Ama Tutu Muna va-t-elle démissionner ?
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Le week-end dernier a bruit de rumeurs les plus folles faisant état de la démission du ministre des Arts et de la Culture du gouvernement.

Bien que présentée comme une dame de caractère, il semble évident qu’Ama Tutu Muna, qui est restée droite dans ses bottes face à la sommation du Premier ministre lui demandant de rapporter sa décision controversée sous 48h, ne franchira pas le Rubicon.

En effet, dans le contexte camerounais, démissionner c’est se rendre coupable d’un crime de lèse-majesté. Démissionner du gouvernement, c’est s’exposer au risque de voir ses poubelles (chaque gestionnaire de fonds publics en a au Cameroun) fouillées, avec les suites judiciaires que cela entraîne généralement.

Ama Tutu Muna va donc encaisser sans broncher, gémir sans s’affranchir, elle qui avait déjà été privée de la dernière cérémonie des Canal d’Or par les services du Premier ministre (sur instruction de la première dame ?) et fait essuyer à l’Etat du Cameroun un cinglant revers devant la Cour suprême au sujet de l’affaire l’opposant à la Cameroon music corporation (Cmc).

A cette époque-là, la fille du légendaire Salomon Tandeng Muna avait déjà, sans doute, une raison en acier pour se retirer du cabinet Yang. Pour moins que ça, des ministres remettent leurs tabliers sous d’autres cieux ! Mais le Minac pourrait toujours invoquer qu’avant elle, un ministre de la République a été jeté en prison, qu’il en est sorti le lendemain, avant de regagner sereinement son bureau pour reprendre ses activités.

Et le séisme annoncé n’a jamais eu lieu. Plutôt, le prince en a manifestement saisi prétexte pour reporter sine die la formation d’un nouveau gouvernement, faisant languir la majorité de ses compatriotes. Avis donc aux oracles qui prédisent un remaniement (précipité) suite à la passe d’armes fratricide entre Philemon Yang et Ama Tutu Muna. Paul Biya, qui exècre fonctionner sous la dictée de l’opinion publique nationale, y a certainement trouvé un nouveau motif pour prolonger le suspense.

Entre-temps, l’affrontement Pm/Minac ayant atteint un pic inacceptable en République, le chef de l’Etat a donné le feu vert à son Premier ministre pour sauver ce qui pouvait encore l’être.  Rappelons, dans ce sillage, qu’une copie de la lettre adressée par le Sg/Pm le 19 mai au Minac (lui demandant de rapporter la décision octroyant l’agrément à la Socacim) a été adressée au secrétaire général de la présidence de la République. Comme quoi, M. Yang, tout Premier ministre qu’il est, ne pouvait pas restaurer son autorité bafouée sans passer par les fourches caudines du Sg/Pr, qui lui-même agit sur ordre du chef de l’Etat.

D’ailleurs les conseillers du Pm, afin de montrer la gravité de l’acte posé par le Minac, ont judicieusement exploité les dispositions du paragraphe 5 de l’instruction générale du 1er octobre 2002 relative au travail gouvernemental (signée de Paul Biya), pour mettre (aussi) le président de la République devant ses responsabilités.

Après le recadrage des modalités d’octroi, de retrait ou de suspension d’agrément, tout porte à croire que la prochaine étape sera la dissolution de la Cpmc et la publication du texte fixant les modalités de contrôle des organismes de gestion collective du droit d’auteur. Pour le plus grand bien des (vrais) artistes.

© Mutations : Georges Alain Boyomo

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