Le journal français Le Monde en panne du Cameroun
CAMEROUN :: POINT DE VUE

Le journal français Le Monde en panne du Cameroun :: CAMEROON

Le Cameroun vu de Paris ne fait plus recette. Le quotidien français Le Monde en a fait une amère expérience, lui qui s’est essayé à deux reprises en une semaine dans un exercice de narration du pays de Roger MILLA et de Manu DIBANGO avec des fortunes diverses.

De la santé mal informée du couple présidentiel aux fragilités sécuritaires du Cameroun, supposées mises en lumière par Boko Haram, les révélations se cristallisent sur des lieux communs et des contre-vérités alarmistes. Entre la passion caricaturale et l’acharnement obsessionnel de quelques conteurs décidés à en découdre avec un prétendu « régime vieillissant », on se retrouve subitement face à un Monde en panne du Cameroun. Sinon, comment comprendre qu’entre le 13 et le 14 mars derniers, le site internet Le Monde Afrique se soit livré à une recherche infructueuse d’un « bon titre sur le Cameroun » ? Comment comprendre que pour valider son intention d’accéder - certainement par Bluetooth ou par Wi-Fi ! - aux bulletins de santé du Président Paul BIYA et de son épouse, il en vienne à titrer successivement : «Cameroun : le couple présidentiel s'exile pour des raisons médicales» ; «Cameroun: le couple présidentiel hors du pays et en mauvaise santé» et «Cameroun: le couple présidentiel est à Genève et s'occupe de sa santé» ?

A l’évidence, avec trois essais non concluants pour un même article, il y a manifestement matière à faire désillusionner ceux des rares camerounais, naïvement extravertis dans cette quête de la vérité, qui croyaient encore au « Paris à tout prix » en matière d’information de première main. Il y a surtout ce sentiment d’amertume qui traverse de nombreux camerounais qui se sentent pour l’occasion abusés psychologiquement par cette obsession maladive à livrer un « Paris à tous les prix » relatif à une information devant nécessairement toucher au couple présidentiel.

Et pourtant, non content d’assumer cette diversion manquée, qui semblait suggérer une perspective d’insurrection populaire devant conduire n’importe quel aventurier à prendre le pouvoir laissé vacant par un couple présidentiel ayant choisi l’exil médical, Le Monde Afrique ne se culpabilise pas outre mesure pour cet affront mal ajusté sur la fierté des camerounais. Au contraire, il entreprend une caricature apocalyptique des fragilités sécuritaires dévoilées par la guerre contre Boko Haram, tout en s’adonnant à une séance d’autopsie condescendante de la vie politique camerounaise, couronnée par une évaluation prétentieuse du degré de citoyenneté des uns et des autres. On apprendra entre autres qu’il y a des camerounais « sincères », notamment ceux qui ont organisé la marche patriotique du 28 février dernier à Yaoundé. On découvrira également qu’il y a des camerounais malchanceux ; en l’occurrence, ceux qui sont violemment « matés » quand ils envisagent de marcher pour revendiquer de meilleures conditions de vie. Mieux, on découvrira surtout le portrait insidieux d’un Président à la fois statique et mobile, une sorte de « Janus des tropiques » soufflant en permanence le « chaud » et le « froid ». Un Président statique lorsqu’il s’agit de se placer au centre du pouvoir pour évincer « ses potentiels successeurs », se taillant à l’occasion des Constitutions sur mesure pour se maintenir le plus longtemps possible au pouvoir, se faisant régulièrement rare pour ne pas être présent, « instaurant » par peur des lois anti-terroristes pour ne pas subir un mauvais sort, à l’instar de celui vécu par Blaise COMPAORE au Burkina-Faso. Mais davantage un Président mobile lorsqu’il s’agit d’articuler la lutte contre les djihadistes de Boko Haram.

A partir de cette rengaine de lieux communs sur ce Cameroun mystérieux, on comprend aisément que le véritable problème du Président Paul BIYA, c’est sa posture de Chef Suprême des forces armées, assumant avec sérénité depuis quelques temps une guerre déclarée et progressivement maîtrisée contre Boko Haram. On peut comprendre que les attaques qui fusent de toutes parts, en provenance notamment des spécialistes périphériques du Cameroun, visent à affaiblir cet élan de solidarité qui s’est patriotiquement constitué derrière le Président Paul BIYA pour défendre le territoire camerounais contre des assaillants impitoyables et sans vergogne. On peut surtout constater que le but de cette manœuvre vicieuse consiste à semer la zizanie au milieu des camerounais afin de les éloigner de leur unique ennemi de l’heure : Boko Haram. Ainsi, ces leçons subites d’ajustement à la démocratie et à l’alternance, fût-elle par coup d’État médical telle que suggérée par Le Monde Afrique, sont révélatrices des dérives d’une télémédecine démocratique aux relents néocoloniaux bien connus qui ambitionne de prescrire depuis Paris ce que les États africains devraient faire. Et pourtant, ces « ordonnances parisiennes » n’ont jamais fonctionné avec le Cameroun…de même que les prédictions apocalyptiques sur le régime de Yaoundé ne se sont jamais réalisées !

En effet, depuis les offensives diffamatoires de Jacques TILLIER de l’hebdomadaire l’Événement du Jeudi en 1987 jusqu’à l’acharnement maladif du Monde Afrique de ce mois de mars 2015, le Cameroun est toujours débout, poursuivant à sa manière la consolidation d’une expérience démocratique plutôt originale et forçant le respect, nonobstant de nombreux obstacles et défis. Mais avons-nous à recevoir de « permis de bonne conduite » de quelque journaliste « téléguidé » que ce soit et du reste mal informé des réalités camerounaises ? Pour preuve, viendrait-il à l’esprit d’un fin connaisseur du Cameroun l’idée de présenter le Bataillon d’Intervention Rapide (BIR) comme une garde prétorienne au service du Président Paul BIYA alors qu’il est connu de tous - y compris de ma bonne grand-mère ! - que cette unité spéciale est une survivance du Bataillon léger d’intervention (BLI) qui avait été créé en 1999 pour faire face à l’insécurité transfrontalière, notamment engendrée par les « coupeurs de route » dans la partie septentrionale du Cameroun ?

Dans sa configuration actuelle, ce Bataillon d’Intervention Rapide (BIR) est régulièrement porté à la surveillance des frontières maritimes et terrestres, ainsi qu’à la lutte anti-terroriste. Mauvaise information, désinformation ou manipulation ? Mieux, comment peut-on ignorer, en référence à ce qui est affirmé dans l’article du Monde Afrique, que le BIR n’existait pas au moment du coup d’État manqué du 6 avril 1984, mais seulement depuis 2001 ? On ne vient pas également de Paris pour indiquer à un banal citoyen vivant au Cameroun que le 28 février 2008, « s’achevait au Cameroun une semaine insurrectionnelle où des milliers de manifestants avaient pris la rue pour dénoncer la modification de la Constitution (…), permettant au président Paul BIYA de se maintenir ad vitam aeternam au pouvoir ». Tout le monde sait que la marche du 28 février 2008 était fondamentalement une protestation énergique contre la vie chère. On ne reste pas coincé dans les salons huppés de Paris pour suggérer à un analyste politique averti du Cameroun l’existence de « potentiels successeurs » généralement ciblés et « évincés » par le Président Paul BIYA.

Cela est une contre-vérité, parce que les mécanismes de succession à la tête de l’État sont prévus dans la Constitution. En dehors de ces mécanismes constitutionnels, on ne saurait identifier un « potentiel successeur » au Cameroun si ce n’est par des voies mystiques. De même, on ne se contente pas des informations glanées auprès des sources périphériques pour informer les spécialistes des questions géostratégiques de ce que les autorités camerounaises se sont efforcées au début d’esquiver la guerre contre Boko Haram, malgré la présence des djihadistes au Nord Cameroun. Une telle insinuation est révélatrice d’une méconnaissance criarde de l’évolution de la menace terroriste que représente Boko Haram pour la sous-région et le continent africain. En effet, d’une menace localisée d’abord au Nigeria, Boko Haram est devenue une menace transfrontalière et transnationale avec la perspective officielle d’instauration d’un califat islamique. Le Président Paul BIYA a justement pris la pleine mesure de cette spécificité en attirant très tôt l’attention de la communauté internationale afin qu’elle puisse apporter des réponses globales face à une menace globale. Cet appel a reçu un écho retentissant de la part de la communauté internationale et cette menace est concrètement encadrée aujourd’hui. La liste des contre-vérités de cette nature est loin d’être exhaustive. Toutefois, elle renseigne à profusion que le Monde est sérieusement en panne du Cameroun !

© Correspondance de : Manassé ABOYA ENDONG

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