Concours d'entrée à l'Iric : Au coeur des tripatouillages
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C’est la cacophonie au sein de la corporation des diplomates au Cameroun. La publication en l’espace de 48 heures de deux listes des admis au concours d’entrée de la filière diplomatie à l’Institut des relations internationale du Cameroun (Iric) a mis le feu aux poudres.

Nti, Ayuk, Oyono Ottou, Mebenga, Simeu Djoko et Minka respectivement 2e, 11e, 7e,5e, 14, et 13e dont les noms figuraient sur la première liste ont été exclus de la seconde liste qui valide définitivement les admissions au sein de cette prestigieuse formation. Les scènes de joie ont laissé la place au désarroi et à la colère.
Les choses sont allées très vite. Vendredi matin, la commission de sélection constituée des enseignants de cette filière se réunit dans la matinée pour finaliser les résultats des oraux qui se sont achevés la veille.

Au terme d’une séance de travail brève, Jean-Emmanuel Pondi, Pascal Charlemagne Messanga Nyamding, Stéphane Ngwanza, Laurent Zang, Alain Didier Olinga transmettent leur rapport au directeur de l’Iric, Pierre-Emmanuel Tabi, diplomate et ancien directeur du protocole et des affaires consulaires au ministère des Relations extérieures du Cameroun (Minrex). Ce dernier l’achemine ilico presto au ministère de l’Enseignement supérieur,
afin que le ministre Jacques Fame Ndongo, tutelle académique l’approuve définitivement. Ce qu’il fera le même jour. Or, la publication officielle de ces résultats pouvait prendre parfois plusieurs jours. Finalement, cette première liste est affichée dans la soirée aux alentours de 19 heures. Cette liste comporte 15 admis comme candidats réguliers et 4 personnes sur la liste d’attente.

Très vite, la joie s’empare de certaines familles. Notamment chez ceux qui à cet instant croient avoir réussies à ce concours convoité. Des petites soirées sont organisées pour célébrer la réussite. Mais quelques minutes après, alors que certains candidats ayant présentés le concours se rendent encore à l’Iric pour vérifier s’ils ont été admis, cette première liste est très vite déchirée. Aucune explication n’est donnée. Pierre-Emmanuel Tabi, dans les colonnes de votre journal hier, est allé jusqu’à remettre en cause l’existence de cette liste. Pourtant, il y a bel et bien eu une première liste qui ne sera pas lu sur les ondes de la Cameroon radio télévision (Crtv), comme c’est souvent le cas pour les concours d’entrée dans cette école. Car, dès sa publication officielle, des hautes manœuvres se déclenchent au sein de l’administration camerounaise. Suite aux pressions venant d’après plusieurs sources de la présidence de la République et de certains membres du gouvernement, le directeur de l’Iric va instruire le retrait de cette liste de l’affichage.

Le lendemain, à savoir, samedi 28 février, plusieurs membres du gouvernement se retrouvent à la grande marche patriotique de soutien aux forces armées prévue ce jour-là organisée par le collectif « Unis pour le Cameroun ». Certains admis, fiers de leur succès vont également manifester ce jour au boulevard du 20 mai. A cet instant, ils ne se doutent encore de rien. Pourtant, parmi les absents au sein du gouvernement figure également deux personnalités : Jacques Fame Ndongo et Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence de la République, membre du comité directeur de l’Iric. Vraisemblablement, c’est à ce moment que tout s’est joué.

Après une nuit tourmentée par les coups de fil, le ministre de l’Enseignement supérieur se rend à son bureau ce samedi matin. Certains de ses proches vont le rejoindre. L’ambiance est assimilable à une situation de crise. En cette matinée pas comme les autres, Fame Ndongo reçoit plusieurs listes sur la table qui lui sont proposées, dont certaines par la présidence de la République. Une source parle de plus de trois autres listes. Il doit choisir une seule. De nouveaux noms apparaissent, dont certains ne figuraient même pas sur la liste d’attente.

Après plus de trois heures de négociations et de discussions, des coups de fils, des plis fermés qui font des va-et-vient, une liste définitive est arrêtée. Sur cette dernière, la liste d’attente est supprimée, ce afin d’éviter la situation qui s’est produite en 2012 où suite à la bataille qui l’opposait à Ferdinand Ngoh Ngoh, Fame Ndongo s’était vu contraint de signer une décision excluant des étudiants qui avaient déjà commencé les cours et dont les noms se trouvaient à cette époque sur la liste d’attente. C’est cette dernière liste qui sera finalement lue samedi soir sur les antennes de la Crtv, suscitant indignation chez les enseignants, colère chez les étudiants et confusion chez les diplomates.

© Mutations : Boris Bertolt

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