Un rapport sur l'Afrique recalé à l'Assemblée nationale française : Guigou comptait passer ses prochaines vacances à Yaoundé ?
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FRANCE :: Un rapport sur l'Afrique recalé à l'Assemblée nationale française : Guigou comptait passer ses prochaines vacances à Yaoundé ?

De mémoire de député, "la situation est totalement inédite". Selon plusieurs fonctionnaires de l'Assemblée, "c'est du jamais-vu". Le 15 avril au matin dans le huis clos de la commission des Affaires étrangères, salle 4223, sa présidente PS, Elisabeth Guigou, a retoqué un rapport qui ne lui plaisait pas. Un document de plus de 200 pages consacré aux relations de la France avec l'Afrique francophone, corédigé par Philippe Baumel (PS) et Jean-Claude Guibal (UMP).

D'ordinaire, tout rapport présenté en commission est débattu, amendé puis soumis au vote, enfin, et rendu public. Cette fois, Elisabeth Guigou a renvoyé son examen au 6 mai et a demandé à ses auteurs de revoir leur copie. "C'est le bon vouloir de la reine mère, se moque un député socialiste. Elle ne veut surtout pas apparaître comme caution de critiques de l'exécutif ni compromettre son éventuelle entrée au Quai d'Orsay...". Laurent Fabius est prévenu.

Après un an de travail, de multiples auditions et un déplacement à Paris, les auteurs du prérapport - qui n'a pas encore de titre - concluent que "la France (est) aujourd'hui mal vue en Afrique" et que "la politique africaine de notre pays reste à inventer". Ils regrettent qu'elles se limitent à "des réactions en urgence, à des interventions militaires". D'ailleurs, "pour beaucoup de chefs d'Etat d'Afrique de l'Ouest, constatent les deux députés, le ministre de la Défense est devenu l'interlocuteur numéro 1, d'autant plus aisément que la sécurité est la priorité de la sousrégion". Autrement dit, "le ministre de la Défense est ministre de l'Afrique". Après la disparition du ministre de la Coopération, le Quai d'Orsay a déserté ?

Fabius déserteur ?

Baumel et Guibal estiment que "les réactions en urgence aux crises malienne et centrafricaine ont renforcé la très étroite relation qui unit le président de la République à Jean-Yves Le Drian et ont joué fortement dans la part que le ministère de la Défense a prise dans la gestion des affaires africaines".

Tout cela pour un bilan plus que mitigé, constatent les auteurs. Première salve : "Ces interventions militaires successives n'apportent pas d'apaisement durable, encore moins de paix définitive."

Seconde salve : "Cette situation n'est donc pas soutenable durablement, tant en termes politiques que militaires, tant en termes budgétaires que d'image de notre pays".

Ce tir de barrage nourri contre l'exécutif a fortement déplu à Elisabeth Guigou. "On ne critique pas l'action de la France à l'étranger, estime-t-elle. Le faire c'est prendre le risque de nous fragiliser". Idem, lorsque l'on éreinte "nos partenaires historiques" (entendez dictateurs installés par la France, note de SLT). A commencer par Paul Biya, le président camerounais. Les deux rapporteurs ne s'en privent pas, parlant "d'un régime illégitime, qui fait face à des explosions régulières mais tient, malgré tout, et se reproduit. Ce régime est né de la répression et a toujours maintenu un fort appareil de renseignements, de forces spéciales, notamment la garde présidentielle".

Guigou comptait passer ses prochaines vacances à Yaoundé ?

 

© Source : Le Canard Enchaîné

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