Port de KRIBI : Vincent Bolloré jubile, les concurrents enragent
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Comme nous l’annoncions déjà dans ces mêmes colonnes, l’affaire du terminal du Port de KRIBI était dans la poche pour l’homme d’affaire français à qui on ne refuse rien au Cameroun. Il vient encore de le démontrer et ses concurrents font grise mine.

La partie était déjà gagnée par vincent bolloré qui, après moult tractations, s’est retrouvé être le mieux disant de tous les prétendants. Associé à CMA CgM, le troisième armateur mondial et au groupe chinois CHEC qui connaît bien le terrain pour avoir construit le Port de KRIBI, le tandem aura mis pas moins que 409 milliards sur la table. Il a aussi l’argument d’une meilleure expérience et fait mieux en termes financiers que ses concurrents. Le consortium conduit devra donc logiquement se voir adjuger le Port de KRIBI comme certains le craignaient.

Les carottes étaient pratiquement cuites depuis des mois, mais il n’empêche que les concurrents, mauvais perdants, en sont à crier au scandale et ont de saisir Paul biya d’une lettre de protestation. Ils ont décidé de frapper plus haut que le Premier ministre, qui jusquelà, était chargé du dossier. on va certainement assister à une autre affaire Progosa.

Le Précédent Progosa

S’il est un concurrent au Cameroun prêt à se délaisser de sa dernière chemise pour faire sa fête à vincent bolloré, c’est bien Progosa, le géant de la manutention qui a cent fois perdu contre vincent bolloré, au Togo, au Cameroun et au gabon. L’affaire a été réveillée au Togo il y a quelques mois, alors que les procès intentés en appel au Cameroun contre vincent bolloré ont vu in fine la condamnation de ce dernier pour faits de corruption et de favoritisme. L’homme d’affaires Dupuy Dauby, PDg du groupe Progosa, n’est pas au-dessus de tout soupçon. Il a déjà été condamné par les tribunaux togolais à dix ans de prison ferme dans une accusation gravissime de vols d’actifs du group bolloré. Mais vincent bolloré, bien que gagnant tous les coups, ne saurait être classé Monsieur Propre au regard de ses états de service au Cameroun.

Les concurrents pour la concession du Port de KRIBI l’auront appris à leurs dépens, pour gagner contre vincent bolloré la seule compétence au plan technique au plan des affaires ne suffit pas. Il faut avoir des relations bien installées au sommet de l’Etat, en commençant par nicolas Sarkozy et plusieurs ministres de la droite en France, tous des chargés de mission très spéciaux du groupe bolloré, des ministres dans la plupart des pays africains, et des alliés au sommet des Etats. Au Cameroun, Paul biya regarderait le dossier par deux fois avant de disqualifier vincent bolloré qui a fini par devenir incontournable. Si l’homme d’affaires éternue, tout le Cameroun s’enrhume. Il a été présent dans le pipeline, il est devenu omnipuissant dans le chemin de fer où il fait la pluie et le beau temps, il truste toute la place portuaire depuis qu’il a eu la bonne idée de se faire adjuger le terminal à conteneurs au nez et à la barbe de concurrents camerounais. L’homme est aussi présent en bourse où ses deux entreprises Socapalm et Safacam représentent plus de la moitié de la capitalisation de la place de Douala. L’homme est définitivement très puissant, quoi qu’en disent ses adversaires.

Aussi puissant que son empire

vincent bolloré est à la tête de l’un des empires économico-financier opérant en Afrique (voir tableau ci-contre). Sur tout le continent, il compte autant que treize concessions de terminaux à conteneurs, en Libye, en guinée, au Togo, en Côte d’Ivoire ou au Liberia. Au Cameroun il va prendre le contrôle du terminal de Kribi, c’en fera quatorze en tout sur le continent. Mais il n’empêche, vincent bolloré n’est pas homme à lésiner sur les moyens pour atteindre ses objectifs. Il est accro aux méthodes de la guerre non conventionnelle qui vont pousser des cris d’orfraie à ses concurrents.

Mais ceux-ci n’ont qu’à bien se tenir, vincent bolloré est redoutable même en France contre ses compatriotes comme on l’a vu avec bouygues ou Pierre Aim de la Saga. Le premier a été à un doigt de perdre le contrôle de son empire au profit de vincent bolloré qui avait racheté sous le manteau des actions de bouygues, au point d’en devenir actionnaire quasi majoritaire. Le sommet de l’Etat en France a dû se saisir du dossier. Pour Pierre Aim de la Saga, il n’avait pas les moyens de s’opposer à l’offre publique d’achat méchante et inamicale de son compatriote, qui a décidément les dents trop longues et un appétit de  mammouth.

Gratte-papelards de service… corrompus

En homme des réseaux, vincent bolloré sait commettre à sa solde des journalistes, au fond, ne demandent qu’à travailler pour patron français des comptoirs coloniaux. Dans un reportage signé de la photographe Isabelle Alexandra Ricq et de la journaliste nomba Danielle sur les désastres installés après chacun de ses passages par vincent bolloré, Le « Monde diplomatique »a eu mauvaise idée de publier le dossier, les réactions indignées n’ont pas manqué dans la blogosphère. on s’attarde sur cette réaction d’un internaute français qui se fait appeler « Rage » : « n’ayant pas eu vos contacts mes chères "journalistes indépendantes", je dirai simplement que vous dénoncez une attitude que vous même avez. En d’autres termes, on vous file du fric pour faire un reportage et pour ce, vous questionnez des gens et vous vous permettez de publier leurs images sans le consentement de ces derniers ». Et la rage monte d’un cran : « Alors mesdames, tout en espérant que vous tomberez sur ce commentaire, dites-moi ce que vous avez fait d’autre si ce n’est de vous bourrer les poches aux dépens des autres ? »

Le mot est lâché. Il est question d’argent, d’espèces sonnantes et trébuchantes quand des journalistes osent braquer leurs appareils photo sur les ilots de misère noire que laisse le passage vincent bolloré dans des contrées du Sud Cameroun, le tableau des salières de misère que dispense l’industriel français à ses employés camerounais dans les plantations de la Socapalm au Cameroun alors qu’il est présenté comme un humaniste de la dernière génération. Mais on a oublié que, pour le contrôle du terminal à conteneurs du Port de Douala avec des concurrents comme Progosa, vincent bolloré a mobilisé les gros moyens.

Une dizaine de rédacteurs en chef des principaux quotidiens paraissant au Cameroun ont été invités, pour un séjour de deux semaines, billets d’avion et frais d’hôtel compris, payés sur les deniers colossaux de l’homme d’affaire français. Dans les livres de la déontologie du journaliste diffusés en France, on rappelle qu’il ne faut surtout pas accepter des cadeaux en nature ou des voyages de certaines personnes, pour garder intacte son indépendance. Mais les journalistes camerounais l’ont fait, et on a vu les conséquences dès la même semaine dans les colonnes des journaux : ils chantaient tous, dans un magnifique ensemble, les louanges et l’humanisme de vincent bolloré. Ils avaient d’office condamné Progosa, l’autre concurrent, avant que la justice ne tranche définitivement. Beaucoup d’eau a coulé sous le pont pour ces journalistes qui, pour la plupart, se rendaient sur le sol français pour la première fois. La griserie d’un voyage par avion et la fraîcheur craquante de quelques billets de banque dans la poche avaient eu raison du sens critique réputé élevé de nos journalistes. Comment appelle-t-on ça, c’est en un mot de la corruption à sur écran géant et tapis rouge. Ces gens devraient s’attarder sur la mine que font ces journalistes après que le tribunal de Douala a formellement condamné vincent bolloré dans l’affaire pour délit de favoritisme et de corruption.

© L'Equation : David Serge Behel

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