ENGAGEMENT DE NKURUNZIZA A NE PAS BRIGUER UN 4e MANDAT : Que vaut la promesse d’un assoiffé de pouvoir ?
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BURUNDI :: ENGAGEMENT DE NKURUNZIZA A NE PAS BRIGUER UN 4e MANDAT : Que vaut la promesse d’un assoiffé de pouvoir ?

« Rassurez-vous. Après mon 3e mandat, je n'en briguerai plus un autre », foi de NKurunziza. Cette promesse peine à convaincre, tant elle est cousue de fil blanc. Que vaut en effet la parole de NKurunziza ? Que dalle! Sa sortie passe plutôt pour être une manœuvre destinée à distraire l'attention du peuple burundais. Car, on ne voit pas comment le président Nkurunziza, qui n’a pas hésité à marcher sur tant de cadavres pour assouvir sa soif de prolonger son bail à la tête de l’Etat burundais, viendrait à perdre aussi facilement le goût du pouvoir. Et puis, « l’appétit vient en mangeant », dit-on. Et ce n’est pas Pierre NKurunziza qui démentirait l'adage. Bien au contraire. "Qui a bu, boira", dit un autre adage.

Le peuple burundais doit éviter de succomber au charme du serpent

Le président burundais, qui a déjà trahi le peuple burundais en violant la Constitution de son pays et l’Accord de paix d’Arusha pour briguer un 3e mandat, trahira encore certainement sa promesse de ne pas briguer un 4e mandat. C’est, du reste, le propre des dictateurs. Quand ils sont sous pression, ils font des promesses, juste pour se donner les moyens de desserrer l'étau. Des promesses qui n’engagent que ceux qui ont la naïveté d’y croire. Mais dès que l’orage passe, ils se dépêchent de renier leurs engagements. Une façon donc pour eux, de berner leur peuple. Les moins avertis pourraient donc être tentés de croire NKurunziza, en se disant qu’après tout, cinq ans, ce n’est pas une éternité. Ce serait une erreur fatale.

Le peuple burundais doit à tout prix éviter de succomber au charme du serpent. Il devrait savoir que « qui vole un œuf, volera un bœuf ». Si NKurunziza ne s'est pas gêné pour fouler aux pieds l’Accord qui a permis à son pays de sortir du gouffre, il ne se gênera pas non plus pour remettre le feu à son pays, si sa boulimie du pouvoir n’est pas totalement assouvie. Le sera-t-elle d'ailleurs un jour ? En tout cas, sa dernière sortie laisse pour le moins songeur. Car, comment comprendre que pendant que les pays voisins s'emploient à prêter leurs bons offices, NKuruniza ne se gêne pas de jeter de l’huile sur le feu, en annonçant qu'il sera bel et bien candidat ? Et puis, l’arrestation de son principal opposant au nez et à la barbe des délégations étrangères accourues au chevet de son pays, traduit à l'envi sa forte addiction au pouvoir. Et il est visiblement prêt à tout pour parvenir à ses fins.

Et ce n’est pas le sommet sous-régional prévu pour le 13 mai prochain à Dar-es-Salam en Tanzanie, qui refroidira ses ardeurs. Loin s’en faut. D'autant que NKurunzia sait très bien que les chefs d’Etat qui seront au prochain sommet, nourrissent plus ou moins les mêmes rêves de pouvoir à vie. Ces chefs d’Etat ne se tireront certainement pas une balle dans le pied en prenant fait et cause pour le peuple burundais. Ils savent très bien que l'issue de la situation au Burundi impactera leurs rêves de s'éterniser au pouvoir. Si NKurunziza échoue, tous ses homologues qui caressent le même rêve que le satrape burundais, auront le sommeil agité. Sous cet angle, on peut s'attendre à ce que chacun ait à cœur de ne pas contrarier l’ami NKurunziza.

Il n’y a pas de compromis possible à faire avec un dictateur

C'est dire que le peuple burundais ne doit son salut qu’à lui-même. Sa victoire sur la dictature dépendra de sa détermination. C'est pourquoi les Burundais doivent d’abord et surtout compter sur eux-mêmes, sur leurs propres forces. Ils doivent comprendre qu'ils sont maîtres de leur propre destin. Le peuple burundais doit montrer à NKurunziza qu’il mérite mieux qu'une dictature. Et c’est en restant mobilisé qu’il pourra mettre en déroute tous ces fossoyeurs de la démocratie dans son pays, que sont NKurunziza et ses partisans. Quitte à compter ensuite sur un soutien extérieur. A l'image de celui du Balai citoyen au Burkina, qui vient de donner de la voix à Ouagadougou, en organisant hier dans la matinée, un meeting de soutien à la jeunesse burundaise aux prises depuis plusieurs jours avec le satrape burundais. Et ce n'est pas le seul soutien : pour une des rares fois, l'Union africaine vient de prendre position contre un potentat africain, en affichant ouvertement son opposition à une troisième candidature de NKurunziza. Une véritable claque pour l'ancien prof de gym. Que fera-t-il après la sortie de l'UA ? Trouvera-il encore des soutiens au sommet de Tanzanie pour l'encourager dans sa forfaiture ? Rien n'est à exclure.

En tous les cas, les Burundais doivent se convaincre d'une chose : il n’y a pas de compromis possible à faire avec un dictateur. Et comme l’écrivait si bien Jean de la Fontaine, « tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ». Tout dictateur prospère aux dépens du peuple qui l’écoute. Les Burundais ont donc intérêt à restés vigilants. Et à maintenir, voire accentuer la pression sur NKurunziza et ses affidés.

© Source : Le Pays

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