Déclaration sur la lutte contre Boko Haram
CAMEROUN :: POINT DE VUE

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Le Cameroun fait face depuis plus d’un an à une guerre particulière imposée par une bande d’illuminés criminels regroupés au sein d’une organisation terroristes dénommée Boko Haram. Cette secte, installée au Nigéria sème la terreur  dans l’Extrême-Nord du Cameroun : plusieurs dizaines de citoyens sont égorgés ; des villages entiers incendiés avec le pâturage et toute les réserves alimentaires, des milliers d’habitants sont déplacés, des dizaines d’écoles n’ont pas pu ouvrir cette année, privant ainsi des milliers de jeunes camerounais de leur droit d’aller à l’école. Face à ces criminels, des valeureux soldats camerounais se battent et plusieurs dizaines d’entre eux sont morts au front et d’autres aujourd’hui en soins dans les unités de santé. La peur habite désormais tous les camerounais habitant cette région du territoire camerounais. Cette peur est renforcée par la suspicion qui règne au sujet des possibles complices de la secte et les violations graves des droits de l’Homme qui y sont liées. L’heure est grave !
Et la Plate-Forme de la Société Civile pour la Démocratie a décidé une fois de plus de monter au créneau  pour faire connaitre sa position.

1-    Sur le soutien à notre armée.

Le Cameroun peut être fier de disposer d’une armée bien formée et très patriotique. Cette armée mène un travail incommensurable aujourd’hui sur le front contre Boko Haram et nous donne une nouvelle preuve s’il y avait encore un doute, que lorsque certains mauvais esprits pour des dessins inavoués ne l’utilisent pas à des fins personnelles et obscures, notre armée reste une armée citoyenne. Aussi, nous  réaffirmons que notre soutien à l’armée camerounaise est sans équivoque. Nous soutenons l’armée citoyenne pour l’excellent travail actuellement abattu comme nous soutenons ces médecins citoyens qui se battent jours et nuits dans nos hôpitaux pour soigner, entre autres, les victimes directes et collatérales de BokoHaram. En cette période où des criminels sèment la terreur sous le label de Boko Haram dans la Région de l’Extrême Nord, notre soutien à l’armée républicaine et citoyenne ne peut être que total et renforcé.  Nous rendons donc un vibrant hommage à tous ces jeunes vaillants soldats qui mettent leurs vies en péril pour défendre nos frontières et notre territoire. Nous soutenons cette armée citoyenne  par opposant à ces éléments égarés de l’armée qui  violent les droits de citoyens depuis des années. Ceux-là n’ont pas et n’auront jamais notre soutien et leurs crimes ne seront jamais pardonnés.

2-    Sur l’attitude du Président de la République du Cameroun

Notre soutien à l’armée citoyenne et républicaine camerounaise qui est indiscutable n’induit pas un soutien à son Chef qui jusque maintenant brille par une posture qui ne rassure pas aussi bien du point de vue humanitaire que patriotique.

En effet, comment comprendre que près d’un an après le début de cette guerre, le Chef de l’Etat Camerounais n’ait pas toujours fait un déplacement dans la  région sinistrée ? Comment comprendre qu’il n’ait toujours pas pu présider une seule cérémonie d’hommage à nos braves soldats tombés au front ?  Comment comprendre cette indifférence par rapport à la vie des camerounais ? En tant que Chef suprême des armées, il a l’obligation de remonter le moral des troupes et des populations sinistrées, par sa présence symbolique, par sa compassion clairement et publiquement affichée  aux familles des victimes, et par des mesures concrètes de réconfort aux populations sinistrées. C’est aussi à lui que revient la responsabilité de mobiliser le peuple camerounais derrière cette cause,  notamment en recevant et en discutant avec les différents représentants de la classe politique, de la société civile et les autres acteurs. Rien n’est fait dans ce sens. Nous nous attendions également à ce que le Président de la République annonce des mesures concrètes d’assistance aux familles des vaillants soldats tombés sur le champ de bataille.

Par ailleurs, le Président Camerounais laisse toujours planer le doute sur la nature de la menace à la quelle notre pays fait face. Si tout le monde s’accorde sur la menace extérieure incarnée par le mouvement Djihadiste Boko Haram, l’ambigüité reste sur l’existence d’une autre menace intérieure dès lors que ceux qui, au début de la crise ont clairement soutenu la thèse de l’endogéneité de la menace (à l’instar de messieurs Cavaye Yegue Djibril, Henri Eyebe Ahissi et autres…) sont toujours aux affaires et pour certains très actifs sur la question de Boko Haram. De même, des dizaines de camerounaises croupissent dans les cellules camerounaises pour des motifs corrélés avec les questions de déstabilisation et de « rébellion ». La lutte contre cette secte semble désormais être la justification passe-partout de toutes les tares et de tous les avatars ; ce qui risque à long terme de brader véritablement la mobilisation nationale contre cette menace.

3-    Sur les  marches relatives à la guerre contre Boko Haram : soutien à la marche du 28 février

Dans le sillage de cette  guerre contre Boko Haram, plusieurs marches sont organisées de part et d’autre sur le territoire national. La Plate-Forme de la Société civile pour la démocratie souligne que toute manifestation de solidarité à l’endroit de nos frères du Grand Nord qui subissent au quotidien les actes criminels des terroristes de Boko Haram, ne peut être que louable. Il en est de même pour toute manifestation de soutien à nos valeureux soldats. Et en considérant que c’est cela l’objet de la marche patriotique prévue à la date  sus-indiquée, elle ne peut que l’approuver surtout au regard de la sincérité établie des initiateurs  qui ont levé les ambigüités sur les motivations de leur démarche. Nous invitons à ce sujet tous les citoyens patriotes à y prendre part. Nous sommes conscients que beaucoup de camerounais sont préoccupées par le choix de la date du 28 février qui symbolise depuis quelques années la commémoration des victimes des émeutes de février 2008, date à laquelle certains éléments des forces camerounaises de défense et de sécurité ont tiré et tué plus de 100 citoyens camerounais. Mais, dans notre posture de mouvement qui œuvre pour la paix et surtout la réconciliation entre les citoyens, nous estimons que l’occasion de cette marche permettra aux uns et aux autres de commencer à pardonner en attendant qu’après la guerre, les familles des victimes des émeutes de 2008 puissent recevoir en retour la demande de Pardon de l’Armée. Ceci pour que la justice soit rétablie et les plaies pansées, bien qu’il soit impossible d’oublier les camarades tombés les mains nues lors d’une revendication purement pacifique et citoyenne contre la modification de la Constitution et contre la vie chère.  Aussi, nous faisons nôtre les slogans : « je suis l’armée Citoyenne Camerounaise », « je suis citoyen de l’extrême Nord », Mais je ne suis pas l’armée qui massacre les citoyens.

4-    Sur les violations des droits de l’Homme  dans la région de l’Extrême Nord

La Plate-forme qui ne demande aucune pitié pour les criminels de Boko Haram est tout de même préoccupée par les informations effrayantes et récurrentes qui font état des nombreuses violations des droits de l’Homme qui seraient actuellement perpétrés dans la région de l’Extrême Nord. Dans une déclaration du REDHAC (Réseau des Défenseurs des droits de l’Homme d’Afrique Centrale)   sont  révélés  des faits d’une extrême gravité: « certains chefs de l’armée dont M. ZE ONGUENE, Commandant de la légion de Gendarmerie de l’Extrême Nord qui de source  digne de foi intime ses éléments à utiliser toute sorte de méthode pour extorquer les informations. Par exemple, lors des bouclages des villages MAGDEMA et GUIDIVIG par ses éléments, plusieurs personnes auraient été arrêtées et conduites à la légion de gendarmerie de l’Extrême-Nord. Parmi les personnes arrêtées, une cinquantaine de personnes s’est retrouvée morte asphyxiée dans les cellules de ladite légion et ensuite enterrée dans une fosse commune en brousse selon les sources digne de foi. »
Il  nous semble impératif de garder en souvenir le traumatisme qu’a connu les habitants de la ville de Douala pendant ce que l’on a appelé à l’époque le « Commandement Opérationnel »  qui, créé par un décret du chef de l'Etat le 20 février 2000 avec pour but de luter contre la grande criminalité a laissé sur le carreau des centaines camerounais et bien de « disparus ».

De nombreuses autres sources révèlent des brimades, des arrestations arbitraires et même des cas de torture de citoyens camerounais au simple motif de dénonciation parfois fantaisistes.

Aussi, est-il important de souligner que le Cameroun est Etat parti  à la plupart des instruments internationaux en matière de droits de l’homme notamment la Convention des Nations Unies contre la Torture et autres traitements inhumains, ou dégradants. Ce texte a d’ailleurs connu une internalisation plus poussée à travers l’article 132 du Code Pénal camerounais dont il convient de souligner ici les dispositions pertinentes : « Article 2 (….) 2. Aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu'elle soit, qu'il s'agisse de l'état de guerre ou de menace de guerre, d'instabilité politique intérieure ou de tout autre état d'exception, ne peut être invoquée pour justifier la torture. 3. L'ordre d'un supérieur ou d'une autorité publique ne peut être invoqué pour justifier la torture. »

A ce sujet, il est important de saluer  tous ceux des policiers et gendarmes camerounais des services de renseignement ou de la sécurité publique, qui malgré les tares de la gouvernance au Cameroun, continuent de garder une posture citoyenne face aux citoyens. Ceux-là ont compris, qu’ils sont au service d’un Peuple qui les paye et non d’un homme ou d’un groupe, et que demain, après l’Alternance systémique incontournable, ils seront toujours là avec leur place bien garantie dans les nouvelles institutions républicaines. Ceux-là ont compris que la violence contre les citoyens est une négation de l’Etat de droit. Ils ont compris que même au niveau international, ceux qui dérogent à ce principe devront en répondre individuellement, car l’ordre d’un supérieur hiérarchique ne pourra pas être invoqué pour justifier la violence gratuite contre les citoyens.

5-    Sur  le sort des populations des régions du Grand Nord

La Région de l’extrême Nord est aujourd’hui la région la plus touchée par la secte islamique Boko Haram. Il s’agit en fait de la région la plus peuplée du Cameroun qui se caractérise aussi par l’extrême pauvreté des populations et une quasi abandon par le pouvoir Central de Yaoundé qui, avec une élite comprador de cette région maintien les populations dans un sous développement indescriptible. D’ailleurs les premières incursions de cette secte ont amenée le régime de Yaoundé à se rappeler que cette région était abandonnée. C’est ainsi que certains ont salué l’annonce par le Gouvernement du lancement d’un Plan d’Urgence d’un montant de près de 300 Milliards pour le développement des régions septentrionales du Cameroun. Mais très vite, ce plan a disparu pour laisser place à un autre plan d’urgence cette fois là pour l’ensemble du Cameroun pour un montant annoncé d’environs 900 milliards. Pourtant cela aurait pu commencer la récurrente perception d’injustice naturelle des ressortissants de cette région dont la plus grande manifestation se trouve dans la répartition du BIP 2015 où les trois régions septentrionales que sont l’Adamaoua, l’Extrême nord et le Nord totalisent seulement un investissement de 77,204 359 milliards Fcfa en 2015 soit 0.067% des 1.150 milliards Fcfa du BIP 2015 contre 94, 881 139 milliards en 2014.  Cette misère entretenue et l’abandon d’une aussi importante région du Cameroun fait d’elle une proie facile pour des organisations criminelles comme Boko Haram. Tout ceci pose naturellement le problème de l’effectivité d’un Cameroun appartenant à tous les citoyens, de la répartition équitable des richesses nationales et enfin de la gouvernance démocratique.

6-    Sur  La Gouvernance démocratique  en période de guerre.

Le Cameroun est en guerre et tout le monde doit se mobiliser afin que notre pays remporte la victoire contre  Boko Haram. Cette mobilisation doit se faire sur tous les plans en prenant aussi en compte le fait que cette guerre peut durer, et qu’il faille pour cela qu’il y ait une réelle cohésion nationale adossée sur un leadership national incontesté. Or, la perspective d’un renouvellement de la classe politique à l’horizon 2018 impose que la mécanique de dévolution du pouvoir soit clairement questionnée et donc balisée de manière responsable. Et parce que nous avons choisi la démocratie comme système politique, cette dévolution du pouvoir ne peut se faire que par des élections libres et transparentes avec des résultats acceptés par tous. Or le système électoral actuel structuré autour du code électoral de 2012 est insusceptible de produire des élections démocratiques. De ce fait, l’organisation de la prochaine élection présidentielle sans l’adoption préalable et consensuelle d’un nouveau code électoral aura pour conséquence quasi-évidente de déboucher  in fine sur une autre déstabilisation interne ne permettant pas de faire face à l’ennemi extérieur commun appelé Boko Haram. Il est donc impératif d’ouvrir le débat sur le Système électoral et sur le code électoral afin de garantir la sécurité institutionnelle post élection au Cameroun dès lors qu’il est admis et indiscutable que la guerre ne saurait mettre entre parenthèse la vie démocratique qui pourrait mutatis mutandis générer l’instabilité.
En définitive nous affirmons que l’autre remède contre le fameux « Boko Haram Camerounais », n’est autre que l’avènement d’un système électoral camerounais qui rétablirait les pouvoirs du citoyen comme maitre de tout pourvoir en démocratie et donc comme principal responsable de son développement.

Au regard de tout ce qui précède,

La Plate-Forme de la Société Civile pour la Démocratie,

  • Condamne avec la dernière énergie les agissements de la secte terroriste Boko haram au Cameroun
  • Adresse ses encouragements et son soutien aux vaillants soldats camerounais qui se battent au quotidien contre la secte Boko Haram
  • Transmet ses condoléances les plus attristées aux familles des victimes militaires et civiles de la lutte contre Boko Haram
  • Condamne avec la plus grande fermeté toutes les violations des droits de l’homme  que subissent les populations de la Région de l’Extrême Nord au motif  de la lutte contre Boko Haram.
  • Appelle les citoyens engagés à rester en stand by pour une éventuelle mobilisation en tant que volontaire pour aller au front ;
  • Demande aux citoyens de dénoncer toutes personnes civiles ou militaires qui aurait perpétrée des actes de torture sur les citoyens ;
  • Apporte son soutien aux actions menées par les ONGs des droits de l’Homme à l’instar du REDHAC pour assurer une veille citoyenne en vue de la préservation des droits de l’homme pendant cette période guerre.

Concernant la jeunesse camerounaise

La Plate-forme  demande aux jeunes Camerounais qui croient toujours en notre pays de rester  vigilants. Il est évident que beaucoup  parmi ceux-ci sont au chômage à cause de l’insouciance du Gouvernement centrale de Yaoundé. Mais il faut résister à la tentation d’être enrôlé dans des aventures foireuses comme celles que propose aujourd’hui  les « Boko haram camerounais et Nigérian » ;  et dénoncer toute tentative allant dans ce sens.  Il faut garder espoir quant à l’avenir du Cameroun et surtout s’engager politiquement pour préparer les batailles électorales futures qui conduiront à l’alternance au sommet de l’Etat. La parenthèse actuelle que veut imposer Boko Haram à la bataille vitale pour l’alternance doit être comprise par les jeunes comme une récréation. Enfin cet épisode circonstanciel ne doit aucunement nous détourner de notre but ultime qui reste l’avènement d’une société plus juste au Cameroun par les urnes et dans la paix.

Au Président de la république : La plate-Forme demande

  • Qu’En sa qualité de Chef suprême des Armées, de poser des actes concrets pour remonter le moral des troupes au front notamment en : effectuant d’urgence d’une visite dans la région de l’extrême Nord, rendant visite aux soldats blessés, en présidant personnellement une cérémonie d’hommage aux soldats tombés au front et créant un mécanisme national de prise en charge totale des familles des soldats tombés au front
  • Qu’en sa qualité de Chef de l’Etat, d’initier une concertation nationale sur Boko Haram en impliquant l’ensemble des forces vives camerounaises aussi bien  les politiques que la société Civile
  • De donner une fois pour toute, la réponse à la question sur l’existence ou non d’un Boko Haram camerounais constitué pour déstabiliser les institutions ;
  • De créer un fonds spécial destiné à la gestion de la lutte contre la secte islamiste. Et afin de garantir la transparence dans la gestion des ressources mobilisées à cet effet, d’impliquer la société civile dans le mécanisme de suivi de ce fonds ;
  • D’initier une commission d’enquête indépendante sur les allégations de violations graves des droits de l’homme  et d’actes de torture dans le Septentrion ;
  • D’initier dès à présent la réforme du système électoral camerounais notamment avec la mise en place d’une commission mixte sur le code électoral camerounais

A la Communauté internationale
La plate-Forme salue toute la mobilisation  autour de cette cause et adresse sa reconnaissance à l’Union Africaine, à la CEEAC ; à la France, aux USA, à la Russie, à l’Allemagne et à tous les autres pays qui se mobilise pour apporter leur soutien aux pays sinistrés et particulièrement au Cameroun

Aussi la plate-Forme demande a la Communauté Internationale

  • De renforcer son soutien au Cameroun et au pays concernés dans la lutte contre Boko Haram ;
  • De rester attentif quant aux éventuelles violations des droits de l’Homme qui pourraient être perpétrées sous le prétexte de la lutte contre Boko Haram ;
  • De soutenir le REDHAC et les autres ONGS des droits de l’Homme qui assurent une veille citoyenne sur le respect de la dignité humaine au Cameroun en cette période guerre ;
  • De combattre toute tentative de compression des droits de l’homme  par certains pays au motif de lutte contre le terrorisme.

Aux Organisations de la société Civile  et aux forces politiques
La plate-Forme demande

  • De contribuer par tous les moyens légaux  à la lutte contre  ces malfrats
  • De renforcer leur travail de veille afin que le respect des droits de l’homme ne soit pas mis entre parenthèse pendant cette période délicate.
  • De maintenir la pression afin que le système électoral Camerounais soit amélioré dans la perspective des élections de 2018

La Plate-forme de la Société Civile pour la démocratie, rassurée que la victoire contre Boko Haram est imminente, annonce le lancement imminent de la Boite Noire qui marquera un tournant important dans la lutte pour une société plus juste au Cameroun.

Pour la Plate-Forme de la société Civile pour la démocratie

Citoyen Hilaire Kamga
Mandataire de l’Offre Orange

© l’Offre Orange : Hilaire Kamga

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