Jeux universitaires : Les plaisirs de nuit à Ngoa-Ekelle
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Une fois la nuit tombée au campus de Yaoundé 1, le sport cède la place à toutes formes de réjouissances entre filles et garçons.

19h au lieu-dit Cité-U à Ngoa-Ekelle à Yaoundé ce mercredi, 27 mai 2015. Une longue file de taxis encombre la chaussée mouillée par une pluie qui vient de tomber. Sur le macadam aussi, de nombreux piétons. Le jour vient de se lever pour beaucoup. Enfants, adolescents et adultes essayent de se frayer un passage dans la foule. L’entrée de l’université, de ce côté, est prise d’assaut. Des jeunes habillés par des entreprises proposent de nombreux articles à acheter : préservatifs, boissons gazeuses, jus de fruits naturels, fruits de toutes sortes, friandises, pains garnis, crédits de communication. « Préso 100 », crie un jeune homme qui brandit un paquet de condoms. Il a tout un répertoire pour désigner le même article : « passeport pour le pays bas », « les choses pour faire »… Ne lui demandez surtout ce qu’il faut en faire ou vers quel pays conduit ce passeport.

« Tu ignores quoi ? », renvoie-t-il. Le visiteur n’est pas moins charmé par les sonorités des lieux. Elles présagent déjà une ambiance bon enfant. Une fois dans le campus universitaire, l’on observe des jeunes en très grand nombre. Plusieurs suivent la direction d’où semblent surgir de grands cris. Seulement, suivant le mouvement d’ensemble, l’attention se déporte sur le premier attroupement. Une entreprise brassicole ayant installé un podium entretient le public. Les nombreuses personnes qu’on y rencontre sont assisses et consomment des boissons qui leur sont proposées par des hôtesses. Sur le podium, le des animateurs encouragent la jeunesse à participer à la scène. « Les six premiers  garçons à monter sur ce podium gagnent chacun un tshirt et les bijoux des hôtesses », promet l’animateur de la scène.

Quelques aventuriers sont invités dans des ateliers qui leur permettent de gagner davantage de lots. Ces ateliers aménagés sous une tente concernent les jeux vidéo de football et de dance. Un public important se dresse aussi ici. Boris Tene, étudiant à la fac sciences à l’université de Yaoundé I, en fait partie. « Je sais que la nuit, il y a souvent du beau spectacle en cette période des jeux, et je suis venu regarder », déclare-t-il. Patrick Obam, un autre étudiant, dit s’être arrêté devant le stand, à cause du spectacle offert par une danseuse. « Avec sa miniculotte et sa manière si particulière de bouger, je n’ai pas pu résister à l’envie de m’arrêter », explique-t-il.

On se lâche

Dans l’atmosphère du soir rafraîchie davantage par légère pluie, les garçons et les filles sont pour la majorité couverts. Le sol boueux et glissant n’empêche pas la circulation. A quelques mètres du premier site d’attroupement, un spectacle bien particulier se déroule au stade de basket-ball qu’entourent les résidences universitaires. Les spectateurs ont envahi le coin. Certains ont formé un cercle autour du stade. D’autres sont perchés sur les escaliers des cités. Des athlètes logés sur place ont ouvert les battants des fenêtres qui donnent une vue sur le stade. Quelques-uns des spectateurs n’ont pas hésité à grimper aux arbres ou occupent les estrades des sites de compétition. Ce soir est à la compétition nocturne des fans club. Sur la scène, la « Diaspo fans club, ancienne gloire » fait son show.

Ce groupe composé d’anciennes gloires des fans club suscite diverses réactions de la part du public qui crie, applaudit ou profère quelques injures au passage. C’est que les gestes d’un danseur, aux formes plutôt féminines, laissent s’exclamer certaines personnes. Près de ce terrain de basketball, des jeunes se livrent aux jeux de hasard : le lancer de cerceaux pour gagner une bouteille de boisson, trouver la bonne couleur des cartes et gagner, viser l’argent pour gagner l’argent, etc. A 21h, la route qui mène au coeur du village des jeux est assiégée. Plusieurs personnes montent ou descendent.

Parmi elles, Maxime et sa petite amie Carine qui vont au stade de football de la concorde où se déroule le spectacle des artistes invités. Comme eux, plusieurs personnes, en groupe ou seules, bravent la pente glissante du stade de Ngoa-Ekelle. « La soirée à l’air moins chaude ce soir, lundi quand je suis venu ici, il y avait bien plus de monde », affirme Maxime à l’entrée du stade aux trois-quarts plein « La pluie de tout à l’heure a boulversé le programme de beaucoup », renchérit Carine. Les spectateurs qui ont néanmoins rempli un côté du stade répètent les mouvements d’ensemble dictés par les artistes sur le podium. Plusieurs de ceux ayant occupé les premiers rangs se prêtent volontiers au concours conduit par le musicien Tony Nobody pour remporter un lot.

Le reste de la foule écoute, sans broncher. Interrogée sur son attitude, Christelle, une étudiante venue de Bamenda, dit être préoccupée par autre chose. « Je suis venue chez ma soeur qui est athlète à l’université de Yaoundé I. Je suis seule actuellement chez elle, et pour ne pas rester enfermée, j’ai voulu sortir pour observer un peu la foule ce soir. Je ne peux pas me mettre à crier seule », dit-t-elle, rajoutant qu’elle espère faire de nouvelles rencontres.  

Gastro entre cop’s

Un autre haut lieu de réjouissances est le coin de la gastronomie. Il est situé à la sortie du campus de Ngoa-Ekelle en allant vers l’Ecole nationale polytechnique de Yaoundé. Une grande foule de jeunes garcons, de filles et d’enfants est ici. Elle est réunie sous les nombreux stands apprêtés à cet effet. On n’en dénombre bien plus d’une centaine dressée un peu partout. Ces stands sont gérés par des femmes, des hommes et des entreprises qui emploient une multitude de jeunes. Ceuxci servent la boisson et les repas aux clients. Tout se fait avec une certaine rapidité, car « la concurrence est rude », nous répondra une gérante à la suite d’un incident : une serveuse retenue à une table par un homme visiblement saoul est rapidement appelée par sa patronne.

« S’il ne sait pas encore ce qu’il veut, va-t’occuper d’une autre table », lui ordonne la dame. Interrogée entre deux services plus tard, Caroline, la serveuse en question, nous révèle que les serveuses n’ont pas le temps de discuter. « Ce n’est pas bien si la patronne te surprend en train de causer avec les clients. Je prends juste la commande et je viens servir ». La nourriture est préparée dans des stands, mais aussi dans des cuisines mobiles installées le long de la route. Parmi les mets les plus proposés, le poisson et le poulet braisé, accompagnés de bâton de manioc ou de frites de plantain.

Autour des tables, hommes, femmes et enfants sont assis, en famille ou entre amis. Ils mangent, boivent et discutent. Dans un stand un peu plus reculé, un groupe d’amis occupe une grande table de près de vingt places. L’un des membres du groupe nous révèle qu’il s’agit « de vieux amis, et même de frères qui se sont retrouvés aux Jeux-U pour renouveler une  ancienne tradition abandonnéedu fait des multiples occupations des uns et des autres ». Leur table est très garnie : plusieurs bouteilles de bière et des plats de nourriture. Dans une ambiance où la musique est à percer le tympan, filles et garçons ne boudent pas leur plaisir de se trémousser. La cigarette empeste l’air. Alors qu’il est 23h 30mn, la majorité des stands sont encore occupées par des individus.

Certains enfants dorment dans les bras de leurs parents. Des jeunes qui ont quitté les autres lieux de festivités fermés à cette heure, affluent dans le coin. D’autres font tout simplement leur arrivée au village des jeux. C’est le cas Patrick, qui travaille au restaurant de l’université. « Après le dîner du soir qui s’est achevé à 22h, cette nuit, nous nous sommes mis à faire le nettoyage. Je n’ai pu me libérer qu’à cette heure et je pense que c’est la bonne heure pour faire des rencontres ; c’est pourquoi je suis venu », explique-t-il.

© Le Jour : Carlette Essoh

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