Fête du peuple ou moment de célébration de la gloire du président de la République ?
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CAMEROUN :: Fête du peuple ou moment de célébration de la gloire du président de la République ? :: CAMEROON

La quasi-totalité des banderoles affichées dans les artères de Yaoundé louent le chef de l’Etat dont les inconditionnels n’ont pas manqué un grand moment de récupération, reléguant la symbolique aux oubliettes.

Fête du peuple ou moment de célébration de la gloire du président de la République ? La question mérite bien d’être posée en cette veille de la 43ème édition de la fête nationale de l’Unité. A Yaoundé, force est de constater que le moment est choisi pour magnifier un seul homme, en l’occurrence le chef de l’Etat. Il n’y en a que pour Paul Biya sur les différents messages.

C’est du moins ce qui transparait des nombreuses banderoles à son effigie qui peignent le décor de l’itinéraire Palais des sports- Warda -rond point du Premier ministère. Plus d’un usager qui a emprunté ce tronçon hier a sourcillé à l’effet de l’envahissement de la route par les bannières floquées des messages-louanges au numéro un de la nation. L’étendard qui donne le ton de cette presque-confiscation de la fête de l’Unité au détriment du peuple est celle située juste au carrefour Warda, lieu dit « Mahima ». Sur celui-ci, les courtisans du chef de l’Etat rappellent que ce dernier est « un leader apprécié et respecté dans le monde entier».

Comme quoi, ceux qui hésitaient encore à lui donner sa place dans son propre pays doivent se raviser. Des messages encensant le chef de l’Etat, il y en a, en veux-tu, en voilà. « Jeunes Camerounais, la relance de l’économie a permis de créer de nombreux emplois. Le chef de l’Etat demeure à votre écoute ». Toujours sur la jeunesse, on fait dire à l’homme du 6 novembre qu’avec lui, « la jeunesse trouvera toujours son compte » et cette banderole de préciser « Emplois : 283 443 crées en 2014, 350 000en 2015 ». Plus loin, c’est sur la guerre contre Boko Haram que les « créatures » de Biya surfent pour magnifier leur « créateur». Ici, c’est « Lutte contre le groupe terroriste Boko Haram : Le chef de l’Etat, chef des armées, S.E Paul Biya rend un vibrant hommage à nos forces de défense et de sécurité pour leur vaillance ». Vous avez dit culte de la personnalité ?

Grands absents

Tout ou presque pour le chantre du « Renouveau » et son épouse, et les expressions de l’unité nationale réduites à leur portion congrue. Car il faut le soulever, Chantal Biya n’a pas été oubliée dans ce concert de déification. Pour la première dame, les « Couches sociales vulnérables vous disent merci pour votre constante sollicitude ». Ainsi la première dame serait la seule à être sensible aux difficultés rencontrées par les couches vulnérables…trêve de duperie. Grands absents de ces cantiques à la gloire du couple présidentiel : les Camerounais. Les livres d’histoire enseignent pourtant que l’Etat fédéral de 1961 fut confronté à la contestation de la légitimité du pouvoir que détenait Ahidjo depuis le 1er janvier 1960.

En effet, une frange de la population camerounaise sous obédience de l’Union des populations du Cameroun, l’Upc estimait que « l’indépendance octroyée par les Français n’était qu’un simulacre et que Ahidjo n’était qu’un valet de la colonisation qu’il fallait combattre ». Le 28 mars 1970, Ahmadou Ahidjo renouvelle son mandat à la magistrature suprême, avec comme vice président, Salomon Tandeng Muna qui cumule cette fonction avec celle de Premier ministre. Et le 20 mai 1972, le référendum portait réunification des Cameroun oriental et occidental. Le Cameroun devient République unie du Cameroun. C’est en souvenir de son unification retrouvée que tous les ans, à la même date une grande parade militaire et civile est organisée sur le boulevard éponyme à Yaoundé.

© Le Messager : Achille KAMGA

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