Cameroun,BOKO HARAM : MANIFESTE DES PATRIOTES
CAMEROUN :: POINT DE VUE

Cameroun,BOKO HARAM : MANIFESTE DES PATRIOTES :: CAMEROON

Proposition  d’un collectif  de patriotes réunis autour du dernier survivant des leaders de la lutte pour la Réunification et l’Indépendance du pays, ce manifeste est ouvert à la signature de tous ceux qui l’approuvent, pour relancer fortement la Mobilisation Populaire.

Kamerunaises, Kamerunais, Chers Compatriotes,

1.-  L’heure est grave. Le pays est en danger. Le régime a choisi, depuis longtemps, de ne pas dire la vérité au peuple. Petit à petit, il s’est pris dans la nasse de ses propres mensonges.  Nous sommes aujourd’hui au bord du désastre. Que faire ?

 2.- Le 18 Janvier, le Ministère de la Défense annonçait comme dernière nouvelle du front, qu’au cours d’une  bataille de sept heures, l’armée camerounaise  avait infligé à la secte terroriste Boko Haram des pertes s’élevant à 143 morts  et de nombreux blessés, ne comptant dans ses propres rangs qu’un seul mort et un seul blessé. Malgré ce bilan impressionnant, nous apprenions dès le lendemain que le Président Biya avait appelé le Tchad au secours, lui qui a longtemps pratiqué une  politique absurde de non coopération avec les pays voisins pour une lutte efficace contre la secte terroriste islamique. Et, à peine l’armée Tchadienne s’était-elle fortement déployée en territoire camerounais que Boko Haram lançait une nouvelle incursion dans notre pays, rasant deux villages et emportant de  soixante à quatre vingt otages. Lorsque dans leur fuite les terroristes ont laissé vingt quatre blessés qui ne pouvaient pas suivre le rythme du repli, on nous a annoncé que nos forces avaient libéré vingt quatre otages….Est-ce ainsi que nous allons gagner la guerre ?

3.-  Au Cameroun, comme dans de nombreux pays, la Constitution attribue au Chef de l’Etat le titre de Chef des armées. Ce titre ne confère pas au Président de la République des compétences militaires particulières. Il est politique et assure la prééminence du Chef de l’Etat quant aux grandes décisions engageant le pays et comportant l’usage éventuel de ses forces armées. Or, ceux qui sont à la tête des institutions de défense et de sécurité dans notre pays ne le doivent qu’à la pratique du tribalisme et ou à leurs aptitudes de personnes prêtes à exécuter toutes les besognes  et à faire tirer sur les jeunes et sur le peuple « sans état d’âme »…et non à leurs compétences.

D’où il résulte que notre « Conseil National de Sécurité » est un organisme fantôme, que notre  armée reste essentiellement une armée de guerre civile dont le rôle principal et le meilleur équipement sont réservés à un corps  de répression de toute manifestation de mécontentement populaire, le BIR, et finalement, que le pays n’a aucune véritable stratégie, aucune politique cohérente de lutte contre Boko-Haram.

4.-  En fait, depuis que Boko Haram se manifeste dans notre pays jusqu’à ce jour, le régime du Président Biya nage dans l’incohérence totale à propos du terrorisme ; il est entré dans une phase d’affolement où le contrôle de la situation lui échappe.

Souvenez-vous. Au début, on a développé officiellement la thèse selon laquelle Boko Haram n’était qu’une « affaire entre Nigérians ».Sans doute pour mieux tromper la vigilance de leur cible, les chefs  terroristes n’hésitèrent pas à  affirmer qu’ils « n’avaient rien contre les Camerounais ». (Avoir l’adversaire par la ruse est parfaitement licite en théologie islamique).

On ferma donc les yeux sur les activités de la secte et sur ses complices en territoire camerounais, transformant celui-ci en sanctuaire, en confortable base arrière. Probablement avec des complicités dans l’entourage du Président  Biya, on refusa même au voisin nigérian le droit de poursuivre les combattants de la secte  au Cameroun. Les terroristes pouvaient donc, pratiquement au vu et au su de tous, se ravitailler, multiplier leurs caches  d’armes avec la complicité de fonctionnaires corrompus, recruter des jeunes gens par centaines au quotidien dans l’Extrême Nord…

Même lorsque Boko Haram commença à frapper en territoire camerounais, égorgeant sauvagement nos concitoyens, hommes et femmes, civils et militaires (des contingents de corps sans têtes de militaires arrivaient à Yaoundé, et le personnel  des morgues était invité à observer le secret le plus strict), le régime continuait à jouer un cynique double jeu : tantôt il  faisait semblant de prendre la tête de la mobilisation internationale contre le terrorisme ( il fut le premier à « déclarer la guerre à Boko Haram » à la Conférence de Paris sur la Sécurité au Nigéria) tantôt  il faisait monter au créneau des agents pour continuer à propager le thèse selon laquelle « il n’y a pas de Boko Haram au Cameroun » affirmant que  notre pays était victime d’une tentative de  déstabilisation par la France et les USA sur le modèle de la crise ivoirienne….De là à présenter le Chef de l’Etat Camerounais en champion de l’anti-impérialisme et du « patriotisme économique », il n’y avait qu’un pas que des néo-panafricanistes griots n’ont pas hésité à franchir.

5.- Il fut un temps où le régime a fait semblant de s’ouvrir à la collaboration avec un opposant. L’initiative du Conseil National de la Sécurité de prendre  contact avec Ngouo Woungly-Massaga, Commandant Kissamba s’est avérée  n’être hélas  qu’une manœuvre :

- Pour Kissamba, il s’agissait de « se mettre au service du pays », pour ses interlocuteurs, il s’agissait de se « mettre au service du Chef de l’Etat »…

- Le CNS voulait une tournée  touristique  dans l’Extrême-Nord pour montrer qu’il associe tout le Monde et que tout le monde apprécie sa politique de lutte contre Boko-Haram. Kissamba voulait aller sur terrain, discuter avec les chefs militaires,  les élus et les populations, pour s’informer des modes opératoires de Boko Haram et étudier les voies et moyens les plus efficaces de le combattre à court et à long terme.

-  Pour Kissamba, le discours autosuffisant de griots qui vantaient leurs moyens d’Etat pour écraser bientôt la secte n’avait aucun intérêt. Manifestement, les hommes du Président ne connaissaient rien à l’affaire…K exposait donc calmement que la lutte contre Boko Haram ne pouvait pas être exclusivement militaire, ni  même principalement militaire, avec des distributions de vivres du Cérac (dont il faudrait étudier comment elles sont réellement accueillies et interprétées dans un contexte d’énormes difficultés  pérennes, endémiques). Kissamba demandait donc de commencer par la création d’un climat sain pour la jeunesse du grand Nord, demandait à M.Atanga Nji (Ministre Secrétaire permanent du Conseil National de Sécurité),de tout faire pour obtenir  rapidement la libération du jeune Célestin Yandal, Président des  Jeunes de Touboro pour le Développement, emprisonné depuis bientôt deux ans sur ordre du Lamido de Rey Bouba, Vice-Président du Sénat et ami personnel du Chef de l’Etat, dont les abus de pouvoir sont internationalement connus par les défenseurs des Droits de l’Homme, et attestent que notre pays, dans certaines de ses régions, est loin d’être sorti du moyen-âge.

Il n’en  fallut pas plus pour que le CNS « entre dans les sissongos »… alors que Boko Haram sévit de plus belle.

6.-  Les motions de soutien qui appellent les populations à  «  se ranger derrière le Chef de l’Etat dans sa lutte contre Boko-Haram » camouflent le fait que nul ne sait en quoi consiste la politique du régime dans cette lutte.

Pourtant, face à la montée en puissance  des attaques de la secte terroriste, les agents du régime  commencent à parler « d’union sacrée ». Quelques petits pions sont poussés en avant pour proposer une « marche patriotique de soutien aux forces armées », comme pour avouer la grossièreté du mot d’ordre du « soutien au Président Biya dans sa lutte contre Boko Haram ».

Nous dénonçons, une fois de plus, la honteuse escroquerie politique du parti au pouvoir consistant à  confondre la mobilisation patriotique contre Boko Haram et le soutien partisan au chef de l’Etat.

Pour qu’il n’y ait donc aucune ambiguïté à cet égard, nous appelons solennellement  la jeunesse, les travailleurs et le peuple kamerunais à ne pas tomber dans le panneau de cette confusion, et à ne  participer à aucune marche, aucune manifestation de « soutien au Chef de l’Etat » dans sa lutte contre Boko Haram.

Primo :  parce que le régime vient de promulguer sa « loi de répression contre le terrorisme » qui punit de la peine de mort quiconque  ose manifester contre sa politique. Il  ne doit donc  bénéficier d’aucune forme de soutien de la part de ceux qui ne se reconnaissent pas dans sa politique ou qui en sont les victimes, comme le montre le fait de s’attaquer au droit démocratique fondamental de manifester (depuis longtemps annulé par les Sous Préfets), sous prétexte de lutte contre le terrorisme.

Secundo : parce qu’en détournant la mobilisation contre Boko Haram en plébiscite de Paul Biya, ce dernier et son parti politique se comportent en complices actifs des radicaux islamiques. D’ailleurs, leur longue politique de passivité, de paiement de rançons en milliards de francs cfa, de contacts permanents avec les terroristes pour des négociations occultes, ne leur font pas mériter le soutien des patriotes et du Peuple camerounais.

Tertio enfin, parce que le discours malsain du porte parole du Gouvernement, Ministre de la Communication, tout en insultes et en stigmatisation de l’opposition, est tout sauf un appel à l’union patriotique et au rassemblement national.

7.- Kamerunaises, Kamerunais, Chers Compatriotes,

La situation tragique actuelle  du pays comporte deux aspects : la faillite du pouvoir néocolonial, dépassé par les évènements et en plein désarroi face à la  problématique du terrorisme islamique, d’une part, et la faillite de l’opposition, ou plus précisément des oppositions bloquées dans des stratégies essentiellement  tribalistes, toutes porteuses de guerre civile, d’autre part.   

La faillite du régime est incontestable. Finalement M.Biya a appelé le Tchad à l’aide contre Boko Haram après avoir longtemps refusé toute véritable coopération contre le terrorisme. Et il faut remarquer que le Tchad déploie ses troupes en territoire camerounais sans accord cadre préalable assurant une cohérence opérationnelle sous commandement camerounais. Pire, c’est le Président Tchadien qui prend l’initiative d’inviter les autres Etats africains à envoyer leurs troupes au Cameroun pour une coalition africaine contre le groupe terroriste. Ce qui démontre à quel point « le gars est dépassé » et souligne la nécessité et l’urgence d’une Transition politique nationale dans notre pays.

Quant à la faillite de l’opposition, il suffit de se poser la question de savoir que mettre en place après l’actuel régime pour qu’apparaisse la nécessité pour les patriotes camerounais de cerner la question du changement en profondeur, en faisant le constat que « l’opposition camerounaise »,( la nébuleuse des oppositions camerounaises), est dans un état lamentable.

8.-  Pour comprendre ce second aspect de la situation tragique du pays, et comprendre en profondeur la problématique du changement, en donnant une explication objective à la longévité politique d’Ahidjo (25 ans) et de Biya (32 et ce n’est pas fini), nous reviendrons brièvement sur le parcours historique de l’U.P.C .

D’aucuns parlent souvent de l’échec de l’UPC. Cette formule est politiquement incorrecte et historiquement fausse. L’UPC avait dès sa fondation un programme clair et précis : la réunification et l’indépendance du pays. L’une et l’autre furent conquises « de haute lutte » ; mais l’une et l’autre furent incontestablement  piégées par le néocolonialisme, avec l’installation au pouvoir par les puissances coloniales (militairement et diplomatiquement coalisées) de leurs agents qui s’étaient farouchement opposé à l’indépendance au départ. La victoire finale de l’UPC, après la victoire formelle d’une unification tronquée et de l’accession à la souveraineté internationale, interviendra après l’intermède néocolonial, avec une nouvelle révolte  de la jeunesse patriotique contre l’ordre néocolonial.  Cette victoire finale s’inscrira nécessairement dans le cadre de la justice sociale, parce que le long intermède néocolonial aura été caractérisé par la corruption et le pillage du pays, et portera  inévitablement la marque du panafricanisme pour répondre aux aspirations des  peuples au progrès et au développement.

9.-   Mais peut-on parler d’une future victoire finale de l’UPC alors que les groupes qui s’en réclament ou la représentent officiellement aujourd’hui se prostituent sans  vergogne au pouvoir néocolonial, et évoquer une nouvelle révolte de la jeunesse patriotique dans un contexte où la plupart des jeunes  tremblent de peur face au BIR ou se laissent corrompre ou sodomiser par les barons du RDPC ? Telle est la première question que soulève notre éclairage historique. Mais une autre question s’impose  (oubliée par tous les politologues, « polititistes » et autres géostratèges) : pourquoi l’intermède néocolonial a-t-il duré  et dure-t-il si longtemps au Cameroun ?

a) Pour ce qui est de la première question, dans la perspective historique qui est la nôtre, l’agitation de quelques opportunistes manipulés par le Minat/d et par des membres des sectes philosophiques des hautes sphères du pouvoir est un épiphénomène qui sera battu en brèches par une véritable mobilisation des patriotes : les militants de l’UPC sensibles à celle-ci, désavoueront les  agents du parti au pouvoir et se réapproprieront  le parti des héros nationaux et des patriotes révolutionnaires.

Il faut  donc préciser que l’UPC au sens des vrais patriotes, n’est pas qu’un sigle dont peut s’emparer n’importe quel aventurier pour faire la politique du régime, ni un mouvement lié à un seul ou à deux groupes ethniques. L’UPC est avant tout un combat, un combat multiethnique, national. Aussi, dans la mesure où nous poursuivrons sans relâche nos efforts de dialogue et d’éducation politique pour l’unité de l’UPC, le type de mobilisation patriotique qui est mis en œuvre avec le présent manifeste – qui est un type de mobilisation authentiquement upéciste- ne pourra que stimuler parallèlement le processus de réappropriation de ce grand parti par ses vrais militants.

b) S’agissant de la peur qui paralyserait les jeunes aujourd’hui, et de la manipulation par le régime d’une bonne partie de la jeunesse, nous pouvons affirmer que les choses ne seront ni plus simples, ni plus difficiles  qu’à l’époque coloniale.  Pour reprendre l’enseignement d’un grand penseur, le propre d’une « situation révolutionnaire », comme la crise actuelle des dictatures néocoloniales africaines, c’est que ceux d’en haut perdent  le contrôle des mécanismes de leur hégémonie, et que ceux d’en bas ne supportent plus le joug de leurs oppresseurs.

Au moment de la fondation de l’UPC en 1948, un bon nombre de nos compatriotes qualifiaient les upécistes de fous qui osaient s’en prendre à la domination coloniale. Les Blancs disaient-ils fabriquaient des avions qui volent de continent en continent, et des armes des plus destructrices ; et le Noir ne fabriquait même pas des allumettes. A peine quelques années plus tard, en 1954, l’administration coloniale et ses hommes de main constataient que le pays tout entier était acquis à la revendication de l’Unification et de l’Indépendance du pays. 

Nous sommes donc convaincus qu’avec des propositions de lutte justes et claires, et un travail de mobilisation et d’éducation adéquat, la jeunesse camerounaise retrouvera confiance en elle-même et pourra mener le peuple camerounais à l’assaut du régime néocolonial.

c)  Pour ce qui est de l’extraordinaire longévité politique des présidents camerounais postcoloniaux, Ahmadou Ahidjo (25 ans) et Paul Biya (32 ans et ce n’est pas fini..), elle ne tient nullement à leurs qualités personnelles ou à leur génie politique que vantent les agents idéologiques de l’impérialisme. C’est tout simplement une expression directe  des déficiences, des maladies de l’opposition camerounaise ou plus précisément des oppositions camerounaises qui obéissent toutes aujourd’hui à des stratégies ethniques de conquête du pouvoir, quand ce n’est pas à des opérations mesquines de recherche d’un poste ministériel auprès du parti au pouvoir. Expliquons-nous.

Après la proclamation de l’Indépendance, l’UPC fut sérieusement affaiblie autant par une répression politico-militaire farouche, que par les tensions ethniques internes.

C’est Mgr Albert Ndongmo qui formula la première stratégie ethnique de conquête du pouvoir dans notre pays. Ce fut  peu après l’assassinat d’Ernest Ouandie, au cours d’une réunion secrète, strictement réservée aux seuls Bamiléké, tenue en région parisienne sous le couvert d’une fête de baptême d’un enfant…Une délégation était venue du pays, conduite par un ancien upéciste de la première heure devenu Maire de Bafoussam , le Dr Tagny Mathieu. Tous les camarades Bamiléké du Commandant Kissamba conduits  par le Secrétaire Général Adjoint de l’UPC étaient présents. De là partit la tentative de contrôle du Parti par un groupe ethnique un peu trop pressé et trop gourmand.

En fait, le travail de Mgr Ndongmo comme idéologue de l’hégémonie Bamiléké ne commençait pas seulement après la mort de Ouandié. Le Président du CR (Comité Révolutionnaire de l’UPC) était connu pour son anti-tribalisme radical ; Mgr Ndongmo ne pouvait pas, au risque d’une rupture immédiate entre les deux hommes, développer ouvertement des thèses  grossièrement tribalistes alors qu’il collaborait avec lui.

Mais pendant que Ouandié était au maquis, rien ne pouvait empêcher Mgr  Ndongmo de stimuler le jeune clergé Bamiléké qu’il envoyait à la conquête de l’hégémonie dans l’église catholique et de pousser la jeune bourgeoisie Bamiléké à la conquête du pouvoir politique et économique. La croissance de la petite bourgeoisie Bamiléké se trouva alors  influencée  par  des phénomènes malsains dans la lutte des maquis : apparition d’attaques militaires proches du banditisme qui récupéraient des fonds distraits ensuite par des chefs de guerre se convertissant en commerçants, ralliement au régime de responsables de l’ALNK  détournant les fonds de la lutte et lançant des sociétés avec des pontes du régime néocolonial : l’étude des origines historiques des sociétés comme CAMLAIT attesterait de cette évolution.

La deuxième stratégie de conquête ethnique du pouvoir se manifesta  avec la tentative  coup d’Etat du 6 Avril 1984. Ses auteurs voulaient  le retour au pouvoir d’Ahidjo, opération  vite perçue (et présentée) au niveau des populations comme une « réappropriation » régionale ;  («  Bia man nyong djom bia ! » « nous avons repris notre chose ! » chantaient les groupes de populations nordistes aux premières heures du putsch, croyant la partie gagnée. Cette seconde revendication d’un pouvoir ethnico régional ne fut pas anéantie  par l’échec du putsch, au contraire. La répression sauvage, extrajudiciaire, aveuglément anti nordiste, qui fit des milliers de morts, conduite par les généraux Pierre Semengué et Asso’o Emane ; a certainement renforcé la volonté de reconquête du pouvoir chez les Nordistes, en la doublant d’une sourde et farouche soif de revanche sur « le Sud » : qu’avaient avoir les Mongo Beti, Eyinga Abel ou Woungly-Massaga (alors maintenus en exil par Biya) avec cette tragédie  Rdepecisto-rdepeciste… ? En quoi furent concernés les paysans  et les jeunes  du sud qu’on rêve de castrer ou d’égorger un jour (« Au nom d’Allah, le Miséricordieux»)?...

La troisième stratégie de conquête ou de conservation du  pouvoir est celle qui se déploie aujourd’hui  sous  nos eux. Après avoir sournoisement  pratiqué et fait pratiquer le tribalisme pour noyauter l’ensemble de l’appareil de l’Etat,  et mis à profit la culture de la passivité qui a gagné le peuple depuis des décennies, le Chef de l’Etat a placé l’ensemble des forces de défense et de sécurité  entre les mains de son  clan, pour faciliter la rétention du pouvoir par la force, en attendant de mettre en œuvre les apparences d’une transition légale, au moment opportun. La soi-disant « loi sur la répression du terrorisme » fournit d’avance une couverture légale au massacre des populations en toute hypothèse.

En vérité, Chers Compatriotes, aucune de ces stratégies ethniques  qui ont par ailleurs un grand pouvoir de nuisance et de tétanisation des partis politiques déclarés, ne peut être salutaire pour le pays. L’hégémonie Bamiléké à la Ndongmo mènerait le Cameroun à terme vers un scénario semblable à celui du génocide ruandais. Le pouvoir nordiste qu’il suive ou non la stratégie du califat de Boko Haram, aboutirait à terme à la partition sanglante du pays. Le pouvoir  Beti incrusté dans la mauvaise gouvernance et le recours aux mercenaires, plongerait le pays dans une guerre civile de type classique opposant tous les patriotes camerounais, beti et sudistes compris, au régime de la corruption.

On notera que nous ne considérons pas comme stratégie ethnique de conquête du pouvoir la démarche des petits tribalistes qui courtisent le parti au pouvoir pour décrocher un poste ministériel : ils luttent pour leurs intérêts personnels et ne font qu’instrumentaliser leur ethnie et les groupes qu’ils contrôlent par la corruption, et on retiendra aussi  qu’à notre sens lorsque les ressortissants d’une tribu sont intégrés dans un processus de mobilisation nationale authentiquement multiethnique, l’accession de l’un d’entre eux à la magistrature suprême ne saurait signifier l’avènement d’un pouvoir ethnique. Ainsi, pour les upécistes, la consécration d’Ernest Ouandié comme Président  d’un Kamerun Nouveau n’aurait  été que la victoire de l’UPC et du peuple tout entier.

10.-  ACTION IMMEDIATE :

Nous publions ce Manifeste des Patriotes pour que toutes les Kamerunaises et tous les Kamerunais qui ont à cœur de sauver le pays nous rejoignent sans tarder pour relancer la mobilisation populaire.

Jusqu’au 10 Avril 2015, les premiers signataires de ce Manifeste se mobiliseront pour élargir et consolider leur noyau, et se répartiront les tâches préparatoires à la mise en place d’un Conseil National de Transition. D’ores et déjà ils reçoivent toutes les propositions relatives à la mise en place de ce Conseil National de Transition (*)

Nous soutenons l’Appel du Président Idris Débi Itno du Tchad demandant que d’autres pays africains envoient des troupes au Cameroun, mais exprimons solennellement le vœu que ces troupes ne viennent pas seulement des anciennes colonies françaises. Aussi , avec les autres signataires du présent Manifeste  des Patriotes Kamerunais, le Commandant Kissamba alias Commandant Gama pour les  patriotes angolais, qui fut compagnon de lutte et ami des Héros Nationaux de l’Angola, le  Président AGOSTINHO NETO  et le Commandant  HOJI YA  HENDA  ( De CARVALHO), demande-t- il au Mouvement Populaire de Libération de l’Angola (MPLA) et au Président José Eduardo DOS SANTOS, de répondre positivement à l’appel du Président du Tchad, et sollicite respectueusement du Président Paul BIYA,  dans l’intérêt supérieur de la nation camerounaise, qu’il intervienne en faveur de l‘arrivée des troupes Angolaises dont toute l’Afrique connait  le sérieux et l’expérience. 

11) AVIS AUX HYPOCRITES

Nos réserves parfois, nos critiques souvent  et nos propositions toujours, publiées avec modération,  quant à la gestion de la guerre contre le terrorisme dans notre pays, ne traduisent pas un manque de solidarité avec « nos enfants qui se battent au front », bien au contraire, et ne sont pas la marque d’une défiance  systématique de « notre Président qui est en guerre » même si ce dernier, habitué à être flatté pouvait s’en offusquer.  Nous refusons tout simplement le régime  des applaudissements  et de la flagornerie aveugle. Parce que le patriotisme véritable est exigent, et ne saurait rompre avec la vigilance et prôner un unanimisme béat qui souscrit à la fausse omniscience des gouvernants.

Dès le début des attaques de la secte terroriste contre notre pays, au vu de son surarmement, nous avons attiré l’attention de tous sur l’absolue et prioritaire nécessité d’équiper et armer convenablement nos troupes, en mettant à profit l’engagement des puissances occidentales (des USA et de la France notamment) à soutenir la lutte contre le terrorisme. N’était-ce pas plus utiles à nos enfants qui sont au front, que les proclamations d’alignement derrière « notre  chef d’Etat qui est en guerre » ou que les vociférations de faux nationalistes de la jactance et de la démagogie accusant précisément ces puissances occidentales de chercher à déstabiliser le pays ?

Nous ne cachons pas nos critiques quant aux conditions dans lesquelles le Tchad intervient  dans notre pays. Mais, à notre sens, le devoir des patriotes est de chercher  avant tout comment le Cameroun peut le mieux s’en sortir, au lieu de se contenter d’affirmer leur alignement derrière le Chef de l’Etat ou  d’ouvrir le procès du Président Tchadien et de la France impérialiste en grands révolutionnaires ayant guerroyé contre l’impérialisme sous  tous les cieux...C’est pour cela que nous exhortons le Président Biya à appuyer l’appel du Président Tchadien à la formation d’un Front africain contre Boko Haram, et à faire franchement appel à l’Angola qui dispose de l’une des armées  les plus fortes du Continent et des  moyens de ses déploiements stratégiques. Cette  position n’est-elle pas plus utile à « nos enfants qui luttent au front »  que la proclamation de l’alignement derrière le Chef de l’Etat pour préserver ses petites affaires et ses petits marchés ?

Le patriotisme des motions de soutien est un faux patriotisme. Il est hautement nuisible à la Nation. On peut certes  déplorer le silence embarrassé  de l’opposition face au terrorisme, mais il est préférable, ce silence, à la fois au chœur des mensonges et des flagorneries de la marche au désastre d’un peuple transformé en peuple de zombis, et aux solutions stéréotypées et superficielles précipitamment recommandées pour camoufler des positionnements politiques dérisoires : Ni Charlie, ni Koulibali, mais respect rigoureux des croyances des autres et, non, trois fois non au terrorisme.

Vive le Kamerun.
Ngouo Woungly-Massaga, Cdt Kissamba et Commandant Gama( +237 678 87 71 26 )  Jean-Pierre Djemba, Christ  Afana, Bata Ba Bayemi , Tsala Jacques Désiré, Temenou Tlolo, Anama Raymond Jules, Thaleu….

(*) A la lumière des éclairages stratégiques ci-dessus, le Commandant Kissamba proposera :

 1.Une Transition  de Trois ans , 2.Un Président de la République de la transition anglophone, consistant,  pouvant se présenter après la transition en cas de bilan satisfaisant,3.Un Premier Ministre de moins de quarante ans, incontestablement compétent , 4.Un Vice-Premier Ministre chargé de la Justice , Garde des Sceaux, pouvant encadrer efficacement le travail de  réforme profonde et de réelle démocratisation  des institutions ; et 5. Un Ministre des Finances et de l’Indépendance Monétaire pouvant piloter la sortie du pays du franc cfa, seul ou avec d’autres pays africains. La Transition selon le Cdt Kissamba serait ouverte aux compétences de toutes les tendances de l’UPC et de toutes les forces de l’opposition et de la société civile du pays….

© Correspondance : Ngouo WOUNGLY –MASSAGA Cdt KISSAMBA

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