Samuel Éto’o : victime de son talent
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Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, Samuel Éto’o représente valablement l’Afrique et, principalement, le Cameroun qui l’a honni. Oui, dans ce pays qui a consacré l’arrivisme et surtout la jalousie gratuite, toute personne de talent ou de génie est un(e) criminel(le) que le système combat. L’imposture a fini par imposer à la société camerounaise certains personnages qui ne se targuent pas avec réserve. Le dessein incestueux de ces derniers est de faire ombrage à quiconque disposerait d’arguments bien meilleurs pour s’illustrer.

Samuel Éto’o compte parmi ceux que la machine administrative camerounaise a banni et proscrit au sein de l’équipe nationale de foot-ball. Comment comprendre que ce joueur, dont seuls l’expérience et le charisme suffisent, puisse être le grand absent en cette Can 2015 quand tous les spécialistes du milieu s’accordent à reconnaître le rôle prioritaire qu’il aurait pu jouer dans une formation de Lions sans leader véritable ?  

En tout cas, quitte à faire une prestation médiocre, les officiels camerounais, sous la bannière en trompe-l’œil de reconstruction de l’équipe, ont cru bon en finir avec le phénomène Éto’o. Voilà jusqu’où l’on est capable d’ignorer et de tourner en ridicule nos hommes de valeur au Cameroun.

D’ailleurs, connaît-on un génie qui soit un ange ? Qu’on se comprenne bien : Éto’o avait un ego. Peut-être même surdimensionné. Mais bon ! Quel talent n’a pas son côté sombre ? Voltaire, que la France célèbre comme défenseur des libertés, n’a-t-il pas lui-même soutenu la politique esclavagiste ? Quid alors de Montesquieu et la hiérarchie des races ? André Gide ou encore Paul Verlaine et Arthur Rimbaud se sont imposés comme de véritables esthètes que la France culturelle/littéraire célèbre avec faste et ce malgré leurs choix libidinaux excentriques.

Des exemples de personnes talentueuses, aux revers bouleversants, existent par milliers mais cela n’a jamais empêché que leur génie soit honoré par leur pays d’origine.
Plus près de nous, on se souvient du coup de tête de Zidane en finale de Coupe du monde et dont l’expulsion a coûté non seulement le déséquilibre numérique sur le terrain, mais aussi la défaite de son équipe qui, peut-être, aurait pu remporter le trophée. Mais tout cela n’a pas empêché à son pays de lui réserver le statut sans limite de fierté nationale. Faites donc le parallèle avec Éto’o et vous comprendrez qu’au Cameroun, une faute commise n’est jamais pardonnée. Et ce, que vous soyez Éto’o ou pas.

Cette situation de claustration des talents ne se résume pas seulement au foot-ball. Effectivement, il y a bon nombre d’intellectuels camerounais, qui, pour peu qu’ils aient des idées contraires à celles de l’oligarchie régnante, se voient interdits de séjour (Mongo Beti, père Lado, Abel Eyinga, Jean Marc Ela, etc.). Bien plus, combien de valeureux camerounais de la diaspora voudraient rentrer servir leur pays mais butent devant la crispation des caciques du système qui redoutent inutilement ces talents venus d’ailleurs ?

Il est temps que les valeurs associées au mérite, à l’effort sain, au talent reviennent dans les mœurs camerounaises afin que ce pays profite véritablement des contributions de chacun de ses fils dans l’objectif de développement national.

© Correspondance de : Man Bene

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