REDYNAMISATION DES COMITES DE LANGUES CAMEROUNAISES:Rencontre avec les comités de langues des régions de l’Extrême Nord
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REDYNAMISATION DES COMITES DE LANGUES CAMEROUNAISES:Rencontre avec les comités de langues des régions de l’Extrême Nord :: CAMEROON

Lieu de la rencontre : salle de conférence de la CABTAL à Maroua . Une réunion de redynamisation des comités de langues des régions de l’Extrême Nord s’est tenue à Maroua le mercredi, 29 octobre 2014. Les comités de langues ci-après ont pris part à cette rencontre : mafa (2 représentants), mundang (un représentant), fulfulde (un représentant),tupouri (un représentant) Mofu-gudur (deux représentants). Le responsable de la traduction et de l’alphabétisation de CABTAL de l’Extrême nord a vivement organisé cette rencontre et participé aux travaux. Aussi a-t-il été renseigné sur les objectifs de l’ANACLAC, les relations souhaitées entre l’ANACLAC et la CABTAL dans le cadre de la mobilisation des ouvriers des langues camerounaises et dans leur utilisation pour le plus grand bien de l’enracinement de l’expérience  dans le développement écrit des langues et surtout le partage des connaissances dans le domaine.

Les deux représentants de l’Association nationale des comités de Langues Camerounaises (ANACLAC) à la rencontre  professeurs Etienne SADEMBOUO et Gabriel MBA, ont après le mot de bienvenue et la prière de circonstance, planté le décor en déroulant l’objet de la rencontre et en proposant un ordre du jour bâti autour de la présentation de chaque participant et des activités de son comité de langue, des perspectives nouvelles dans le cadre de la redynamisation des relations entre l’ANACLAC et les comités de langues membres d’une part, et tous les acteurs de promotion des langues camerounaises d’autre part.

Présentation des participants et des activités de leurs structures respectives
Etienne SADEMBOUO a ouvert l’exercice en présentant l’ANACLAC, en fournissant des informations capitales sur l’état de l’association depuis la disparition brutale du Professeur Maurice TADADJEU le 31 décembre 2012, sur la décision  du bureau national restreint de l’ANACLAC de le porter  au poste de Président intérimaire de l’association et de la direction tout aussi intérimaire de Centre de linguistique appliquée(CLA) de l’ANACLAC.

Gabriel MBA, Chargé des programmes au CLA et trésorier de l’ANACLAC a parlé des difficultés actuelles quant au déploiement des activités du CLA au profit des comités de langues comme par le passé. Ceci est dû non seulement à cause du décès du professeur TADADJEU et des ajustements qu’il était nécessaire d’envisager, mais aussi de l’état des caisses de l’association car bien des années auparavant la plupart des comités avaient cessé d’honorer leur contribution annuelle qui aurait permis d’assurer un fonctionnement minimum.
    Monsieur NDOKOBAi, chargé du suivi des programmes de CABTAL pour l’Extrême Nord s’est montré très content de la collaboration avec l’ANACLAC et a souligné le fait que la majeure partie des personnels de la CABTAL sont issus des moules de l’ANACLAC. Ceux-ci   pour la plupart ont été encadrés à l’Université par les enseignants qui sont aussi administrateurs du Centre de Linguistique Appliquée(CLA) de l’ANACLAC. Il a de ce fait bien perçu la plus value de cette formation dans le développement actuel des langues camerounaises.

Le pasteur HADAMA Christophe du comité de langue mafa signale un bicéphalisme à la tête du développement du mafa. Les catholiques et les protestants ont chacun servi un système d’écriture à la langue mafa qui connait des divergences de représentation de certains sons et  des règles d’orthographe .Pour le moment, il y a une révision en cours de la Bible mafa par les catholiques et les protestants. Un accord de sécurisation d’une orthographe commune a été faite en Août dernier.

Monsieur DZENGUERE lui aussi membre du comité de langue mafa et ouvrier de langue  de première heure, a souligné le problème de l’harmonisation du comité de langue depuis le décès de l’Abbé Benoît MENETCHEO. Il rapporte que le mafa continue d’être enseigné dans le primaire catholique et dans le secondaire à l’exemple du lycée classique de Mokolo. Mais il avoue pour ce qui est du cas de Mokolo qu’il n’a pas eu de contact ni avec l’enseignant ni avec les autorités du lycée. 

LAWE Gilbert et Bernard DJAKDJINA sont pasteurs, membres du comité de langue tupuri et traducteurs (depuis 1984 pour le second nommé). Le nouveau testament a été dédicacé en 1989 avec les catholiques et les protestants et le système d’écriture retenu a été élaboré par le professeur Ursula WIESEMANN. Plus tard, ce système a été critiqué. Cependant, un autre système a été mis en place celui-là moins scientifique, et a servi de base pour la traduction de la bible entière qui a été dédicacée en 2006. Le dictionnaire tupuri-français a été élaboré par les missionnaires catholiques. Mais il manque à présent des finances pour sa publication. Deux volumes de syllabaire ont été aussi préparés mais seul le volume 1 a été publié. Les contes tupuri sont disponibles.  Le manuel de transition (tupuri-français) a lui aussi été élaboré. Monsieur Gédéon, coordonnateur actuel du service de l’alphabétisation à la SIL Cameroun peut en dire davantage. Le contact a été pris avec les autorités pour l’enseignement du tupuri mais la réponse tarde à nous parvenir. Nous avons été encouragés pour le moment à créer plutôt des classes d’alphabétisation des adultes.

SALI MOUNA, président des éditions Annora, de langue maternelle molokwo dans l’arrondissement de Méri s’est retrouvé dans la rencontre non pas pour parler du molokwo mais du fulfulde. Il estime qu’une harmonisation de l’orthographe du fulfulde est nécessaire et demande à l’ANACLAC de participer à l’opération. Après avoir suivi ce qu’est un comité de langue, il pense que dans sa communauté l’entendement est conforme à ce que le comité de langue est un groupe de personnes volontaires dont la seule préoccupation au-delà des convictions religieuses et des statuts sociaux particuliers, est promouvoir la langue maternelle sur le plan de l’oral et de l’écrit, de l’insérer dans les canaux de formation et d’éducation des locuteurs et des non locuteurs qui en expriment le désir.

GAMALDAT Alphonse, évangéliste, membre du comité de traduction mofu souligne que le comité de langue géré par Monsieur Abdoulaye GOLOVED connait des problèmes de visibilité. C’est pourquoi un comité de traduction affilié à CABTAL a vu le jour et assure l’alphabétisation dans 99 centres au sein des églises. L’éducation multilingue (12 classes) est coordonnée par NDJIDA Germain, produit de la formation PROPELCA. Un méga  projet d’alphabétisation fonctionnelle de la CABTAL financé par la Finlande et la Suisse est en cours d’exécution et occupe à plein temps deux alphabétiseurs dont une femme et un homme. Le cuvok et le vane bénéficient aussi de cette expérience. .Pour les productions, plus de 80 titres existent en mofu-gudur mais il faut redynamiser le comité de langue pour en faire un instrument réel de mobilisation et d’accompagnement de tous les efforts.
SOUDI Nathanaél, président de la littérature mundang (langue parlée au Tchad et au Cameroun) est ancien Inspecteur de police retraité qui s’intéresse au développement de sa langue. Le mundang a connu la publication de la bible en 1948, révisée en 1956 et 1983. C’est le premier peuple du grand Nord a avoir le nouveau testament il ya 66 ans. Beaucoup de brochures traduites ont vu le jour et même des essais de grammaire, dictionnaire, des recueils de contes, etc. Le problème du mundang reste celui de l’organisation locale pour son développement harmonieux.

Jeux de questions-réponses

Un jeu de questions-réponses pour l’édification des participants a eu lieu. Parmi les questions clés figurent celle relative aux critères de sélection des langues pour l’enseignement formel et celle liée aux cotisations des comités membres de l’ANACLAC et leur utilisation.

Pour les critères de choix des langues à introduire dans le système éducatif, il a été dit qu’introduire une langue dans le système éducatif ne relève pas du choix de l’ANACLAC mais se trouve beaucoup plus être la résultante des efforts des locuteurs de la langue de meubler le développement de celle-ci par la formation du personnel, la production du matériel didactique, la détermination et l’organisation locale, la visibilité et les activités du comité de langue ou ce qui en tient lieu, etc. L’ANACLAC accompagne les efforts des communautés linguistiques dans cette tache dans la mesure de ces moyens techniques disponibles.

Pour les cotisations annuelles, il a été rappelé  que l’ANACLAC est le regroupement des comités membres et en tant qu’organisation faîtière ne peut fonctionner normalement sans l’apport de ceux qui l’ont créée. Comment informer les comités, faire fonctionner un secrétariat si aucune ressource financière n’est disponible, comment initier une session de formation même minime, comment convoquer une réunion de bureau, comment rentrer en contact avec les comités de langues ou les administrations publiques ? Les cotisations annuelles de l’ANACLAC qui s’élèvent à 30 000 F dont 20 000 F pour l’administration centrale et 10 000 F pour l‘administration régionale sont prévus à cet effet. Ceci est d’ailleurs insignifiant pour ces immenses taches.

Fin de la rencontre

Pour clore la rencontre, il a été repris les informations importantes sur l’ANACLAC, sur les rapports devant exister entre les structures de promotion des langues, sur la représentativité au sein des comités de langues, etc. Monsieur NDOKOBAI s’est encore félicité de cette rencontre avec les personnes attelées au travail de traduction en langues maternelles de sa structure. Il a d’ailleurs demandé que le statut coquille des comités de langue lui soient transmis pour une plus grande information des langues qui travaillent avec sa structure. Le souhait émis par les uns et les autres est que de telles rencontres s’étoffent pour le grand bonheur de tous les ouvriers des comités de langues de l’Extrême Nord et non seulement ceux ici présents. 

Entretien avec le Secrétaire à l’Education Catholique de Maroua-Mokolo

Nous avons reçu la visite du Secrétaire à l’Education Catholique de Maroua-Mokolo, partenaire de l’ANACLAC dans le projet PROPELCA et avons échangé sur le déroulement actuel du programme et les problèmes de l’heure avec le renouvellement des personnalités diocésaines à l’instar du tout  nouvel Evêque. L’expérience continue dans certaines écoles primaires mais il manque des fonds pour la formation continue des enseignants qui pour la plupart dans cette région partent quand il y a mieux ailleurs.

© Correspondance : Pr MBA Gabriel

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