Lutte contre Boko haram : Expédition punitive à Bia
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Des hommes armés ont tué 16 personnes, volé des centaines de boeufs et autres bétails et brûlé près de 300 cases dans ce village du Mayo Sava vendredi dernier.

Dans la nuit du 16 au 17 avril 2015, une vingtaine d’hommes lourdement armés ont fait irruption au village Bia. Ce grand village du département Mayo-Sava est situé dans le triangle Amchidé, Kolofata et Kourghi, à 12 km de la frontière d’avec le Nigéria. Bia est en fait un lieu où cohabitent trois communautés. Des Kanouris, des Arabes Choas et des Mafa y vivent chacun dans un secteur. Les assaillants de cette nuit-là s’en sont surtout pris aux populations Kanouris de Bia. Ils ont tué dix hommes par balles et en ont immolé par le feu six autres. Sept autres personnes grièvement blessées ont été transférées pour des soins.

Outre ces tueries, les assaillants ont aussi incendié près de 300 cases du village. Ils ont pris ensuite la fuite en emportant des centaines de boeufs, de moutons et de chèvres. Alertées, les forces de défense camerounaises se sont lancées à leur poursuite. Les assaillants dont la fuite était malaisée par leur lourd butin ont été rattrapés à Tabalam, une localité camerounaise située à la frontière. Un accrochage s’en est suivi au cours duquel quatre assaillants ont été neutralisés. Les soldats du Bir ont aussi récupéré 175 boeufs et 146 moutons que les assaillants s’apprêtaient à faire passer du côté du Nigéria.

Leur armement, la direction qu’ils ont prise pour leur fuite et les supplices qu’ils ont fait subir aux populations de Bia fait penser que les bandits de vendredi étaient en fait des membres de Boko Haram. Pour la première fois au Cameroun, la secte expérimente le châtiment de l’incinération. L’on peut hasarder que c’est par mimétisme avec l’organisation de l’Etat Islamique que les insurgés nigérians ont agi ainsi. Ils ont sans doute voulu envoyer des messages à cette organisation djihadiste quant à leur détermination à faire le djihad et ont posé un acte qui ressemble un peu à la plus spectaculaire des atrocités de l’Ei. En février dernier, l’Ei avait mis en scène et diffusé sur les réseaux sociaux la crémation de Maaz al-Kassasbeh, pilote de l’armée jordanienne qu’ils avaient capturé lors de combats.

Le pilote avait été enfermé dans une cage avant d’être brûlé vif jusqu’à ce que mort s’en suive. Le supplice a duré 22 minutes. Les membres de l’Ei avaient alors justifié que le pilote avait brûlé des femmes et des enfants avec ses bombes et qu’il avait pactisé avec la « Croix » (la coalition occidentale qui combat l’Ei, Ndlr).Les observateurs avaient alors parlé de la stratégie de l’intimidation. Visiblement, les six hommes incinérés vendredi l’ont été parce qu’ils étaient des Kanouris à qui la secte reproche de les avoirs trahi peut-être en renseignant les autorités camerounaises. Boko Haram, totalement mis à la déroute par une armée nigériane vindicative, tente de survivre. Les militaires camerounais qui le savent, ont compris que dans leur détresse les insurgés ou ce qu’il en reste vont tenter des incursions en territoire camerounais. Ceux de vendredi dernier semblent être partis des environs de la ville nigériane de Banki toujours sous contrôle de Boko Haram.

Les militaires ont pris des dispositions particulières. Ils ont augmenté la fréquence de leurs patrouilles et augmenté les effectifs des équipes qui les composent, qui sont passées de 30 à une cinquantaine de soldats. Des moyens matériels, véhicules et armes, ont aussi été mis à contribution. Mais, les terroristes de Boko Haram et leurs guetteurs étudient le moment où passent ces patrouilles et sévissent dans les intervalles. Ils évoluent en zone lacunaire entre les lignes des armées nigériane et camerounaise.

© Le Jour : Aziz Salatou

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