au programme. Sans compter les travaux de Bassa I, Bassa II, Oyomabang, Kousseri, Kribi. Tous les travaux se font en l’absence de toute intervention de la Direction des Opérations de Aes-Sonel, tenue à l’écart en raison des surfacturations.

Pour la réfection de la centrale d’Edéa, le devis initial passe de 35 à 40 milliards de Francs Cfa, sans explications. Le chiffre final sera de 72 milliards de Francs Cfa, avec à la clé, une enveloppe de 4 millions d’Euros, au profit d’un cabinet d’étude qui ne fait pas mieux que reprendre des études initialement faites par des cadres camerounais. Avec une cavalerie des chiffres, Eneo revendique une capacité nominale de production de 968 mégawatts d’électricité.

Mensonges

A l’heure qu’il est, Eneo annonce pour seul argument, qui justifie les coupures intempestives de courant, la baisse considérable du niveau des eaux de la Sanaga. Or, Aes-Sonel, dans son programme d’investissements, avait refusé de financer la centrale de Lom-Pangar, pour réguler le débit de la Sanaga, préférant l’option thermique où des équipements techniques abandonnés dans le Nevada aux Etats-Unis, ont été rappelés et déversés au réseau camerounais. Bien plus, la centrale à gaz de Kribi ne dispose pas d’un réseau de transport fiable pour conduire l’énergie sur Douala et Yaoundé, qui sont les deux principaux pôles de consommation. Les centrales thermiques en marche sont au rouge, en raison de la vétusté des pièces importées par Aes.

Un expert technique travaillant pour le compte d’Eneo assure que « toutes les centrales thermiques actuelles au Cameroun ne peuvent plus fonctionner audelà de 10 ans ». Les témoignages des cadres d’Eneo ainsi que ceux des experts indépendants soutiennent tous les délestages seront plus intenses dans les prochains jours. Et pour cause, et toujours selon nos sources, « les machines sont constamment arrêtées pour limiter la consommation de carburant ». D’autres sources révèlent en outre un trafic de carburant par le biais d’un marqueteur basé à Yaoundé. Au service de communication d’Eneo, les responsables affichent profile bas, et indiquent qu’ils s’en tiennent au communiqué de presse publié le 27 mai dernier, sur la crise actuel. Entre-temps, il n’y a aucune trace des fonds Actis annoncés.

© Le Jour : Denis Nkwebo

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