Les frontières Tchadienne sous haute surveillance face à la menace Boko Haram
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Les frontières Tchadienne sous haute surveillance face à la menace Boko Haram :: CHAD

Hommes, femmes, véhicules: une fouille minutieuse attend tous les candidats à la traversée du pont Ngueli, par où transite l’essentiel des marchandises importées au Tchad et qui relie la capitale N’Djamena à l’extrême-nord du Cameroun, où sévit le groupe islamiste Boko Haram.

« Nous cherchons des armes », explique un policier tchadien du poste frontière. Omniprésents, douaniers et services de sécurité inspectent les véhicules à la recherche d’armes destinées à Boko Haram, en provenance du Tchad. Dans l’autre sens, le contrôle est encore plus rigoureux: on craint surtout l’arrivée d' »explosifs ».

Dès l’ouverture du pont, chaque matin à sept heures (06H00 GMT), et jusqu’à sa fermeture peu avant la tombée de la nuit, ils sont des milliers à l’emprunter: pour la plupart des commerçants qui acheminent des marchandises de l’autre côté de la frontière, ou encore des élèves de Kousséri (côté camerounais) scolarisés dans la capitale tchadienne.

« Il n’y a pas d’exception », poursuit le policier en palpant les poches d’un gamin d’à peine 13 ans. « Vous avez vu comment les BH (Boko Haram) envoient des petites filles kamikazes se faire exploser au milieu de la foule (au Nigeria)? Nous ne voulons pas que ça arrive ici ».

Le Tchad, en première ligne dans la guerre contre les insurgés islamistes nigérians, redoute des attentats sur son sol.

Les troupes tchadiennes aguerries ont joué un rôle décisif dans l’affaiblissement des insurgés depuis leur déploiement au Nigeria en février, dans le cadre d’une opération régionale à laquelle participent également le Nigeria, le Cameroun et le Niger.

Et N’Djamena, la capitale, n’est située qu’à une cinquantaine de kilomètres de l’État nigérian de Borno, fief de Boko Haram.

« Nous avons lancé une guerre ouverte à ces gens-là, nous ne pouvons pas nier que la menace est là: les bombes dans les mosquées et sur les marchés, c’est leur spécialité », estime Abakar Walar Modou, secrétaire général de l’université du roi Fayçal à N’Djamena, bon connaisseur du groupe islamiste.

Dans les rues de la capitale, la surveillance des forces de police et de gendarmerie a été considérablement renforcée ces derniers mois. Les contrôles d’identité, devenus systématiques dans les quartiers où vivent d’importantes communautés nigérianes, ont donné lieu à des centaines d’arrestations.

Selon des sources sécuritaires à N’Djamena, des éléments de Boko Haram viennent régulièrement se réfugier, ou acheter des armes au Tchad.

Il y a quelques semaines, 19 personnes soupçonnées d’appartenir au groupe islamiste ont été interpellées au moment où elles traversaient la frontière depuis le Cameroun dans la région de Bongor, à environ 200 km au sud de N’Djamena, affirme un capitaine de police sous couvert d’anonymat.

Même le piment

Pour bloquer toute infiltration, les autorités tchadiennes ont interdit toute navigation sur le Chari et son affluent le Logone, qui longent la frontière entre le Tchad et le Cameroun. Sous le pont Ngueli, le fleuve auparavant sillonné par d’innombrables pirogues passant d’un pays à l’autre est désormais désert.

Mais ces restrictions aux frontières, et notamment au poste de Ngueli, pèsent sur l’économie tchadienne et le quotidien des N’Djamenois.

« Maintenant, quand on fait l’aller-retour, on revient avec un petit sachet, ils te contrôlent à 100%. (…) C’est devenu tout un tas de problèmes pour traverser le pont, il faut les pièces d’identité et tout et tout », se plaint Ahmad, un commerçant.

Beaucoup de produits manufacturés (téléphonie, pièces détachées pour automobiles…), voire agricoles, sont importés de l’étranger et pour un pays enclavé comme le Tchad, le débouché maritime du port camerounais de Douala est vital.

Or, l’essentiel des marchandises transitent par le nord du Cameroun jusqu’à Kousséri, sur un axe routier qui longe la frontière camerouno-nigériane et où des camions ont été attaqués à de nombreuses reprises.

Résultat: les produits acheminés par la route se font de plus en plus rares, et « tout a augmenté, même le piment est devenu trop cher », explique Awa, la quarantaine, qui se « débrouille » en revendant au Tchad des bières achetées à Kousséri.

« Beaucoup de choses sont devenues trop chères ici à N’Djamena. On dit qu’avec les Boko Haram, la route est devenue difficile. On nous dit ceci, cela… », s’énerve-t-elle. « Mais nous, on vit très mal ».

© Source : AFP

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