Gabon : Même la presse gauloise voit ce qui se passe au Bongolan
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Gabon : Même La Presse Gauloise Voit Ce Qui Se Passe Au Bongolan

Le Gabon vit depuis quelques jours au rythme des grèves : grève des enseignants, dans les hôpitaux, le secteur privé... À l'appel d'une vingtaine de syndicats de la fonction publique, notamment de l'éducation nationale et de la santé, les fonctionnaires ont débrayé début février pour réclamer des revalorisations salariales. Après des semaines de négociations houleuses, les fonctionnaires ne lâchent rien.

"Le gouvernement a mangé son totem"

En première ligne dans le bras de fer avec le pouvoir, le secteur éducatif - réputé frondeur - brandit désormais la menace d'une année blanche dans le public. "Le gouvernement a mangé son totem en décidant de couper les salaires des agents en grève. C'est un coup d'épée dans l'eau sans effet sur notre détermination à poursuivre la lutte pour notre pays. Les salles de classe sont restées fermées", a déclaré mercredi l'un des leaders du mouvement, Marcel Libama. "Cette année (scolaire) n'est plus sauvable", a-t-il asséné. Les enseignants réclament notamment le relèvement du point d'indice salarial et l'augmentation du salaire minimum de 80 000 francs CFA (121 euros) à 300 000 francs CFA (454 euros).

Mais le gouvernement a rejeté en début de semaine ces deux derniers points: "Les dépenses des partenaires sociaux passeraient de 680 milliards à 2 500 milliards de francs CFA par an (...), ce qui est insoutenable pour le bon fonctionnement de l'Etat." Comme souvent au Gabon, le dernier mot revient au chef de l'État, chargé d'"arbitrer" les divergences, mais désigné par les contestataires comme le principal responsable de la crise. Il dirige le Gabon depuis la mort, en 2009, de son père Omar, au pouvoir pendant quarante et un ans dans ce petit pays d'Afrique centrale au sous-sol riche en pétrole et en minerais, mais dont plus d'un tiers de la population vit dans la pauvreté.

"Nous voulons du concret!"

Mardi, le président a appelé à la reprise des cours, affirmant avoir accédé aux principales revendications des enseignants, notamment le versement d'une prime d'incitation à la performance et l'instauration d'un "nouveau système de rémunération", selon la formule de son porte-parole, Alain-Claude Bilie By Nzé. "Nous voulons du concret ! Ca veut dire quoi réviser le système de rémunération, vont-ils augmenter notre salaire de base, oui ou non ?" s'interroge un professeur de mathématiques sous le couvert de l'anonymat. Lambert, enseignant au lycée d'Etat de Libreville - une des capitales les plus chères du monde -, gagne par exemple 450 000 francs CFA (680 euros) de salaire brut, auxquels s'ajoutent différentes primes (transport, logement...) d'environ 200 000 francs CFA. "Certains agents qui ont le même avancement, la même ancienneté touchent des primes qui vont du simple au double, ça magouille tellement qu'on ne comprend rien", s'agace-t-il, précisant que "tous les fonctionnaires sont concernés, pas seulement les enseignants". Les mouvements sociaux ont même secoué certains secteurs du privé ces derniers mois.

Coupé du monde durant 48 heures

Le pays a été quasiment coupé du monde durant quarante-huit heures fin février, puis vingt-quatre heures début mars, en raison d'une grève à Gabon Télécom, principal fournisseur d'accès à Internet, dont les employés réclament l'amélioration de leurs conditions salariales depuis la privatisation de l'opérateur entamée en 2007. Et, durant la première quinzaine de décembre, une grève des employés du pétrole a fortement perturbé la production d'or noir et a provoqué d'importantes pénuries à Libreville et dans la capitale économique, Port-Gentil. Ces tensions fragilisent le pouvoir dans une période financièrement difficile aggravée par la chute des prix du pétrole, ressource stratégique qui fournit 60 % des recettes du Gabon.

Beaucoup de grands projets d'infrastructures sont aujourd'hui à l'arrêt, faute de financement. À moins de deux ans de la prochaine élection présidentielle, l'opposition utilise le mécontentement général pour réclamer le départ du président Ali Bongo, comme lors d'une manifestation violente qui a fait entre un et trois morts, selon les sources, le 22 décembre à Libreville. "Cela fait plus de cinquante ans que nous supportons la même famille au pouvoir et rien n'a changé pour nous les makaya (hommes de la rue). Nous voulons l'alternance", expliquait alors à l'AFP Prospère, un jeune chômeur.

© le Gri-Gri : Celia Lebur

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