Ma contribution pour le Nigeria? Ne pas voter
NIGÉRIA :: SOCIETE

NIGÉRIA :: Ma contribution pour le Nigeria? Ne pas voter

Le 28 mars 2015, les Nigérians devraient se rendre aux urnes pour élire leur président. Mais Elizabeth Adeola Ayoola n'ira pas voter. Elle explique pourquoi.

Nous sommes en 2015 et Lagos est remplie d'idées nouvelles. L'atmosphère est aux innovations, aux partenariats internationaux, aux nouvelles constructions et aux franchises internationales. Les odeurs de pollution, de mondialisation et d'espoir flottent dans l'air.

Deux candidats, deux pommes pourries

Bientôt, ce sera l'heure d'aller voter. Pour cela, on nous présente deux pommes pourries en nous disant que « l'une est meilleure que l'autre. »

D'un côté, un président qui est resté sans rien faire lorsque plusieurs tragédies sont arrivées, incapable d'exprimer quelque chose d'intelligent, ou du moins de compatissant. De l'autre côté, un ancien dirigeant qui, en son temps, n'a rien fait pour le développement de l'économie, et qui a été inefficace dans la lutte contre la corruption. Il n'a pas non plus ménagé ses efforts pour museler la presse et restreindre la liberté d'expression. Quelle pomme pourrira le plus rapidement ?

J'ai voté lors des dernières élections en 2011, même si c'était dans des circonstances similaires ; où un candidat était « meilleur » que l'autre, mais les deux ne me convenaient pas.

Une journée à Lagos

Ils peuvent dire que je ne connais pas les « faits » et peut-être que je ne les connais pas tous. Ce que je sais, c'est qu'en allant au travail aujourd'hui, j'ai vu Makoko, un bidonville où les gens vivent plus ou moins sur l'eau, depuis le troisième pont sur la partie continentale. J'ai vu des enfants vendant à la sauvette dans la circulation, des mendiants avec des enfants sur le dos, et plus de 50 personnes dans des autobus conçus pour 20.

Quand je suis arrivée au travail, internet ne fonctionnait pas. PHCN, la compagnie nationale d'électricité, a coupé le courant plus de trois fois. Certains collègues qui ont des familles toucheront 20 000 nairas (environ 100 dollars), voire moins à la fin du mois.

Aux mains de la terreur que nous appelons Boko haram

L'année dernière, plus de 200 filles ont disparu, et des milliers d'autres ont trouvé la mort aux mains de la terreur que nous appelons Boko haram. Ce qui n'a pas empêché le gouvernement d'organiser des fêtes sans fin et de financer ces « fêtes » avec des quantités infinies d'argent détourné.

Le Nigeria a été sacré première puissance économique d'Afrique, mais nous parlons peu des cris de ceux qui ont souffert à cause du manque d'équipements collectifs de base, du système éducatif stagnant, ou des dispositions inadéquates en matière de santé. Personne ne parle de l'état de la réduction de la pauvreté.

En 2015, je devrai voter pour des dirigeants qui se soucient plus de leurs avoirs à l'étranger que du fait que leurs populations meurent de maladies facilement curables.

La corruption ronge les âmes du peuple

On me dit de voter, d'exercer mon droit démocratique, mais est-ce vraiment une élection équitable lorsque les « masses » votent pour le parti qui leur a donné le plus d'argent ? Une élection peut-elle vraiment être démocratique lorsque la corruption ronge les âmes du peuple ?

On me demande de voter et pourtant aucun des partis n'a présenté de programme complet qui nous dit comment ils comptent faire face aux défis sociaux, politiques et économiques sans fins auxquels le pays est confronté.

Il n'y a pas de garantie en termes d'emplois, de sécurité, de stabilité économique et d'énergie, et on me demande de voter ?

Nos protestations ont tendance à finir en pique-niques

Les gens discutent avec moi et me disent que si je ne vote pas les choses ne changeront pas. Moi, je crois qu'un gouvernement est soutenu par le peuple. Par conséquent, si un gouvernement est en train d'échouer, il incombe au peuple de se lever.

Mais nous, Nigérians, nous ne sommes pour le moment pas assez activistes. Nos protestations ont tendance à finir en pique-niques, en rencontres mondaines, et en soirées Instagram.

Ma contribution pour le bonheur du Nigeria est de ne pas voter

Ne comptez donc pas sur mon vote lors de ces élections. Quand je regarde les deux candidats en lice, je ne suis pas remplie d'espoir, je n'ai pas de signaux qui indiquent que le Nigeria est en train d'être conduit vers une terre promise. Je ressens plutôt une profonde tristesse, car, comme l'a dit M. Kuti, la souffrance et le sourire ne posent aucun problème au peuple du Nigéria.

Ma contribution pour le bonheur du Nigeria n'est pas de voter. Ma contribution consiste à rappeler au peuple que le gouvernement l'a oublié.

Un peuple qui veut vraiment le changement doit imiter et être le changement qu'il souhaite. Si nous devenons ce que le gouvernement n'est pas, le gouvernement deviendra ce que nous sommes. Mais ceci ne sera possible que si nous cessons de gober toutes les inepties que nous balancent nos dirigeants.

© wazaonline.com : Elizabeth Adeola Ayoola

Lire aussi dans la rubrique SOCIETE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo