Recensement des pensionnés de l’Etat : A quelle heure ?
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La chronique fait abondamment état de la décision du Ministre des Finances de lancer une vaste opération de recensement des pensionnés de l’Etat. Il s’agit, selon les initiateurs de ladite Opération, au premier rang desquels le Ministre Alamine Ousmane Mey, de faire l’inventaire de la situation de tous ceux qui perçoivent les pensions, les ayant- droits des pensionnés et plusieurs autres catégories de personnes émargeant dans le même registre, dont les bénéficiaires des rentes viagères.

Et à première vue, on a considérablement allégé l’opération puisqu’on n’exige finalement aux intéressés que les simples photocopies de leurs cartes nationales d’identité et de l’acte leur accordant la pension. Une très bonne nouvelle pour ces gens qui pour la plupart sont du 3e âge, à qui on dispense d’inutiles tracasseries administratives. Ceci dit, une nouvelle Opération dans le domaine de la solde n’est pas exempte d’interrogations. D’autant que depuis 1986, quatre ans seulement après l’arrivée du Président Paul Biya au pouvoir, fut lancée la fameuse Opération Antilope qu’on disait à l’époque être la panacée pour éradiquer tous les fonctionnaires fictifs de l’administration.

Vingt neuf ans après et plusieurs autres initiatives plus tard, quel est le résultat obtenu ? On peut d’emblée conclure à un constat d’échec. Car si l’Opération et ses succédanés avaient été rondement menés, on n’en serait pas à une ènième, notamment après celle de 2006 lancée par le Minefi d’alors Polycarpe Abah Abah. D’ailleurs à l’issue de celle-ci est apparue la certitude que toutes les autres n’avaient été que de la poudre aux yeux, de simples coups d’épée dans l’eau qui malheureusement avaient coûté des milliards de Fcfa à l’Etat.

20.000 fonctionnaires fictifs, dont 12000 pensionnés avaient alors été démasqués, certains âgés de 2 ans seulement. Alors, si Alamine Ousmane Mey, neuf ans après recourt lui aussi au pointage des pensionnés, c’est qu’il soupçonne bien des choses et a certainement à sa disposition certaines informations à ce sujet. Organiser des recensements, faire de temps à autres et même à intervalles réguliers l’état des lieux et les inventaires subséquents sont des pratiques d’une bonne administration. Tout comme l’exigence de la reddition des comptes. Mais que cela sorte de la routine et accapare autant les énergies que d’importantes ressources est inique et suspect.

Suspect parce qu’à l’évidence, c’est chaque Ministre qui tient à lancer son Opération de recensement des pensionnés. Pour la justifier, il invoque les insuffisances de la précédente. Pourtant ce n’est pas toujours l’avis des augures qui trouvent habituellement un agenda caché aux propos et aux intentions de l’initiateur de l’Opération. Inique également à cause du caractère généralement budgétivore de ces Opérations aux résultats le plus souvent mitigés. Pour les organiser, l’Etat mobilise ( sans certitude d’une contrepartie valable, puisque les résultats seront remis en cause par le magistère suivant), d’importants moyens financiers et humains. Des comités ou des Commissions de suivi qu’il faut rémunérer en terme de frais de missions ou d’indemnités diverses, sont mis sur pied.

Autrement dit et comme toujours on dépèce la bête. Alors même qu’on nous rabat les oreilles avec des histoires de réduction du train de vie de l’Etat. Au finish, le véritable gagnant de ces Opérations n’est guère le Trésor public comme on l’annonce habituellement avec force publicité, mais les fonctionnaires qui trouvent là le moyen de se régaler et d’arrondir les fins de mois. Car après tout, surtout après les grandes annonces de la fin du recensement, on n’entend plus parler de ces Opérations.

Qui en doute n’a qu’à nous dire quel est le sort réservé aux militaires pratiquant le « Mboma » que Essimi Menye avait démasqués et dénoncés en son temps. Incapable de demander la révocation de ces bandits à col blanc, l’ancien Ministre des Finances n’a même pas pu obtenir qu’il leur soit appliqué les ordres de recette qui auraient permis à l’Etat de recouvrer ses fonds spoliés. Tout comme aucune sanction n’est venue troubler la quiétude d’un Général convaincu de toucher de multiples salaires et des hauts gradés impliqués dans le dossier Mbia Enguene l’ancien TPG de Yaoundé en rapport avec le Tribunal militaire de Yaoundé.

Sommes-nous alors dans le royaume du deux poids et deux mesures comme c’est souvent le cas, lorsqu’on évite de frapper les plus forts alors que l’artillerie lourde est concentrée sur les vieilles personnes plus vulnérables ? A quelle heure vient-on encore s’offusquer de la question des charges salariales alors que depuis belle lurette les partenaires au développement et la société civile dénoncent sans répit cet immense gaspillage ? Il est vrai certes qu’il vaut mieux tard que jamais. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut tourner les Camerounais en bourrique. Tout le monde connaît les bénéficiaires de ces Opérations et le point de chute des milliards qu’engendre le traitement des fonctionnaires fictifs. Ce sont les mêmes profiteurs qui cueillent cette manne en reprenant d’une main, ce qu’ils donnent de l’autre. C’est pourquoi ils refusent des solutions simples mais radicales comme celles adoptées par les autorités de Guinée Conakry qui ne sont pas allés bien loin en instituant un simple pointage des agents publics dans leur lieu de service.

C’est rudimentaire, mais surtout terriblement efficace parce qu’on peut par ce biais aussi résoudre les problèmes d’assiduité et de ponctualité. Mais chez nous on ne veut pas de ça. Parce que les Opérations de recensement des agents publics sont comme la tribune officielle du Boulevard du 20 Mai qui, pendant de longues années est demeurée une source d’enrichissement pour beaucoup. Et toc !

© Source : The Spark

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