Cameroun : Le RDPC au bord de la déchirure
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Le temps a peut-être passé, mais des militants du parti du flambeau ardent ne décolèrent pas devant leurs punitions. D’aucuns ont viré dans l’opposition. Que sont devenus les militants sanctionnés par la commission Musounge ? «Les sanctionnés sont là. Nous sommes encore vivants», rétorque Pascal Charlemagne Messanga Nyamding.

Ce membre titulaire du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais, Rdpc, avait écopé d’un blâme signifié par la Commission Musongue. Pour revenir sur les faits, au sortie des élections couplées municipales/législatives 2013 le président national du Rdpc avait ordonné la  mise sur pied d’une commission. La Commission Musongue dirigée par Peter Mafany Musongue avait pour tâche de connaitre les responsables de l’indiscipline au sein du parti pendant lesdites élections. Plus de six mois après les sanctions du président national du Rdpc, certains «fauteurs de trouble» demeurent actifs.

Maire de la commune de Mombo dans le département du Moungo, Jean Blaise Djoukou faisait partie des huit militants exclus définitivement du parti. Jean Blaise Djoukou reste pourtant maire et remplie toutes les obligations liées à sa fonction. C’est avec sa casquette d’édile locale qu’il a d’ailleurs assisté, le 11 avril dernier à la cérémonie d’ouverture du forum Balong à Mbanga. Ce qui avait attiré la curiosité de plus d’un. Certains conseillers municipaux exclus temporairement ou définitivement du parti sont tout aussi en poste.

Comme le souligne le Pr Pascal Charlemagne Messanga Nyamding que nous avons eu au téléphone lundi 20 avril 2015, «vous pouvez être exclus mais vous ne perdez pas votre mandat. Ce n’est pas le mandat du parti.» En gros, les exclus ne perdent pas leurs fonctions de conseiller municipal ou de maire, mais ils perdent leur qualité de militant du parti. «Il faut faire la différence entre la fonction et la qualité du militant. Ils ne peuvent plus poser des actes au nom du parti. Le mandat n’est pas rattaché à un parti politique. On peut démettre un militant, pas un élu», ponctue la source.

«Qui vivra verra»

Pour l’interlocuteur, son blâme reste une pilule amère. «Le président Paul Biya a mis en place la commission ad hoc pour les questions d’indiscipline relatives au double scrutin. On ne m’avait pas interrogé sur un problème de désordre lié au double scrutin. On m’avait plutôt interrogé sur les choses que j’avais dû dire à la radio avant le double scrutin. On m’avait demandé pourquoi j’avais affirmé que le secrétariat du comité central était un haut lieu de corruption ? Ça n’avait rien à voir avec le double scrutin. Je peux confirmer ça devant Dieu.»

Comme il l’a toujours proclamé, Pr Messanga Nyamding tempête : «C’est pour dire que c’était des règlements de compte. Dans mon cas, j’ai su après que c’est Moukoko Mbonjo et quelques présidents de sections qui ont  fait de faux rapports contre moi.  C’est moi qui devrais en fait les accuser parce qu’en tant que vice-président de la commission des investitures dans le Nkam, c’est moi qui avais fait un rapport pour signaler que les listes publiées ne sont pas les listes qu’on avait investies. On m’accuse parce que j’ai dit qu’on n’a pas investi les bonnes listes.»

La colère et l’incompréhension ont poussé des militants comme  Pierre Paul Moubitang dans le Mbam a entré dans le Crac de Bernard Njonga. Il n’avait pourtant pas été exclu du parti. Dans le Moungo, certains ont viré dans les formations politiques de l’opposition.

Le membre du comité central du parti du flambeau ardent pense que les sanctions sont «une grosse perte pour le parti. Je pense même que certains ont signé ces sanctions pour affaiblir le parti, et destituer Paul Biya. Puisque la plupart des sanctionnés contestent même la procédure qui a été utilisée par la commission.»

A écouter le directeur des organes de presse, de l’information et de la propagande au comité central, le parti n’est point inquiété par les démissions. «Nul n’est indispensable. Il y a eu des sanctions. Certains ont accepté, d’autres ne veulent pas se plier. La loi c’est la loi. Huit de perdus, quatre vingt ou mille de retrouvés. On ne va pas tolérer l’indiscipline parce que quelqu’un estime être le plus grand militant», tranche Christophe Mien Zock, joint au téléphone. Qui invite même certains casse-pieds à faire preuve de «courage politique» en rendant leurs tabliers.

«Ils ont perdu le soutien, la confiance du parti. Il faut savoir tirer sa révérence.» Il y a un suivi dans cette affaire, puisque des recours avaient été déposés. Mais avec les coups bas visibles à l’œil nu au sein du parti du 24 mars 1985, pas sûr que la sérénité revienne à la maison avant  les prochaines échéances électorales. «Qui vivra verra», conclut Christophe Mien Zock.

 

 

© camer.be : Valgadine TONGA

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