Cameroun:Bienvenue au couple présidentiel ! Maintenant, nous devons aller plus loin
CAMEROUN :: POINT DE VUE

Cameroun:Bienvenue au couple présidentiel ! Maintenant, nous devons aller plus loin :: CAMEROON

Le Cameroun accumule les scandales, les ratés, se couvre de honte, mais le peuple n’est toujours pas dans la rue… Après le scandale de l’IRIC qui est venu révéler le malaise qui persiste dans nos grandes écoles, creusant un peu plus le fossé entre la minorité régnante et le peuple de gueux, il est temps qu’ensemble nous prêchions la rupture et le retour du couple présidentiel nous donne une bonne occasion.

Que pouvons-nous encore défendre dans notre pays ? De l’intérieur, notre pays se disloque comme si on lui avait retiré la colonne vertébrale. En a-t-il jamais eu ? Ceux à qui nous avons cru devoir confier notre destin ont décidé par des mécanismes savamment mis en place de le dépecer et de tout s’approprier comme dans un cochon où tout est comestible. Le Cameroun attaqué, lacéré, humilié dans tous les compartiments constitutifs d’un peuple, d’un pays et d’une nation, sa conscience violée au point où il est convenu d’admettre qu’on nie au peuple camerounais le droit de vivre, de se construire et de s’assumer.

Tout cela a été ressenti jusqu'au fin fond du pays. Ici, on manque de pistes pour évacuer la production agricole qui doit servir à se payer du savon, du sel, du pétrole lampant, mais aussi à nourrir les populations de la ville. Dans les villes, ce n’est guère mieux, tous les robinets des grandes villes ont asséchés malgré le retour des pluies. Le grand banditisme est en grande croissance, la sauce d’arachide de plus en plus légère et le bifaga devient rare dans l’unique repas de la journée. A Kyossi dans le département de la Vallée du Ntem, les populations parcourent des kilomètres pour se rendre en Guinée Equatoriale pour se procurer un peu d’eau ; dans les morgues d’Ebolowa, de Bamenda et de Sangmelima, les populations sont priées d’apporter de l’eau entre autres pour les « ablutions des morts ». Ce n’est donc pas un sentiment, c’est un fait : L’Etat du Cameroun a débloqué et dépensé plus de 400 millions de Fr CFA pour les obsèques officielles de madame la maire de Douala 5ème contre 356 millions débloqués pour la construction des écoles maternelles et primaires dans l’Extrême-Nord la région la plus peuplée du Cameroun.
 
(En dessous, quelques visages des 11 étudiants camerounais qui périrent en mars 2008 en Guinée Conakry – ils sont partis exclus de notre système éducatif par ceux qui nous gouvernent – ne les oublions pas.)

Nous avons protesté sans manifester et le retour du président de la République au bercail après un temps de repos est l’occasion de mobiliser les populations pour un mois de juin dans la rue. Nous ne pouvons plus nous contenter de protester, nous ne pouvons plus nous contenter de nous indigner. Il ne suffit plus d’appeler la population camerounaise à protester contre l’insupportable. Il faut chercher ensemble des voies praticables pour l’avenir. Ces voies sont désormais dans l’établissement d’un rapport de force avec le pouvoir politico-militaire de Yaoundé. Si nous ne le faisons pas, alors il ne nous restera plus qu’à nous enfermer dans la résignation et la régression d’un côté, dans la violence et l’autodestruction de l’autre. Le président Paul Biya a eu 33 ans pour proposer au Cameroun sa politique, son chemin, son système est un échec ! Et ce n’est pas de gaîté de cœur que nous le constatons et subissons. Nous avons vu où ça coince et c’est à nous de donner le coup de semonce qu’il faut pour créer de la fluidité.

La rue est la raison éthique qui doit unir tous les fils du Cameroun aujourd’hui : volonté de faire vivre ensemble ce qui nous unit tous ; le Cameroun, sans guerre ni terrorisme, la volonté de promouvoir les libertés dans les quatre coins du pays, la volonté de donner les mêmes chances de réussite à tous parce que ce sont là les valeurs de la République. L'expression politique de nos volontés peut différer, mais l'attachement à les sauvegarder transcende et unit. Alors c’est coude à coude que nous devons désormais nous présenter devant ceux qui incarnent les institutions.

 J’incarne dans ce pays un courant politique. Nous devons aller plus loin que ce que nous avons fait jusqu’ici. C’est à nous, en urgence, mais non dans la précipitation, d’organiser et de construire la transition sociétale vers un Cameroun de convivialité. Il est possible, il est là à porter de la main, maintenant que nous avons vu la cruauté, la cupidité, la violence de nos gouvernants. Qui aujourd’hui croit encore à l’idée que l’homme est foncièrement bon ? Paul BIYA est de retour au Cameroun et c’est lui qui doit nous rendre des comptes, c’est lui qui a un mandat électif. Nous ne pouvons plus accepter que les citoyens soient maintenus sous perfusion pour soulager les consciences des gouvernants parce que les problèmes ne restent pas les mêmes, ils empirent. Les enjeux déterminants pour notre avenir ne trouvent pas de réponses politiques à la hauteur. Les débats sont minés par les discours haineux entretenus depuis les familles jusque dans les réseaux sociaux par ceux qui croient être dépositaires du droit à la vie de la majorité. Donnons-nous le temps de les démasquer de les exposer avec responsabilité, car un pays sans alternance finit par exploser. C'est au fond le principe du prince de Lampedusa dans Le Guépard :« Il faut que tout change pour que tout reste pareil ». Si les Camerounais ne précipitent pas la fin de ce règne, ce règne précipitera la fin du Cameroun...

© Correspondance : Dr Vincent-Sosthène FOUDA

Lire aussi dans la rubrique POINT DE VUE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo