Cameroun, Série:Les sacrifiés du Sdf,Me Joseph Lavoisier Tsapy : victime du tribalisme à Bafoussam
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Cameroun, Série:Les sacrifiés du Sdf,Me Joseph Lavoisier Tsapy : victime du tribalisme à Bafoussam :: CAMEROON

En plus de 25 ans de militantisme au sein de la plus grande formation politique de l’opposition camerounaise, l’avocat basé à Bafoussam a été écarté de tous les cercles décisions ou de tous les postes électifs « juteux », à cause de ses origines tribales.

«Ma foi militante reste intacte. Je n’ai pas milité au Sdf pour chercher les postes. J’ai un métier qui me nourrit bien et me conforte au plan social. J’ai milité pour la méritocratie et l’égalité des chances. Je reste un combattant des libertés et de la démocratie. Quand il y a une injustice quelque part, il est de ma responsabilité de m’y opposer par tous les moyens légitimes. Les ingratitudes et les coups bats ne vont pas m’émousser.» Telle est la conviction de Me Joseph Lavoisier Tsapy, avocat au barreau du Cameroun et militant du Sdf depuis son lancement le 26 mai 1990 à Bamenda. A la veille de la célébration des 25 ans du Sdf, il n’occupe pas les premiers rangs comme lors des années de braise, mais son cœur reste à l’ouvrage. Même dans la circonscription de Bafoussam Ier, il n’est pas à l’honneur. Un élan d’exclusion reproduit au mois de février dernier lors du renouvellement des instances locales du Front social démocrate (Sdf en anglais) de Bafoussam Ier.

Le Phénomène Deffo Oumbé

Pas une trace de Me Joseph Lavoisier Tsapy ce samedi 14 février 2015 à Bafoussam. Le foyer Bandjoun de la localité grouille de monde à l’occasion du renouvellement du bureau exécutif de la circonscription électorale du Sdf, Deffo Oumbé Sangong, président sortant de cette circonscription électorale et député de la Mifi à l’Assemblée nationale, se trouve seule à la manœuvre. Il tient à être reconduit comme chef de file des troupes du parti de Fru Ndi dans la métropole régionale de l’Ouest. Cyrille Ngnang, ancien maire de la commune de Bafoussam Ier et ancien député suppléant à l’Assemblée nationale est aussi absent. Mais Deffo Oumbé Sangong n’est pas reconduit dans ses fonctions sans écueils. A son service, les membres de la milice locale du Sdf-dont il est l’un des chefs au niveau national-filtre les entrées. Les personnes soupçonnées d’être proches de Me Joseph Lavoisier Tsapy sont tenues à l’œil. C’est ainsi que Fobalu, un proche de l’avocat est éjecté de son poste de trésorier. Dans la foulée, Deffo et ses affidés crient à la victoire. Ils viennent de réussir un autre coup. Se maintenir à la tête de la structure locale du parti et dominé Me Joseph Lavoisier Tsapy comme ils le font depuis 2002. Cette année, contre toute attente, Deffo Oumbé Sangong a lâché Me Joseph Lavoisier Tsapy naguère son allié pour l’affronter lors des primaires pour la députation dans l’ex circonscription électorale de Bafoussam urbain. Au final, Deffo Oumbé Sangong était investi comme candidat à la députation, au détriment du juriste. Vaincu à la députation, le chef de la milice locale du Sdf va s’arranger pour favoriser la candidature de Jacques Kago Lélé, à la tête de l’ex commune urbaine à régime spécial de Bafoussam. Avec un seul motif à la bouche :il est préférable que la commune de Bafoussam soit géré par un fils du grand-Mifi qu’un originaire de Balessing. Ainsi Me Joseph Lavoisier Tsapy qui a occupé le poste de président du conseil municipal de la ville de Bafoussam de janvier 1996 à juillet 2002, est une fois de plus attaqué par les militants du Sdf qui brandissent sa non appartenance au département de la Mifi. Contrairement au discours soutenu par la hiérarchie de leur formation politique, ils font les leurs, les notions d’autochtones et d’allogènes contenues dans la Constitution du 18 janvier 1996.

Après les déboires de Jacques Kago Lélé évincé de la tête du conseil municipal courant 2006, Me Joseph Lavoisier Tsapy, Deffo Oumbé Sangon et Siméon Serge Noumba signe un pacte de non agression pour les postes électifs dans la Mifi. L’avocat est prédisposé au poste de maire de la nouvelle commune de Bafoussam Ier. Les deux autres doivent postuler à la députation. John Fru Ndi à Bamenda donne son onction à cette option. Brillant avocat, Me Joseph Lavoisier Tsapy parvient à faire disqualifié la liste du Rdpc aux élections municipales à Bafoussam Ier, permettant- ainsi au Sdf de gagner cette commune sur tapis verts. Mais au moment de l’élection du maire, sa candidature ne prospère, sous le motif qu’il n’est pas originaire de Bafoussam. En ces lieux et places, Cyrille Ngnang, un proche de Siméon Serge Noumba, est porté à la tête de cette municipalité. Dépité et lâché par la hiérarchie du Sdf qui réhabilite et soutient Cyrille Ngnang, Me Tsapy attend impatiemment 2013 pour se repositionner. Exclu de la liste des candidats aux élections sénatoriales d’avril de cette année là, il se bat pour la disqualification des listes du Rassemblement démocratique du peuple camerounais à l’Ouest et dans l’Adamaoua. Ce qui fait que le parti de la balance triomphe sans obstacles dans les deux circonscriptions. Mais aucune récompense en termes de paiement des honoraires comme promis par le sénateur Jean Tsomelou par ailleurs tête de file du Sdf au sénat et président régional de cette formation politique. Une motivation en guise de positionnement comme candidat aux élections législatives de septembre ne lui ait pas également accordée.

Courroie de transmission

Au contraire sa candidature aux primaires pour les législatives dans la Mifi est invalidée par le clan Deffo Oumbé pour non paiement des cotisations. Motif jugé léger par l’avocat qui dénonce une fois de plus le tribalisme. «Je suis déçu par l’excès de tribalisme qui caractérise nos frères militants originaires du département de la Mifi. En 2007, au moment de l’élection du maire de la commune de Bafoussam Ier, les conseillers avaient été approchés, et ont été les soudoyés pour voter

un originaire de Bafoussam comme maire. Quand le Rdpc a gagné la mairie de Bafoussam Ier en 2013, le même désordre s’est produit. Même dans le Rdpc, j’ai observé la même tendance. On a combattu monsieur Tama. Il voulait être maire, certaines personnes s’y sont opposés parce qu’il Si on n’est pas Bafoussam, Bamougoum ou Baleng, on ne peut plus faire la politique dans la Mifi. Et pourtant il a été intronisé comme prince à la chefferie Bafoussam. Son épouse y porte les attributs de Maffo. Il y a énormément de tribalisme. C’est extrêmement dangereux. Il faut sanctionner les auteurs du tribalisme politique. On les connait dans le Sdf», s’indigne-t-il. « C’est lié à un déficit de démocratie interne. Le Sdf tel qu’il fonctionne ne forme pas ses militants assez. On n’a jamais fait des séances d’éducation politique. Si on faisait comme l’Upc dans les années 50, le Sdf se porterait mieux. Je dois dire qu’au départ le Sdf a fortement contesté les notions d’autochtones et d’allogènes. Nous avons fortement critiqué ces notions d’autochtones et d’allogènes», explique l’avocat. A 50 ans révolus, Me Joseph Lavoisier Tsapy n’est point découragé par ces nombreuses frustrations dans l’arène politique. « J’ai montré mon dévouement en défendant nos listes lors des élections sénatoriales ou des élections couplées de 2013. J’ai carrément dormi dans les moustiques avec nos camardes de Ngaoundéré. Je suis navré de constaté que depuis que nos camardes sont aux affaires, c’est le black-out total. Chacun veut accéder dans des pôles de pouvoir pour avoir tout pour lui-même et rien pour les autres. Quand on est aux affaires, il faut penser comment faire pour renouveler son mandat en entretenant de bonnes relations avec tous les militants-électeurs », déclare-t-il. Me Tsapy se trouve autant proche des militants de base qu’il se sent régulièrement interpellé lorsque ceux-ci observent un décalage entre les discours et les pratiques du Sdf. Car son rôle de traducteur de l’anglais ou « Pidjin » vers le français des communications publiques du Fru Ndi à Bafoussam lui confère une posture de courroie de transmission entre la base et le sommet.

Défenseurs des droits humains

Les malheurs de Me Joseph Lavoisier Tsapy ne viennent pas seulement de ses adversaires dans l’arène politique. Courant 2006, il a été évincé de la direction de la ligue des droits et des libertés par Charlie Tchikanda et consorts. Mais son combat pour les droits humains ne s’est point étiolé. En 2008, il est monté au front pour défendre de nombreuses personnes persécutées dans le cadre des émeutes de février. Instruit par le comité exécutif national du Sdf, il était au rang des avocats constitués pour défendre l’artiste contestataire de regretté mémoire, Lambo Sandjo Pierre Roger dit Lapiro de Mbanga. Suite au décès de Virginie Takoguem à proximité du bureau de vote de l’école publique de Keng à Bandjoun, au lendemain de l’élection présidentielle de 2011, cet avocat s’est ligué contre les manipulations et la violence du régime de Yaoundé. Pour lui, il était constant que Virginie Takoguem a été bastonné et tué à cause de son appartenance au parti du 26 mai. Il liait le sort de cette dernière à ceux des six militants « piétiné par balles » lors de la marche de lancement du Sdf le 26 mai 1990 à Bamenda

© Pour Camer.be : Simplice Talamdjou

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