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© Correspondance : Bergeline Domou
- 01 Apr 2015 14:10:59
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Cameroun,Affaire Enoh Meyomesse :Annulation des charges de vol aggravé et vente illégale d’or par le commissaire du gouvernement en appel. :: CAMEROON
C’est à une requalification des charges retenues contre Enoh Meyomesse que nous avons assisté lundi 30 mars 2015 pendant l’audience en appel de sa condamnation par le Tribunal Militaire de Yaoundé à une peine de sept ans ferme, pour « complicité de vol aggravé (braquage) et de vente illégale d’or ».
Les débats enfin ouverts à 12 heures, au 24ème renvoi, auront duré quatre heures d’horloge et auront connu une longue interruption par le président du tribunal, Gilbert Chilick, pour réexaminer les dispositions du code de procédure pénale. Les avocats d’Enoh Meyomesse sont parvenus à démontrer l’inexactitude de ces deux accusations, et le commissaire du gouvernement (procureur) coincé, n’avait plus d’autre choix que de reconnaitre le caractère fondé de leurs arguments, en d’autres termes la non culpabilité d’Enoh. Alors que l’on se serait attendu à ce qu’il le déclare à haute et intelligible voix, il s’est alors plutôt levé, pour demander au président du tribunal de changer les accusations, d’abandonner celles de complicité de vol aggravé et de vente illégale d’or, pour en introduire une nouvelle, à savoir « recel aggravé ». Suspension de séance a aussitôt déclaré Gilbert Chilck, pour examiner cette requalification des faits. En effet, un problème se posait : dès lors que c’est Enoh Meyomesse qui avait fait appel du jugement du Tribunal Militaire, l’accusation, qui, de son côté, ne l’ayant pas fait, est-elle en mesure d’introduire une nouvelle accusation ?
A la réouverture de la séance, contre toute attente, Gilbert Chilick a autorisé la requalification des faits. Enoh Meyomesse est de nouveau remonté à la barre, a de nouveau prêté serment, et les débats ont recommencé suer la base de cette nouvelle accusation. Ses avocats n’ont eu aucune peine à rappeler que la qualification de recel avait déjà été disqualifiée par le juge d’instruction dans son ordonnance de renvoi à la barre, et qu’il était bien curieux qu’elle soit réintroduite à ce stade de la procédure. Néanmoins, ils ont démontré une fois de plus le caractère infondé de cette qualification basée uniquement sur les déclarations extorquées sous torture auprès des accusés, et sans autre preuve, et encore moins sans scellé. Maître Mbuny a longuement, dans sa plaidoirie, démontré le caractère avant tout politique de ce procès, malgré le maquillage de droit commun qui en est fait, et qu’Enoh Meyomesse n’est que victime de son indépendance d’esprit et de son appartenance à l’opposition malgré le fait qu’il soit originaire de la région du Sud, la même région que le président Biya.
A la fin de l’audience, Gilbert Chilick a fixé le verdit au 14 avril 2015.
Récapitulatif.
1/- le ministère public, à savoir le commissaire du gouvernement (procureur), a lui-même demandé l’annulation de l’accusation ayant motivé la condamnation d’Enoh Meyomesse. En d’autres termes, il a sournoisement déclaré « non coupable » de ses deux chefs accusations : il n’a pas participé à un complot portant sur un vol aggravé (braquage), et il n’a pas vendu légalement ou illégalement de l’or ;
2/- le ministère public, dans le cas d’espèce, le Ministère de la Défense, cherche obstinément à obtenir une condamnation d’Enoh Meyomesse, au besoin en créant une jurisprudence, à savoir « introduire en appel de nouveaux chefs d’accusation » ; il passe ainsi d’une accusation à l’autre, pourvu que soit condamné Enoh Meyomesse ;
3/- le commissaire du gouvernement, sans le vouloir, est en train de répéter le comportement abject du Tribunal Militaire ayant condamné Enoh Meyomesse sans preuves ni témoins, et de démontrer ainsi, une fois de plus au grand jour, le caractère essentiellement politique de la justice militaire, une « justice » aux ordres d’un ministre qui n’est pas celui de la justice, et qui, selon Enoh Meyomesse, dans sa défense, aurait juré d’avoir sa peau ; un des conseils d’Enoh Meyomesse est du reste longuement revenu sur cet aspect du procès, à savoir, des règlements de comptes inter-Bulu : « mon client est victime de son excès de bavardage », a-t-il déclaré ;
4/- il apparait désormais clairement que le président de la Cour précédente, celui qu’a remplacé le juge Gilbert Chilick, refusait d’ouvrir le procès Enoh Meyomesse, soit sur ordre du Ministère de la Défense, soit pour ne pas devoir refaire le droit ainsi que l’a proposé le commissaire du gouvernement à travers son introduction d’une nouvelle accusation en jugement d’appel ;
5/- dans cette affaire, on est passé de « tentative d’insurrection », à « recel aggravé », en passant par « vol aggravé en coaction », « complicité de vol aggravé », etc. ; bref, il s’est agi d’un grossier tâtonnement judiciaire …
6/- enfin, il est clair que ce qui est reproché à Enoh Meyomesse c’est sa « traitrise » de Bulu qui n’encense pas le régime, et que cette histoire de complicité de braquage n’est qu’un grotesque montage destiné à coller sur sa peau une image infamante et ô combien compromettante pour un homme politique…
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