Boko Haram : L’autre combat des élèves déplacés
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Depuis le début de la guerre contre Boko Haram, les élèves des différents établissements scolaires du secondaire sont les victimes collatérales de ce conflit. Résultats des courses, 12 collèges ont été fermés, fragilisant ainsi, 3 435 élèves dont 2 395 du premier cycle et 1 040 du second cycle. Ces élèves « déplacés » ont été redéployés dans d’autres établissements. Si pour certains, le redéploiement a été aisé, ce n’a pas été le cas des autres, qui ont tous simplement décidé d’abandonner le chemin des classes, en attendant que tout revienne à la normale.

En raison d’énormes difficultés qu’éprouvent les établissements du corridor frontalier avec le Nigeria à mener leurs activités pédagogiques pour cause d’insécurité, le gouvernement a décidé d’une mesure spéciale à l’endroit des élèves et des enseignants des établissements scolaires fermés. Le montant global de l’enveloppe est estimé à 5 milliards de Fcfa. Cette migration obligatoire a permis à de milliers d’élèves de trouver refuge dans des familles d’accueil et de remobiliser les enseignants dans d’autres établissements scolaires afin de leur permettre d’achever leur année scolaire.

Au total, 3 435 élèves dont 2 395 du premier cycle et 1 040 du second cycle ont été recensés dans 12 établissements scolaires secondaires de la région de l’Extrême-Nord, aujourd’hui fermés pour cause d’insécurité. Ils ont été redéployés  dans les six départements de la région à raison de 93 dans le Mayo-Kani, 1 145 dans le Mayo-Sava dont plus de la moitié au campus du Ces de Mora-Massif qui regroupe 6 établissements, 918 dans le Mayo-Tsanaga, 371 dans le Diamaré, 751 dans le Logone et Chari et 157 dans le Mayo-Danay. Les établissements les plus lourdement touchés par cette migration forcée proviennent du lycée de Fotokol, du lycée de Waza et du Ces de Hilé Alifa pour ceux du département du Logone et Chari. Dans le département du Mayo-Sava, on retrouve le lycée de Limani, le lycée de Kolofata, le lycée de Kerawa, le Cetic de Kolofata, le Ces de Talkomari et le Ces de Goudjimdélé. Dans le Mayo-Tsanaga, ce sont le lycée de Tourou, le Ces bilingue de Zeleved et le Ces d’Achigachia. Des campus scolaires laissés aujourd’hui à l’abandon.

Et pour faciliter l’implantation des apprenants dans ces établissements d’accueil, en sus des investissements liés à la construction des salles de classe, un montant de 338 millions de Fcfa ont été débloqués et destiné au paiement des frais exigibles pour les élèves pour un montant de 28 777 500 de Fcfa, à la prise en charge alimentaire à hauteur de 54 640 500 de Fcfa, à la fourniture des matériels didactiques (27 991 livres et ouvrages scolaires, 6 846 paquets de cahiers… ) pour un montant de 240 millions, à l’assistance financière à 94 enseignants déplacés et redéployés dans d’autres établissements pour un coût de 9,4 millions de Fcfa, au paiement des frais d’examen pour 437 500 de Fcfa, au paiement des heures de vacation au Ces de Hilé Alifa pour un montant de 840 000 de Fcfa et au ravitaillement spécial en denrées alimentaires et kits hygiéniques de certains élèves de certains établissements. Le don présidentiel a été solennellement remis aux bénéficiaires, il y a quelques jours.

Internat

Les chefs d’établissements bénéficiaires, en recevant ces dons des mains des émissaires du gouvernement n’ont pas tari d’éloge et ont pris l’engagement d’en faire bon usage. Ganabai Bourha, proviseur du lycée de Koza explique : «Nous avons en tout 59 élèves qui sont soit chez des parents d’accueil, soit dans des maisons que les parents leur ont fait louer au quartier. Puisqu’ils ont été préalablement recensés avec un état bien précis de leurs besoins, nous avons fait décharger à chacun ce qui lui revenait». Le mode de gestion est le même dans tous les autres établissements d’accueil à quelques nuances près. Selon Madame Viché Batouré, intendant au lycée classique de Mokolo : «les élèves que le lycée a accueillis sont bien encadrés. Pour l’instant, ils vivent au quartier en location ou dans des maisons d’accueil en attendant la fin des travaux de construction des infrastructures scolaires dont le lycée a bénéficié dans le cadre de l’assistance du gouvernement aux élèves déplacés. Dans ce sillage, on a eu 4 salles de classe, un réfectoire et un dortoir. Les travaux tirent à leur fin et on va pouvoir les accueillir bientôt en internat».

Dans ce plan d’urgence d’un coût global de 5 335 032 000 de Fcfa, les investissements y relatifs se déclinent en la construction de 256 salles de classe, la fabrication de 7 930 tables-bancs, la construction de 252 bureaux d’enseignants, des forages, des blocs latrines, 20 dortoirs et 10 cantines scolaires à construire dans un délai de 45 jours. Tout ceci pour permettre aux élèves de sauver leur année scolaire.

L’appui à ces élèves vient en complément à un don spécial fait aux 140 000 familles déplacées en provenance des trois départements les plus touchés par les exactions et les attaques de la secte nigériane Boko Haram, à savoir le Logone et Chari, le Mayo-Sava et le Mayo-Tsanaga. Le don était constitué de produits de première nécessité tels que les céréales, les huiles de table, du savon, du sucre, du lait, des foyers améliorés ainsi que des produits vétérinaires, des médicaments et de l’alimentation pour le bétail.

© Mutations : Jacques Kaldaoussa

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