Emeutes de Février 2008 : Le gouvernement ignore les familles des victimes
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Sept ans après le drame, elles s’en remettent désormais  à la justice divine. Il est plus de 16h, nous sommes à la rue où se situe l’hôpital Emilie Saker à Akwa. En face, se trouve une résidence. C’est celle du père de l’une des victimes des émeutes de février 2008, Joseph Kouo Issedou. Le maitre de céans fait la sieste à l’intérieur. Le reporter de Mutations appui sur la sonnerie et le frère cadet de Kouo Issedou, prénommé Christian, vient ouvrir la porte. Il ne se doute pas de l’objet de la visite de l’homme qui frappe à la porte. Il l’invite à s’asseoir pour attendre son père. Prévenu, l’hôte est rejoint par le maitre des lieux qui l’invite à rentrer dans la maison. Sur un mur,  le visiteur aperçoit  aussitôt un grand portrait. Celui du fils de Joseph Issedou décédé le 25 février 2008 aux alentours de 10heures.

Le père de la victime tient un bloc note en main. Averti de l’arrivée du reporter et il a pris la peine de se replonger dans ses souvenirs pour relater ce triste moment de sa vie. 
Son fils âgé à l’époque de 15 ans avait suivi ses camarades par curiosité le matin du jour du 25 février 2008. Laissant ses frères à la maison. Quelques heures plus tard, « mon mécanicien, un ami de la famille, raconte notre interlocuteur, m’appelle pour me dire qu’un enfant vient d’être tué par balle devant l’hôtel Lewat. Il me semble que c’est votre fils. Et je lui ai dis de me décrire son habillement. C’est alors que j’ai compris ce qui venait d’arriver » relate le père de la victime. Avant d’ajouter que pendant deux ans, il n’a pas pu prendre la parole pour évoquer cette triste affaire.

Entre-temps, l’épouse de Joseph Kouo Issedou fait son apparition. A l’évocation du sujet, elle fond en larmes.  L’ayant élevé comme son fils, elle n’ose tout simplement pas en parler. Il y à peine quelques années qu’elle et son mari ont décidé de tourner la page et d’essayer d’avancer. 
« Il a été inhumé le 9 mars 2008, un jour avant mon anniversaire. Nous n’avons reçu aucun message de réconfort de personne, ni de l’Etat, ni de l’opposition camerounaise. Nous sommes seulement surpris que des marches soient organisées pour soutenir notre armée encore que je n’ai rien contre.  Mais cette même mobilisation pour nos enfants morts durant ces émeutes pour la liberté du Cameroun aurait suffit à nous réconforter», renchérit le père de la victime. Plus que  jamais déterminé, Joseph Kouo précise qu’il ne va tourner cette page tragique de son histoire que le jour les dirigeants camerounais vont gouverner ce pays comme des personnes qui l’aime. Car, selon lui, le Cameroun est piloté avec des baïonnettes. Désormais ce parent et les familles des autres victimes approchées par Mutations s’en remettent à la justice divine afin que les coupables soient punis.

Le bilan de ces massacres des populations civiles perpétrées par les forces de l’ordre au Cameroun a été évalué par une source indépendante, l’Observatoire National des droits de l’Homme du Cameroun (Ondh) – appuyée par des associations telles l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat-Littoral et France) – a 136 tués et a environ 3.000 arrestations. Le gouvernement quant à lui a reconnu un bilan officiel de 40 morts et de 1671 personnes interpellées.

© Mutations : Aristide Ekambi

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