Colonel Jean Jacques Fouda, un rempart contre Boko Haram
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Le Directeur des matériels de l’armée camerounaise s’illustre par des actions d’envergure pour que l’armée camerounaise reste performante au front contre la secte islamiste.

Il y a quelques jours, lorsque l’avion transportant le ministre de la Défense venu dans le Nord du pays installer de nouveaux responsables militaires a failli se crasher sur l’aérodrome de N’Gaoundéré, avec à son bord  de nombreux officiers, dont le Colonel Fouda, une vive émotion s’est emparée des personnels du ministère de la défense. Lesquels sont venus en grand nombre au bureau du colonel, au lendemain de son retour pour lui témoigner son affection, montrant ainsi combien il est aimé par ses hommes. Et lui, au milieu de ses effusions est parti d’une réflexion somme toute militaire « Si l’avion avait crashé, on aurait dit que c’est Boko Haram qui nous a eu », a-t-il lancé au milieu des soldats. Comme on le voit, c’est bien Boko Haram sa préoccupation.

Comme on dirait, il se rase tous les matins en songeant à la manière la plus appropriée de doter l’armée camerounaise d’équipements efficients pour qu’elle vienne à bout de la secte islamiste. En tant que Directeur des matériels interarmées (DIRMATIA), il s’occupe à remplir sa mission avec efficacité. Et les résultats suivent sur le terrain où l’armée camerounaise a très vite rattrapé ce qui aurait pu paraitre comme des insuffisances. Mieux dotée, elle répond désormais vigoureusement aux incursions de Boko Haram et la secte islamiste enregistre désormais de très lourdes pertes. Avec les instructions de sa hiérarchie, le président Paul Biya et du ministre de la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o, les capacités militaires du Cameroun dans les vecteurs terre, sol, air et mer sont désormais une référence.

L’école de la vie

Né le 2 avril 1963 à Yaoundé, le Directeur des Matériels Interarmées au Ministère de la défense du Cameroun est un homme au parcours bien singulier. Issu d’une famille aux revenus modestes, pour ne pas dire pauvre, son père était domestique  chez des particuliers, hommes d’affaires et expatriés, tandis que sa mère était vendeuse de vivres frais, le colonel Jean Jacques Fouda a longtemps vécu à la dure épreuve de la vie comme toutes les petites gens. Ainsi, il était obligé, lui qui devait malheureusement souvent accompagner son père à son lieu de service, de vivre les pires humiliations qu’un boy (domestique) peut vivre à savoir les coups de colère des patrons. Le jeune Fouda en a  souvent conçu beaucoup d’amertume. Surtout que dans un quartier malfamé comme  Nlongkak (Elig-Edzoa), le quartier de sa prime jeunesse, ce n’était pas une sinécure tant il y était plus facile de se retrouver membre d’une équipée de voyous s’adonnant avec joie aux agressions plutôt qu’à suivre quelque enseignement que ce soit. C’est donc un jeune homme déterminé qui quitte le Cameroun pour rejoindre le Gabon, pour tenter de rehausser sa condition si modeste.

Une fois de plus, au lieu de se laisser aller dans le tourbillon du Gabon de cette époque là, prospère et où beaucoup de camerounais  courent après la fortune avec tout  ce que  cela comporte comme avatars, il garde la tête froide et continue ses études. C’est ainsi qu’il s’inscrit à l’Ecole Nationale Supérieure des Ingénieurs de Libreville (ENSIL) devenue plus tard Ecole Polytechnique de Franceville. Il fait partie de la première cuvée de cette école d’où il sort en 1987 nanti d’un diplôme en Maintenance Industrielle Option Mécanique Générale. Suivant les préceptes de son père, feu Jean Bosco Bilogui, qui lui a toujours recommandé de devenir à tout prix un militaire,  un métier  qui le fascinait, le jeune Jean Jacques Fouda commence à songer à son avenir. Alors qu’un recrutement spécial est lancé à l’EMIA depuis deux semaines, il n’en n’est même pas informé. C’est un ami de son feu père, M. Claude Kanyou, gérant de l’hôtel IDEAL à Nlongkak qui l’aperçoit un soir et l’interpelle : «  Pourquoi ne fais- tu pas le recrutement de l’EMIA, puisque ton père me disait que tu serais un bon militaire et que son souhait le plus ardent serait de te voir arborer l’uniforme militaire ? » Le jeune Fouda lui rétorquera que c’est bien son souhait mais qu’il est démuni. C’est M. Kanyou Claude qui se chargera donc de lui trouver 15000 FCFA, le dossier coûtant 13500 FCFA au total. Ce recrutement de l’EMIA est destiné aux jeunes techniciens dans tous les domaines, aux médecins  et aux architectes. Le jeune Jean Jacques Fouda est admis le 28 décembre 1987 dans la promotion Solidarité Africaine qui triomphe en  Août 1989.

Durant sa formation militaire, l’officier Fouda Jean Jacques brave toutes les épreuves. Il obtient ainsi son premier diplôme militaire, le Brevet militaire de parachutiste, en 1988. En 1994, il opte pour la formation à l’Ecole d’Application des Matériels de Bourges en France. Il devient officier de l’arme du matériel.  Dans son souci de se perfectionner et d’être un officier modèle, il  se fixe  pour objectif d’obtenir tous les diplômes militaires tant  dans sa spécialité comme dans  les fonctions de haut commandement.  De la sorte, il obtient le  diplôme de Commandant d’unité en 1998 à l’EMIA encore ; en 2002, le Certificat d’Etat-Major, pour le compte de la 19e promotion du 11 janvier de cette année-là. En 2003, il brave le concours et obtient le Diplôme d’Etat-Major à l’EMIA. En outre, il est titulaire des Qualifications Logistiques de 1er, 2e et 3e degré de l’École de la Logistique  de Tours en France, obtenues respectivement en 2001, 2003 et 2004. De plus, il est titulaire du Brevet de l’École de guerre  (cours de Défense et de Stratégie) acquis à l’université de la Défense Nationale de l’Armée Populaire de Chine (2008-2009).

Ascension méritée

S’agissant de son parcours professionnel dans l’armée, l’officier Fouda Jean Jacques s’est toujours attaché à s’acquitter avec brio des responsabilités qui lui sont confiées. C’est ainsi qu’en 1989, il est affecté à la section fichier central de l’armement et munitions. En 1992, il est nommé chef du bureau armement à la Direction des Matériels (DIRMAT). En 1994, il est chef du bureau munitions ; en 1996 il devient chargé d’études assistant et chef de bureau armement ; en 1998, il passe chef de service des matérielsà la 3e région militaire au Nord ; en 1999 il est nommé chef de service armement. Sa progression professionnelle monte de plusieurs crans dans les années 2000. Ainsi, en 2001 il occupe le poste de Sous –Directeur armement et munitions, il est d’ailleurs l’officier le plus jeune  à avoir occupé cette fonction. En 2003, il est chargé d’études de la Division de perfectionnement à l’Ecole Militaire Interarmes (EMIA).

En 2004, il est Commandant du Centre d’Instruction des Spécialistes des Armées (COMCISA). En 2010 enfin, il est nommé Directeur des Matériels Interarmées (DIRMATIA), poste qu’il occupe encore à ce jour et qu’il a développé avec brio et méthode. Le colonel Fouda Jean Jacques est officier du Mérite camerounais et Chevalier de l’Ordre de la Valeur. Fort de toutes les  connaissances acquises et de l’expérience accumulée, il ne s’est toutefois pas contenté de s’enfermer dans les seuls principes de l’armée ;  il s’est plutôt ouvert au monde à travers des réflexions stratégiques. Il est à ce titre l’auteur de plusieurs articles sur les questions géostratégiques de défense et de sécurité internationale. En tant que membre de l’ordre des experts internationaux dont le siège est à Genève en Suisse, il achève actuellement une thèse sur Le soutien logistique opérationnel de l’armée camerounaise à la mise en œuvre du concept de défense populaire. Le Colonel Fouda Jean Jacques est marié et père de 09 enfants.

© Correspondance de : Gilles Etoundi

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