Chefs d’Etat : Pourquoi cachent-ils leur maladie?
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Les raisons pour les-quelles des dirigeants cachent leur état de santé sont parfois justifiées.

«Garder la posture quoiqu’il arrive », tous ceux qui veulent préserver de l’autorité, connaissent cette antienne. Les chefs d’Etatmieux que d’autres dirigeants se l’appliquent en connaissance des dangers qu’ils encourent à paraître amoindris physiquement. Dans de nombreux pays, l’état de santé du chef de l’Etat est le secret le mieux gardé. Le risque que ces hommes d’Etat redoutent par-dessus tout c’est la réaction de leurs proches. Ils savent que les soutiens les plus loyaux du régime –y compris les membres de la famille– ne demeurent loyaux qu’à la condition que le chef puisse continuer de leur attribuer certains pouvoirs et des subsides conséquents.

« La politique, particulièrement dans les régimes autoritaires, implique une grande symbiose entre le chef et ses soutiens. En échange du pouvoir, des avantages, des bénéfices et des privilèges qu’il leur accorde, les partisans du chef le soutiennent face à ses rivaux et, si nécessaire, répriment le peuple, s’en prennent violemment aux opposants réels ou supposés etmènent une vie impossible à tous sauf aux heureux élus (non élus). Ces missions peuvent être très déplaisantes, ce qui explique qu’un chef rétribue largement ses partisans, et que la corruption et les magouilles sont monnaie courante dans les régimes autoritaires », décrivent Bruce Bueno de Mesquita et Alastair Smith deux politologues dans leur livre TheDictator’s Handbook: How Bad Behaviour is AlmostAlwaysGood Politics (2011) (que l'on peut traduire par: le manuel du dictateur: comment unmauvais comportement est presque toujours une bonne politique).

Le show Chavez

« Quand le secret et le déni ne sont plus des options viables, la succession dynastique permet aux dirigeants de maintenir leur mainmise sur leurs fidèles. Le règlement, à l’avance, de la question de la succession permet de maintenir la symbiose entre les dirigeants et ceux qui les maintiennent au pouvoir. Les fidèles du régime sont plus enclins à continuer de soutenir un chef d’Etat en déclin physique quand ils sont assurés que leurs privilèges et leur richesse serontmaintenus après sa mort », ajoutent les deux universitaires. L’exemple le plus cité par dans leur livre est celui de Hugo Chavez. L’ex président vénézuelien, mondialement réputé pour son anti américanisme avait inventé la manière de gouverner « en direct ».

Il a essayé demanipuler l’opinion sur sa maladie, essayant d’en banaliser la gravité. «Si mon état de santé était grave, vous pensez que je serai ici debout devant vous?», avait-il ainsi lancé en août 2011. Au milieu de l’année 2011 le truculent président avait annulé plusieurs rendez-vous en arguant d'une «inflammation du genou». C’est un journal américain, leNuevo Herald, un quotidien hispanophone de Miami,qui, le 25 juin 2011 a annoncé de graves ennuis de santé du président Chavez. Le 30 juin 2011, après vingt jours de silence, Hugo Chavez annonçait qu'il suivait un traitement contre le cancer. Le président Chavez ouvre alors un blog pour communiquer sur sa maladie. Il contait sans doute maîtriser la vérité sur samaldie. Las, les journalistes vont se hasarder à donner un diagnostic d'espérance de vie, parlant de «neuf à douze mois».

L’emballement qui s’en suit est rocambolesque. Il n'en avait fallu pas moins au vice-président Nicolas Maduro, probable candidat à la présidentielle anticipée, pour dénoncer la «campagne de haine» d'un journal «fasciste» souhaitant «déstabiliser le Venezuela», en référence à l'attitude d'ABC pendant la période franquiste. Le ministre de la communication Ernesto Villegas démentait systématiquement les rumeurs sur la santé de Chavez, et dénonçait la «haine» et la «morbidité » des médias vénézuéliens et internationaux. Le gouvernement avait aussi menacé ses médecins et « les Twitteros qui incitent à la haine.HugoChavez vamourir le 05 mars 2012 après 20 mois d’une agonie en mondovision.  

Des occidentaux aussi

Cependant, dissimuler la gravité de sa maladie n’est pas propre à des autocrates. Woodrow Wilson, président des Etats-Unis, dissimula la gravité de ses problèmes respiratoires sévères au cours de la Première guerre mondiale; Franklin D. Roosevelt dissimula sa paralysie; John Kennedy cacha sa dépendance aux corticoïdes et le président Georges Popmpidou de la France, atteint d’un cancer est le seul président de la 5ème République à être décédé avant la fin de son mandat. D’après le médecin Jean Bernard, Georges Pompidou était atteint de la maladie de Waldenström depuis 1968 et le savait très probablement au moment de sa victoire à l’élection  présidentielle.

Selon lui, s’il avait renoncé à son mandat, la progression de cette maladie du sang n’aurait pas été aussi rapide. La mort du président Georges Pompidou, survenue dans son appartement de l’île Saint-Louis le 2 avril 1974 à 21 heures, est annoncée le soir même. Des journalistes parlaient encore de grippe. Des politiques français « convinrent » que les présidents de la République devraient rendre compte de leur état de santé. Seulement, François Mitterrand, qui s’était engagé durant sa campagne de 1981 à publier des bulletins de santé réguliers, dissimula lui aussi la gravité de sa maladie après son accession au pouvoir.

En Afrique, Habib Ben Ali Bourguiba de Tunisie, de santé déclinante est enfermé dans une villa à Monastir le 07 novembre 1987 après 30 ans de règne. Des observateurs assurent que son successeur et homologue qui l’avait déposé, a été chassé du pouvoir par les « Printemps arabes » le 14 janvier 2011, parce qu’il était aussi malade. Hosni Moubarak est emporté par les mêmes printemps arabes à 84 ans. Quelques semaines après sa destitution il va apparaître grabataire à son procès.

En 1997, Mobutu Sese Seko était gravement malade. Mobutu avait fait la bêtise de se faire soigner publiquement en Europe et de convier le peuple à célébrer son retour de soins. Laurent Désiré Kabila en a sans doute profité pour le chasser du pouvoir. Umaru Yaradua, président fédéral du Nigéria dès mai 2007, s’envole se faire soigner le 23 novembre 2009 en Arabie Saoudite il en revient le 23 février 2010 mais, Goodluck Jonatahn assure déjà l’intérim. Yaradua va mourir le 05 mai 2010 sans jamais retrouver son poste.

© Le Jour : Aziz Salatou

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