Jean-Michel Nintcheu : La mémoire des martyrs ne sera pas effacée
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Le député du Sdf dénonce  par ailleurs l’hypocrisie du gouvernement qui interdit toute manifestation en violation de la Constitution.

Sept ans après les émeutes de février 2008, quel constat faites-vous ?
 
Le premier constat triste c’est que le gouvernement camerounais n’a rien fait jusqu’ici pour apporter du réconfort aux 32 familles des martyrs de février 2008. Et ceci malgré mes différentes interpellations à l’Assemblée nationale.  A l’époque j’avais proposé qu’un fonds de soutien soit crée pour indemniser ces familles. Je dois rappeler que de nombreux proches des victimes ont reçu des pressions et des menaces. Toute chose qui a contribué à intimider ces familles et les a empêchés d’obtenir réparation. Nous avons néanmoins pu recenser 32 familles dans cinq régions du Cameroun à savoir : Le Littoral, l’Ouest, le Nord-Ouest, Sud-Ouest et le Centre. Mais celles qui sont en contact permanant avec nous pour des raisons de proximité sont localisées dans le département du Wouri. Et donc je suis surpris de constater que jusqu’à ce jour rien n’ait été fait pour réconforter ces familles alors que dans le même temps celles de la catastrophe de Nsam l’ont été il y a pas longtemps.

Pouvez-vous nous rappeler les propositions que vous avez faites au gouvernement ? 

J’avais proposé qu’un fonds d’indemnisation soit crée pour indemniser ces familles ce qui contribuerait à créer un climat d’apaisement dans les cœurs des proches des victimes. Nous avons perdu environ une centaine de jeunes camerounais lors de ces émeutes.  Ils ont été massacrés durant ces évènements. Ceci constitue de mon point de vue un crime contre l’humanité qui mériterait des sanctions internationales. Je pense que le gouvernement de M. Biya serait bien inspiré en indemnisant ces familles. Malheureusement mes propositions n’ont pas eu de suite. Je ne vais pas me décourager pour autant, je continuerais à mener des actions en hommage aux victimes.

 En parlant d’hommage aux victimes qu’est-ce qui explique que les semaines de martyrs se célèbrent désormais en dents de scie? 

Tous les ans nous organisons les semaines des martyrs. Nous en sommes à la 7ème édition mais à chaque fois, le pouvoir s’est comporté de manière extrêmement brutale. On a encore en mémoire l’édition de février 2011 où nous avons été pourchassés comme des malfrats dans la ville. Le dispositif de sécurité déployé pour nous interdire de manifester était impressionnant. Toutes les forces de maintien de l’ordre y compris le Bataillon d’intervention rapide (Bir) nous ont encerclés à la salle des fêtes d’Akwa. Toute chose qui a découragé certains camarades. Je m’étonne d’autant plus de l’hypocrisie et du cynisme du régime en place. Il réprime et interdit toutes les manifestations y compris celles liées aux semaines des martyrs. Alors qu’en même temps, ce même gouvernement encourage et organises-en sous main des manifestations de soutien à l’armée qui luttent contre la secte terroriste Boko Haram.

Ce qui choque dans cet acharnement à nous interdire de manifester c’est que ce droit de manifester est inscrit dans le préambule de notre Constitution. C’est donc une violation à notre loi fondamentale. 
Les émeutes sont d’ailleurs la conséquence de cette interdiction à manifester. Tout est parti de l’interdiction d’un meeting à Dakar au quartier village axe lourd. Nous n’allons pas nous décourager, nous allons continuer à nous battre pour que la mémoire des martyrs ne soit pas effacée. Une descente est prévue au sein des familles le 28 février prochain.

© Mutations : Propos recueillis par A.E.

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