Mohamadou Bayero Fadil : Les 30 ans du Rdpc, le climat des affaires et Boko Haram…
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Entretien à bâtons rompus avec le Président du Groupe Fadil.

Le RDPC vient de célébrer avec solennité les 30 ans de son existence. Quel bilan défend le parti de Paul Biya aujourd’hui ?
Pour paraphraser notre Président national, Son Excellence Paul Biya, « trente ans, c’est l’âge de la maturité, où l’on a encore la vigueur et l’enthousiasme de la jeunesse mais déjà le début de la sagesse.» Pendant 30 ans, nous avons réussi à maintenir l’unité et la paix sociale dans notre pays. Quand on sait que rien de solide ne peut se construire dans la division et le désordre, je crois à mon humble avis que c’est la plus grande victoire du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais.

Le Cameroun à la chance d’avoir à sa tête un visionnaire, un sage épris de justice sociale qui a su gérer, avec intelligence et efficacité, toutes les velléités déstabilisatrices qui ont failli plonger notre pays dans le chaos ; dès lors que nous étions passé d’un système monolithique à une démocratie dotée d’institutions fortes où la libre expression est garantie. C’est une autre victoire à mettre à l’actif du Président Paul Biya. La manifestation de cette unité se manifeste au quotidien par des messages de soutien qui affluent de tous les horizons du pays pour dire non à la secte islamique Boko Haram. Et comme il l’a si bien dit dans son message délivré à l’occasion de cet anniversaire, il revient dès à présent aux nouvelles générations de capitaliser ces acquis à travers des idées neuves et des propositions innovantes.

Le problème c’est que le programme politique du Rdpc n’a pas réussi à sortir les Camerounais de la pauvreté. Tous les indices de développement humain sont au rouge…
Ce que vous ne dites pas, c’est que notre parti a passé des décennies durant à gérer des crises, politique et économique. Il y a eu le coup d’Etat manqué de 1984, la crise économique de 1985, l’ajustement structurel, la dévaluation du Fcfa et ses dégâts collatéraux…qui ont dynamité toutes les initiatives gouvernementales visant à améliorer les conditions de vie des populations. Il fallait éviter le pire synonyme d’une descente suicidaire aux enfers.

Je pense que depuis 2010, le Cameroun est sur une pente économique ascendante avec la mise en œuvre du DSCE, le Document Stratégique pour la Croissance et l’Emploi ; et le Plan d’Urgence triennal lancé en janvier 2015, qui vont consolider la croissance économique et permettre aux populations de vivre dans de meilleures conditions. Ce sera une fois de plus un pari difficile à gagner avec les incidences financières que nous coûtent la guerre contre  Boko Haram.

Parlant justement de Boko Haram, dans l’une de vos sorties médiatiques, vous avez lancé un appel en direction des élites du Grand Nord pour une plus grande solidarité et une présence effective aux côtés des populations de la partie septentrionale du Cameroun, traumatisées par les agissements barbares de la secte islamique. Avez-vous aujourd’hui l’impression que votre appel a été entendu ?
Il faut déjà saluer ce que font le Programme des Nations-Unies pour le Développement, le HCR et les autres partenaires économiques au développement dans cette partie du pays. Et sur hautes instructions du Président de la République, plus de 5 milliards de Fcfa ont été débloqués par le gouvernement pour permettre la construction des points d’eau, des branchements électriques, des salles de classes et des latrines dans la Région de l’Extrême-nord. Ces projets qui sont actuellement en cours d’exécution dans le domaine de l’auto-emploi et la lutte contre la misère, peuvent considérablement réduire les sources d’alimentation du terrorisme.

Maintenant, dans cet élan de solidarité, l’Etat et ses partenaires bilatéraux ne doivent pas agir seuls. Les populations sinistrées doivent se sentir assistées par les siens, et plus particulièrement leurs élites, de manière concrète. C’était le sens de mon appel qui a d’ailleurs eu un effet boomerang avec la chaîne de solidarité nationale qui est partie du département de la Lékié. Il faudrait tout simplement que les fonds collectés et les dons en nature destinés aux populations et aux forces de défense qui combattent Boko Haram sur le terrain ne soient pas détournés à des fins personnelles. C’est ma principale inquiétude au regard des tristes expériences du passé.

Sur le théâtre des affrontements, Boko Haram est en perte de vitesse. Les villes qui étaient passées sous son contrôle tombent. Cette situation était-elle prévisible ?
Elle était prévisible. J’avais déclaré tout récemment que tous les pays du Bassin du Lac Tchad devaient être militairement impliqués dans cette guerre ; et qu’une fois encerclé, Boko Haram serait progressivement mis hors état de nuire. Cette stratégie était incontournable si nous voudrions sortir de cet engrenage meurtrier.

Le discours, en janvier dernier, du Président de la République, Son Excellence Paul Biya, devant les membres du corps diplomatique accrédités à Yaoundé, lors de la présentation des vœux, a été l’effet déclencheur. Il fallait une solution globale face à cette menace globale. Je reste pour ma part convaincu, et optimiste à cet effet, que lorsque la force multi africaine et ses 9000 hommes entreront en action avec sa force de frappe et le soutien des pays occidentaux , Boko Haram ne sera plus qu’une histoire ancienne d’anciens voleurs de bétail reconvertis en preneurs d’otages et égorgeurs pour discréditer l’islam.

Je suis d’autant plus optimiste dans la mesure où la victoire de la coalition du Congrès progressiste de l’opposition conduite par Muhammadu Buhari aux dernières élections présidentielles au Nigeria entraînera une nouvelle approche de la gestion de cette guerre. Le nouvel homme fort du Nigeria a une maîtrise parfaite du terrain et il paraît mieux armé pour tenir un langage de fermeté vis-à-vis de Boko Haram. C’était d’ailleurs l’une de ses promesses de campagne.

Au cours de l’une de mes sorties médiatiques, j’avais déclaré que l’avènement d’un nouveau pouvoir au Nigeria, dans la perspective de l’élection présidentielle de samedi dernier, était de nature à apporter des avancées diplomatiques entre le Cameroun et le Nigeria dans la recherche des voies de sortie de cette sale guerre. Les Présidents Buhari et Biya sont deux frères qui peuvent parler le même langage.

Toutefois, nous devons rester prudents et vigilants car des loups solitaires issus d’une déstabilisation du groupe terroriste peuvent déclencher d’autres situations incontrôlables. C’est pour cette raison que les populations doivent continuer à collaborer avec nos forces de défense et nos services de renseignements en dénonçant ou en signalant tout comportement ou présence suspecte dans leur environnement quotidien.

En termes de facilités au niveau des investissements, l’on observe une timide volonté du gouvernement de permettre au secteur privé de jouer véritablement son rôle de moteur de la croissance. Faut-il encore croire aux assises du Business Forum ?
Le problème du Cameroon Business Forum est celui que connaît notre administration en général et que décrie souvent la plus haute autorité du pays : c’est le problème des recommandations prises lors des rencontres et qui ne sont pas exécutées. Pour le cas du CBF, une vingtaine continue d’attendre dans les tiroirs. Ce sont des blocages qui ne sont pas de nature à permettre au secteur privé de jouer son rôle de moteur de la croissance et créateur des richesses. Pourtant, le but de ce genre de regroupement est d’instaurer un dialogue public-privé permanent afin de rendre les entreprises compétitives.

C’est pour cette raison qu’il faut insuffler une nouvelle dynamique dans la mise en œuvre des réformes structurelles si nous voulons booster les investissements. Il y a des avancées significatives qui ont été faites à ce niveau notamment, la réduction des documents administratifs requis dans les procédures de passation de marché à la seule présentation de l’attestation de non-redevance. Cette mesure nous permettra de gagner d’importants points dans l’environnement des affaires.

Ensuite, l’Etat doit soutenir les entreprises locales qui n’arrivent pas à faire le poids aux mastodontes étrangères. Et la meilleure manière de le faire dans un environnement où les barrières douanières sont remplacées par le respect des normes, c’est le financement. La banque des PME et la banque agricole sont beaucoup attendues sur ce terrain.

Affaire des photos truquées, santé du Président Paul Biya, critique des faits de sa gouvernance… L’acteur est-il dans la salle ?
Je vous laisse le soin d’apprécier. Ce genre d’informations vise principalement à détourner le peuple camerounais des préoccupations de l’heure. Ne nous trompons pas d’ennemis. De toutes les façons, il faut que le journal Le Monde sache tout simplement que cette méthode de déstabilisation ne passera pas dans notre pays. Notre peuple est suffisamment aguerri pour ne pas tomber dans ce genre de piège.

Je voudrais également lancer un appel en direction des médias locaux afin qu’ils aient le sens de responsabilités lorsqu’il faut traiter des informations concernant le Cameroun et qui viennent de l’extérieur. Un recul s’impose car une mauvaise gestion est de nature à remettre en cause toutes les énergies actuellement concentrées pour mettre un terme aux exactions de la secte islamiste Boko Haram.

Quelles images gardez-vous de Françoise Foning au sein de la famille Rdpc ?
Avec son dynamisme et son engagement républicain, elle nous laisse une leçon d’humilité et de modestie. Elle a prouvé que l’on peut réussir dans tous les secteurs de la vie nationale sans faire partie de l’élite intellectuelle. Les jeunes doivent s’approprier ces valeurs citoyennes dans un monde où le gain facile tend à prendre de plus en plus le pas sur le culte de l’effort./.

© Source : Press House

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