Conflit au sein du SDF : avis de guerre tribale à Douala Vè
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Le président régional du parti pour le Littoral, Jean Michel Nintcheu, brandit le spectre des violences si le siège de feue Françoise Foning allait à un non Bamiléké.

Réquisitoire ? Procès en sorcellerie ? C’est une véritable charge qui vient de choir sur la tête du pauvre Abel Elimby Lobè, éminent membre du Social Democratic Front (Sdf) dans le Littoral. Il a eu droit à cette déconvenue parce qu’il avait osé émettre l’idée selon laquelle, à la tête de l’exécutif communal, il faut procéder à une sorte de rotation entre les différentes composantes tribales de la municipalité. Une proposition bien accueillie par les populations de Douala V. Surtout que la défunte édile, Françoise Fonning, originaire de l’Ouest Cameroun, avait passé plusieurs années à la tête de cette mairie.      

Dans une riposte musclée, le président régional du Sdf, le député Jean Michel Nintcheu, met en garde Abel Elimby Lobè contre la campagne médiatique que mènerait ce dernier. Il lui reproche de promouvoir, avec «frénésie», «certaines candidatures au poste de maire de cette commune, tout en stigmatisant d’autres candidatures».

Il parle de «propos vindicatifs et xénophobes tenus par le camarade Elimbi Lobe dans les médias contre les ressortissants de la région de l’Ouest». Cette polémique, en réalité, remet au grand jour les batailles clientélistes qui font rage au sein du Sdf. En sonnant cette charge de l’intérieur, Jean Michel Nintcheu se garde bien de dévoiler la démarche tout aussi pernicieuse que certains de ses petits amis et lui-même entretiennent depuis quelques semaines dans les salons feutrés de Douala, en vue de mettre en selle un ressortissant dit «anglo-bami» à Douala Vème.

Mis au parfum de cette stratégie politico-tribale, M. Elimby Lobè aurait en effet, selon des sources introduites, entrepris de démonter la combine.

Du coup, le «frénétique» a compromis les plans secrets de certaines personnes ayant fait de l'instrumentalisation politique du tribalisme une vraie menace à la paix sociale et à la cohabitation harmonieuse. «En désespoir de cause, Jean Michel Nintcheu et ses petits amis ont embouché les trompettes de la victimisation et de l’exclusion pour couvrir leurs turpitudes», affirme un conseiller municipal de Douala Vème qui, curieusement, est de la même aire sociologique que le député du Sdf et ses condisciples. L’homme, particulièrement remonté, affirme ne pas comprendre «ces replis identitaires contreproductifs qui n’honorent pas certaines personnalités» : «C’est à travers ce type de manigances que nous, les Bamilékés, avons parfois l’impression d’être ostracisés.»

Les peurs de Laurent Esso

Ces propos, tenus par une personnalité qui ne cache pas «[sa] honte», face à «des agissements dégradants de l’homme bamiléké par des Bamilékés», félicite Abel Elimby Lobè d’avoir «aidé à crever l’abcès». Ils rappellent, surtout, cette mise en garde signée du représentant de la communauté sawa et non moins ministre de la Justice, garde des Sceaux, Laurent Esso en septembre 2013. En effet, à l’occasion d'une célébration œcuménique d'action de grâce dédiée au président du Sénat, Marcel Niat Njifenji, le haut dignitaire du régime avait fustigé la turbulence générée par tous les courants sociologiques porteurs de progrès, mais aussi d'incertitudes.

«Quand nous parlons d'unité nationale, quand nous parlons d'intégration nationale, il ne faudrait pas que cela reste une vue de l'esprit. Réalisons simplement que cette région du Littoral est le creuset de la cohésion nationale. Nous devons donc, à chaque instant, éviter des discordes inutiles, des insinuations stériles. Nous devons, à chaque instant, éviter toutes ces attitudes qui provoquent des blessures parfois difficiles à guérir, des blessures qui nous installent malheureusement dans une suspicion permanente et dans la méfiance destructrice. Des blessures qui durent et subsistent au-delà de l'oubli», avait déclaré M. Esso. L’homme, sans fioritures, s’était attaqué à ceux-là qui ont fait du tribalisme leur fonds de commerce politique dans le Littoral en général, et à Douala en particulier et font peser de réels risques de dérives. En sommes-nous aujourd’hui si éloignés  ?

© La Météo : Nadine Bella

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