Cameroun: La route qui mène à l'horreur
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Ce message est un cri. Un cri de colère et d'indignation face à la décadence persistante de notre rapport à la vie, à la solidarité, à la justice. C'est aussi un cri de douleur partagée avec celle d'une jeune mère, d'un jeune père, blottis dans une révolte contenue laissant place à une contagieuse charge émotionnelle. Nous sommes le 23 novembre 2012.

 Leur fille, Konde Elogo Elisabeth Gloria, quatre (4) ans est décédée dans un hôpital confessionnel de la ville de Douala, alors qu'ils se trouvent hors de cette métropole. Cet hôpital n'a pas cru bon, jusqu’à ce jour, délivrer un constat de décès et un certificat de genre de mort. Le corps transféré à la morgue de l'hôpital militaire régional de Douala fera l'objet d'une autopsie hâtive et sans réel protocole scientifique qui conclura, nous citons :"viols, sodomies, affamée pendant cinq jours, vidée de son sang, puis tuée après rupture des vertèbres cervicales et os de l'omoplate". La contre-expertise, pratiquée cette fois par des experts anatomopathologistes établira la cause du décès à une gastro- entérite fébrile. Les enquêtes préliminaires sont closes et ont déterminé les responsabilités. Sans vouloir entrer dans les dédales d'une affaire judiciaire à la fois simple et complexe, il y a tout de même lieu de s'étonner du silence suspect du Tribunal de grande instance du Wouri(qui n'a toujours pas désigné de juge d'instruction pour plainte déposée pour crime)et du ministère de la Défense dont le quitus est attendu depuis lors pour l'ouverture d'un procès au Tribunal militaire pour mutilations de corps post-mortem, profanations, ...Pendant ce temps, les parents vivent l'enfer, ayant même, dans un premier temps, été soupçonnés de meurtre avec toutes les conséquences psychologiques qui s'en suivent sur le plan familial et professionnel.

Ils vivent l'enfer comme l'ont vécue les Venessa Tchatchou, les nombreuses familles de Mimboman dont les enfants ont subi les pires atrocités physiques, les fillettes Epanya...et la liste est bien évidemment loin d'être exhaustive.

La lancinante question est celle de savoir pourquoi la récurrence de telles abominations, de telles horreurs, et que faire?

La responsabilité est collective mais interpelle en premier lieu nos gouvernants. Il n'est pas superflu de rappeler que les enfants ont des droits et qu'ils se doivent, en conséquence, d'être protégés. A la cérémonie de traité de l'Onu en 2013 au siège à New York, des fonctionnaires des Nations-unies ont exhorté les Etats-membres qui ne l'ont pas encore fait, à ratifier la convention relative aux droits de l'Enfant et de ses trois protocoles facultatifs, soulignant qu'ils sont essentiels pour protéger les enfants contre les abus et les mauvais traitements dans le monde entier. Qu'en est-il chez nous?

Aucune réponse ne saurait être apportée à cette question si l'on ne pose comme préalable le sens et la substance que l'on donne aujourd'hui à la notion de vie. Très peu d'importance, à la vérité. La société camerounaise, en rupture de ban avec ses idéaux, a fini par se convaincre d'un défaitisme ambiant généralisé dans lequel passer de vie à trépas relève désormais du cliché poncif. Un regard furtif de commisération vers nos hôpitaux, nos routes jonchées de cadavres, dévoile à l'encan, notre pauvreté d'esprit par rapport à la vie. Voilà six mille(6000) de nos soldats qui se rendent au front. Combien en reviendront, combien d'entre eux auront droit aux honneurs de la Patrie s'ils venaient, malheureusement, à tomber sur le champ de bataille? Pour cela, et comme à l'accoutumée, une levée de boucliers sera nécessaire.

Les crimes rituels, la nécrophilie, les mutilations et autres profanations des corps sont des déviances extrêmes. La République est en danger. Si nous n'y prenons garde, le Cameroun peut devenir, à très court terme, une plaque tournante de trafic d'organes compte tenu, d'une part, de la pénurie d'organes dans le monde, des disparités économiques accentuées par la crise, et d'autre part, des systèmes de santé précaires dans les pays pauvres.

A la faveur de la journée internationale des droits de l'Enfant, le 20 novembre dernier, un groupe de citoyens a décidé, à travers la création du réseau"Vigilance et Justice pour Tous"d'aider et d'assister les familles en détresse face à ce type de fléaux d'un genre nouveau.

La bataille sera rude mais elle en vaut la peine. Arrêtons le massacre! nous voulons encore donner un sens à la vie, n'oublions pas qu'à l'échelle biologique, si l'individu disparait en tant qu'entité unique au moment de la mort, une partie de son patrimoine génétique persiste dans sa descendance.

© Le Messager : Achille KOTTO Président du COCITEL,Membre du Réseau"Vigilance et Justice pour Tous"

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