Lutte contre Boko Haram : Les Nigérians reprennent la guerre à leur compte
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Leur armée mène seule les combats contre la secte sur leur territoire. Ils ont demandé aux forces tchadiennes d’aller attendre à Gambarou.

La ville de Gwoza est-elle tombée à la suite de celle de Baga ? Notre confrère nigérian Premium Times n’en est pas sûr. Dans un article publié lundi, il affirme que « l'armée nigériane a intensifié les frappes aériennes sur Gwoza et Bama, dans l'Etat de Borno, avant une éventuelle invasion par les troupes visant à reprendre les deux villes saisies par le groupe d'insurgés, Boko Haram, l'année dernière ». Il poursuit que l’armée nigériane a gagné beaucoup de terrain au détriment des insurgés ces deux dernières semaines.

Selon lui, Gwoza et Bama sont les deux villes les plus importantes encore sous contrôle de Boko Haram, après que l'armée a annoncé samedi qu'elle avait repris Baga, une communauté de pêcheurs près du lac Tchad. L'armée avait plus tôt dans la semaine repris Monguno, aussi dans l'Etat de Borno. Dès qu’ils ont commencé à engranger leurs premières victoires, les autorités civiles et militaires nigérianes n’ont plus contacté leurs alliés. Aux combattants tchadiens qui s’étaient avancés jusqu’à la localité de Ndikwa, les Nigérians ont demandé de se replier sur Gambarou à la frontière Nigéria –Cameroun.

Ils ne voulaient clairement pas de troupes étrangères à 50 km à l’intérieur du pays. L’armée nigériane semble avoir repris du poil de la bête. « Ils ne veulent visiblement pas partager le mérite d’un triomphe sur Boko Haram », commente un militaire camerounais. Pour lui, l’armée nigériane reste l’une des plus puissantes d’Afrique. « Ils ont des hommes bien entraînés et un matériel de pointe. Très peu d’armées en Afrique peuvent l’égaler », affirme notre source. Il se désole que ce géant militaire se soit laissé perturber par un groupe exogène.

« La corruption et le népotisme ont fait beaucoup de mal à cette armée. Les chefs nommés pour leurs affinités avec le pouvoir se comportaient avec indifférence vis-àvis de leurs hommes. Or, un général c’est d’abord ses hommes qui font sa force. Boko Haram a profité de ce qu’au moment où ils ont commencé leurs désordres, certains militaires se sont dit : pourquoi moi je dois mourir pendant que les autres vont récolter les privilèges de la victoire ? C’est en gros ce qui a disloqué cette armée », commente notre source.

Le comportement récent de l’armée nigériane s’explique aussi par les coups de boutoir que le président nigérian lui fait ces derniers temps. Dans un entretien au journal privé This Day, diffusé dimanche 22 février, le président nigérian Goodluck Jonathan a reconnu avoir « sous-estimé » le groupe terroriste. « Probablement, au début de l'insurrection, nous - je veux dire mon équipe et moi-même - avons sous-estimé les capacités de nuisance de Boko Haram », a-t-il déclaré, ajoutant que de « nombreux responsables sécuritaires » ont fait dans le passé des déclarations minimisant la portée du groupe.

Les militaires semblent avoir été piqués au vif par cette autre sortie de leur chef qui avait promis d’éradiquer la secte en juste six semaines. Le Nigeria devait organiser le 14 février une présidentielle couplée à des législatives et sénatoriales. Elles ont été reportées de six semaines, au 28 mars, pour permettre à l'armée de se concentrer sur son offensive contre les islamistes. Selon Goodluck Jonathan, l'armée nigériane s'est dotée récemment de nouvelles armes et munitions. « Si Dieu le veut, nous arrêterons Shekau avant les élections », a dit le président, candidat à sa réélection.

© Le Jour : Aziz Salatou

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